Georgio

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C'est dingue d'être vivant, de pouvoir respirer, ressentir des choses, être vivant.

La vie pourrait nous quitter en un claquement de doigts, une fraction de seconde, on peut être et ne plus être, comme ça. Ces deux organes qui font de nous des êtres vivants conscients, le cœur, le cerveau, étroitement liés, s'éteindre comme ça. C'est étrange tout de même.

Le regard dans le vide, j'attends patiemment l'arrivée du car au camp d'entraînement, enfin de retour. Après ce périple de plusieurs mois, je sais que la vie ne peut tenir qu'à un fil, très fragile, très aléatoire.

Quand le car se gare enfin dans le parking, je suis mes camarades en file indienne, et une fois les deux pieds dehors, mes poumons se remplissent d'un air frais, différent de celui peuplé par la poudre noire et la poussière. Nous nous dirigeons tous vers des directions différentes, l'un dans les bras de sa femme, l'autre au cimetière des militaires.

Moi, je marche rapidement vers le métro le plus proche, voulant à tout prix quitter cette endroit qui me rappelle temps la guerre, l'odeur de la mort trône encore dans mes narines.

Mon sac sur les épaules, je m'engouffre dans les sous-terrains de la ville Lumière.

Les gens dans le métro m'ont tous l'air hideux, ils n'ont jamais vu la mort d'aussi près, ça se voit dans leurs regards, ils sourient et me regardent d'un air compatissant qui me donne la nausée, véritablement, au sens propre.

En sortant Porte des Lilas, je croise un jeune, le regard meurtri, la joue balafrée, nos regards se croisent et il me sourit et je sais que lui, lui a bien vu la mort de près. Elle lui a gentiment caressé la joue, en l'embrassant de ses lèvres empoisonnées.
Je secoue la tête, histoire de remettre mes idées sordides en place. Je continue à marcher jusque dans un café, la devanture est abîmée par le temps, il y a trois vieux qui discutent sur la terrasse. L'un d'eux m'observe attentivement avant que ses orbes ne s'agrandissent. Il se lève d'un seul coup et vient se jeter dans mes bras, l'homme m'attrape par la nuque avant de rapprocher nos visages et de me regarder droit dans les yeux.

"Fils, tu es revenu! Il murmure, des larmes de joies ruisselant le long de ses joues. Tu as l'air fatigué..."

Je ne réponds rien, mes yeux parlent à ma place et mon père comprend que je suis à bout. Il s'excuse auprès de ses amis de longue date avant de m'accompagner dans ma chambre.
Lorsque je mets un pied dans la pièce, une vague de tendresse m'envahie et je ressens soudainement l'envie de m'écrouler dans le lit et de pleurer toutes les larmes de mon corps. Je m'assieds sur le bord du lit alors que mon père quittait la chambre. Je relevai la tête et balaya la pièce du regard. Rien n'avait changé. Comme si les quatre dernières années n'avaient jamais eues lieu, comme si j'avais eu un moment d'absence, une simple pause. Mon regard s'arrêta sur une photo de mes amis d'enfance et moi. Un visage rayonnant et les yeux vivants, une certaine vivacité qui s'est transformée en un automatisme presque fantomatique.
Je ne serai plus jamais le même.

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⏰ Dernière mise à jour : Aug 01, 2018 ⏰

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