Chapitre 5 : Vivable

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  Vivre, courir, respirer. L'eau à mes pieds, la mer à l'horizon. Le vent poussant mes cheveux vers l'arrière de ma tête. Mes yeux brillent de mille feux, tandis que mes pieds s'enfonçant dans le sable mouillé.

- Haley ?

- Thomas ?

Je tourne sur moi-même, mais personne.

- Tu es là ?

- Je serai toujours là.

- Montre toi.

Plus aucun bruit. L'eau fraîche tape toujours sur mes pieds. Je décide d'avancer petit à petit. L'eau commence à monter jusqu'à ma taille. Les poissons se faufilent entre mes jambes. Je me sens enfin heureuse. Libre ! Je peux vivre ma vie.

- Haley !

- Thomas, où es-tu ?

Je continu d'avancer et plonge sous l'eau. Les vagues m'empêchent d'avancer aussi vite que je le voudrai, cependant je nage aussi vite que je le peux. Les vagues commencent à monter de plus en plus haut, me ramenant de force vers le large.

- Haley !

J'essaie encore et encore d'avancer, mais les vagues sont de plus en plus forte.

- Haley réveille toi !

*

Mes yeux s'ouvrent comme des soucoupes.

- Que se passe-t-il ?

- Haley, ton père à ouvert tes verrous.

Je me lève à toute vitesse. Range le miroir et dis à Thomas que je reviens dans une heure. Je me dépêche d'attraper mes vêtements et sors de ma chambre. J'entre dans la douche et laisse couler l'eau sur ma peau. Mon regard est dans les vagues, tandis que mes pensées s'éparpillent. Cette mer était si magnifique. Ce rêve me semblait si réel. Je pouvais enfin vivre, enfin respirer. Les frissons me parcourent le corps quand je repense à l'eau qui me glaçait la peau. Je me lave vite fait et m'habille. Après une petite heure, je retourne retrouver Thomas. C'est bien la première fois que je suis réveillé par la voix d'une personne et non des frappements à ma porte. Ce qui m'étonne le plus, c'est que d'habitude je me réveille directement lorsque j'entends ma porte. Toutefois, cette fois, je n'ai nullement entendu le bruit de cette porte.

Après avoir fini de me préparer, je retourne dans ma chambre. Je ressors le miroir et aperçois une énième fois ces magnifiques yeux bleus.

- Merci de m'avoir réveillée. C'est la première fois que je n'entends pas la porte.

Mon regard reste figé. Je réfléchis à tout ce que ma mère m'a avoué hier. Il y a tant de choses que je ne connais pas. Je ne connais pratiquement rien de moi. Je ne sais pas la vérité de ma peau au contact d'une autre personne.

- Haley ? Tout va bien ?

- Ma mère hier... M'a avoué quelque chose à notre sujet.

- À notre sujet ? Comment ça ?   

  - Je ne sais toujours pas pourquoi tu es dans ce miroir, mais je sais que tu y es depuis que je suis enfant. Lorsque je me suis mise pour la première fois devant un miroir, tu es apparu. Nous étions aussi petits l'un que l'autre. Dis-moi, est-ce que de ton côté du miroir, tu aurais un chrono qui tournerait sens inverse de la vie ?

Il regarde juste au-dessus de lui et m'affirme qu'il voit la même chose.

- J'ai toujours cru que j'étais le seul à le voir et qu'à la fin de ce chronomètre, j'allais enfin pouvoir sortir de cet endroit. Je pensai que j'allais pouvoir vivre normalement. Je ne connais très peu de la vie "normale", cependant, j'ai quelques images qui me montre et me prouve qu'il y a plus beau que ma vie actuelle.

Je m'aperçois à présent que nous vivons deux vies différentes, mais qu'aucune des deux ne méritez d'être vécu si la situation continue ainsi.

- Comment pourrais-je trouver quelqu'un pour te sortir de là sachant que je ne peux moi-même pas sortir de chez moi ? Ma mère essaie de tout faire pour que j'ai une vie assez vivable, mais elle ne peut rien faire contre mon père. Mon père est violent avec elle et je ne peux pas lui demander de prendre un risque aussi dangereux pour sa vie.

- Il faut qu'on fasse quelque chose. Je ne connais pas du tout la fin de ce chrono.

- Peut-être c'est ce qui te libérera.

- Ou ce qui coûterait ma vie...

Comment pourrais-je l'aider ? Je n'ai pas de solution. Je ne peux rien faire, je suis coincée ici. Il faut que ma mère m'aide à partir d'ici. Des bruits monstrueux se font entendre derrière ma porte. Les verrous se déverrouilles à un vitesse folle et mon père entre dans ma chambre.

- À qui parles-tu ?

Sa voix est complètement énervée, son visage complètement fermé. Il me fait peur. Ses yeux sont d'un noir, tel le diable en personne. Sa grandeur et ses cheveux totalement rasés, pourrai faire croire à un militaire. Je tremble de tous mes membres et ma respiration se fait très courte. Je suis assise sur mon lit et je repousse délicatement le miroir sous mes couettes.

- Je... Je ne parlais pas... J'étais simplement en train de m'entraîner à lire à voix haute.

Il me regarde toujours l'air fermer et il repart aussi vite qu'il est arrivé. Pourquoi me surveille-t-il ? Il n'a jamais fait ça. D'habitude, je pouvais pleurer, parler, hurler seule, jamais il ne serait venu pour savoir ce que je faisais. S'il croit que maman risquerait sa vie pour venir en plein jour sans qu'il ne dorme. Je comprends enfin ce que maman veut dire lorsqu'elle me parle de lui. Je n'en doute pas qu'il l'ait déjà battu. Il n'a aucun amour dans ses yeux. Je prends doucement le miroir et le regarde le visage rempli de tristesse.

- Haley !

- Chuuuut ! Il ne faut pas que tu parles fort. Mon père est venu...

Je sanglote par la peur que j'ai eue de lui. Cet homme n'est pas digne d'avoir une femme aussi aimante, c'est un monstre.

- Calme toi, je suis là.

- Je t'en supplie, ne m'abandonne jamais. Reste avec moi.

- C'est promis Haley, endors toi.

Je m'allonge sur mon lit et me mets en boule afin de dormir. Le calme à du mal à me venir, mais le réconfort de Thomas à mes côtés me soulage. C'est calmement que je m'assoupis.

*

- Bonjour Haley.

- Bonjour Thomas. Il faut que je me dépêche, mon père vient d'ouvrir. Je reviens au plus vite.   

  Je file me douche, prennent mon temps. L'eau coule sur mon visage et la buée s'installe. Depuis que Thomas est arrivé dans ma vie, je me sens plus vivante. Je sais que je serai mieux à l'extérieur de cette maison, mais je sais qu'il est présent à mes côtés et cela me convient parfaitement. Soudain, du fracas raisonne dans le couloir. Je sors à toute vitesse de la douche, m'habille en deux secondes et sors. Je n'entends plus rien, cependant, la porte de ma chambre est ouvert avec de la lumière. Le souffle court, le cœur battant la chamade, je cours dans ma chambre. Mes yeux se déposent sur le sol. Du verre. Mon père, ça ne peut être que lui. Les larmes et la rage m'envahissent. J'attrape les bouts de verre restant et essaye de m'y regarder mais sans succès. Les larmes coulent à n'en plus pouvoir. La porte de ma chambre claque derrière moi. Les verrous se mettent et la voix de mon père raisonne.

- Tu ne sortiras jamais d'ici !   





Une Douleur éphémère (EN PAUSE)Where stories live. Discover now