Et si c'était ma vie?

Chapitre 1

Mady avait l'impression que les murs lui parlaient, que les objets la guidaient dans ses mouvements. À l'intérieur, un livre en cours, de la série Les enfants de la terre de Jean Auel, attira son attention. Mady se souvenait l'avoir déjà lu. Machinalement, elle tendit la main pour faire défiler les pages sous ses doigts. Des passages lui revinrent en mémoire, ramenant avec eux ses états d'âme d'autrefois. Quand elle voulut remettre le roman à sa place, elle découvrit cette fois un boîtier noir.

Curieuse, elle délaissa le livre et posa l'écrin velouté sur l'oreiller recouvrant encore ses genoux. Son contenu lui donna un choc.

— C'est pour sa demande de fiançailles à Connie, je suppose, s'exclama-t-elle à haute voix, émue plus qu'elle n'aurait voulu.

— Non, tu fais erreur...

Mady releva vivement la tête. Guillaume se tenait dans l'encadrement de la porte, son front posé contre le montant. À voir sa position, il semblait être là depuis un certain temps. Mady se sentit comme une enfant prise en faute. Son cœur battit fortement dans sa poitrine devant l'expression particulière de Guillaume.

— Je suis navrée d'avoir fouillé dans ta vie privée... Je ne sais pas pourquoi j'ai fait ça... Je ne sais que dire...

— Je n'ai rien à te cacher... Jette un coup d'œil à l'intérieur de l'anneau, tu y verras une inscription... Cette bague était pour toi, Mady... Depuis vingt-et-un ans que je la garde... Il m'est arrivé souvent de t'imaginer la porter.

Mady resta là, assise sur le lit, l'oreiller sur ses genoux et la bague entre les doigts. Guillaume s'avança et s'installa près d'elle. Le geste imprima un mouvement au matelas et l'attira tout contre lui. Leurs cuisses se touchaient, leurs épaules aussi. Mady respirait avec parcimonie.

— Tu peux prendre cette bague, Mady... ça ne t'engage à rien... elle est à toi de toute façon.

Mady hésita. Elle n'était pas sûre de pouvoir accepter ce bijou sans donner en retour à Guillaume un gage d'espoir. Elle s'inquiétait aussi qu'au moindre mouvement elle rapprocherait davantage son corps de celui de Guillaume. Consciente que ses sens s'enivraient au-delà de sa volonté, elle craignait de ne pouvoir se contrôler et regretter les suites éventuelles de son égarement. Ce fut Guillaume qui prit les devants finalement et qui passa lui-même la bague à son doigt en plongeant son regard dans le sien. Mady ne se détourna pas.

— Crois-tu que nous puissions reconstruire quelque chose ensemble ? lui demanda-t-il avec une extrême douceur.

Se voulant le plus sincère possible, Mady lui fit part de ses doutes.

— Veux-tu tenter l'expérience au moins ?

— Et Connie ?

— Connie est ravissante et gentille, c'est vrai... Mais je n'ai jamais pu me résigner à m'engager plus avant avec elle, ni avec personne d'autre d'ailleurs. Je sais qu'elle n'attend qu'une demande de ma part, mais elle ne se fait pas trop d'illusions... elle me connaît...

Retournant nerveusement la bague dans son doigt, Mady ne put réprimer un mouvement de tristesse.

— La vie nous a joué un bien vilain tour...

— Oui, Mady... Mais elle nous offre aujourd'hui la possibilité de nous reprendre... De transformer nos épreuves en force... qu'en penses-tu ?

— Peut-être...

— Je te le redemande, Mady... veux-tu essayer ? Veux-tu encore de moi ? Si nous commencions par cette semaine à Montréal ? J'ai déjà pris mes dispositions pour qu'on se passe de moi au bureau.