Une Douleur éphémère (EN PAUSE)

Chapitre 2 : Le monstre en lui

  Ma mère n'est pas revenue pendant une semaine me voir. Je pense qu'elle a eu très peur de moi la dernière fois. Mon intention n'était pas de lui faire peur. Loin de là. C'est ma mère et je l'aime plus que tout. Elle est la seule personne à m'aimer. J'aimerais tellement la revoir. Pourquoi ne vient-elle pas ? J'ai besoin d'elle ! On dit souvent qu'en un simple claquement de doigts, tout l'univers peut changer. Je me rends compte qu'ils avaient raison. Tout peu changer par nos actes. Aujourd'hui, je ne sais pas si je reverrai un jour ma mère. Peut-être qu'elle se dit avoir fait assez d'efforts avec moi et que je ne les mérite plus. Peut-être a-t-elle raison ? Mes dix-sept ans commencent mal à vrai dire.

J'ouvre un livre, tourne les pages unes à unes sans vraiment les regarder plus que ça. Je me sens vide. Vide de l'intérieur. Ma mère est la seule personne qui me fait vivre. Sans elle, je ne suis plus rien. Je me lève, pousse tout ce qui peut me gêner sur mon passage et me colle à la porte. J'ai envie de la taper, de la casser afin que cette porte disparaisse une bonne fois pour toute. J'ai envie de crier "maman" et de la serrer dans mes bras et de ne plus jamais m'en séparer. Soudain, deux petits frappements se font entendre à la porte et mon cœur se met à battre à cent à l'heure.

- Maman ?

J'éteins la lumière à vive allure et m'assois à côté de la porte.

- Tu peux venir, c'est bon, dis-je tout bas.

La porte s'ouvre tout doucement.

- Ma chérie ?

- Oui, je suis là.

Sa voix à l'air complètement paniquée. Je me demande pourquoi elle réagit comme ça.

- Maman, tu as peur de moi ?

Elle attend un court instant et me dit :

- Mais non ma chérie, pourquoi dis-tu ça ?

Elle essaie d'avoir une voix plus posée que tout à l'heure, mais je sais très bien qu'elle cache sa peur. De quoi a-t-elle peur à la fin ?

- Maman, pourquoi as-tu la voix qui tremble ?

Elle souffle un coup et se met à pleurer.

- Je suis désolé ma chérie. Ce n'est pas contre toi, mais contre ton père. Je crois qu'il a compris que je venais te voir en cachette et du coup il me surveille. Je suis morte de peur.

- Je ne veux pas qu'il t'arrive malheur maman. Il ne faut plus que tu viennes ici.

- Non, non ma chérie. Je ne peux te laisser ici, seule.

- Je l'ai toujours été maman...

Un silence s'installe entre nous. Un calme assourdissant. Un calme et silence glacial à n'en plus finir. 

  - Je suis désolé ma chérie.

- Maman ? Puis-je te demander une faveur ?

Elle hésite un instant à me répondre puis me dit :

- Demande toujours.

- Puis-je avoir un miroir ? J'aimerais me voir une fois au moins.

Silence. Je n'entends plus aucun bruit. Comme si elle était partie mais qu'elle aurait laissé la porte ouverte. Elle est toujours là. Sa respiration est de plus en plus forte. Je voudrais qu'elle cesse d'avoir peur.

- Je ne peux faire ça.

- Mais... Pourquoi ? Pourquoi ne pourrais-je pas me voir. Je ne sais même pas de quel couleur sont mes yeux. Je ne vois que la pointe de mes cheveux.

- Tu... Je... Nous avons déjà essayé. Tu ne pourras jamais te voir.

- Quoi ? Je... Je ne pourrai jamais me voir ? Mais comment ça ? C'est impossible. Mon livre dit qu'un miroir est fait pour refléter la personne. Pourquoi on ne peut pas me voir ?

Soudain, une lumière s'allume dans le couloir. Que cette passe-t-il ?

- Iris ? Que fais-tu ici ?

Cette voix, oui, cette voix. C'est celle de mon père. Il a l'air surpris mais aussi très énervé. Pour la toute première fois de ma vie, j'arrive à légèrement distinguer le visage de ma mère.

- Cache toi, me dit ma mère.

Je file en dessous de mon lit. Le seul endroit où je pourrai me cacher. Ma mère referme ma porte et le silence revient. Je pars en direction de la porte, plaque mon oreille afin d'écouter ce qui se passe derrière celle-ci. Que se passe-t-il ?

- Qu'as-tu fait !

Un bruit de claquement se fait entendre et ma mère hurle de toutes ses forces.

- MAMAN !!! Dis-je en criant sans la moindre solution pour arrêter tout ceci.

Mon père est entrain de la taper et je ne peux rien faire. Je l'entends la taper de toutes ses forces tandis qu'elle tombe au sol. Tout à coup, le silence revient. Des pas viennent en direction de ma chambre et les verrous s'ouvrent. La lumière de ma chambre s'allume et mon père apparaît. Sa rage me fait totalement peur.

- Laisse-la tranquille !

- Que lui as-tu fait ? Lui dis-je d'une voix tremblante.

- Tout ceci est de ta faute. Tu es maudit tel un monstre crée de toute pièce !

- C'est toi le monstre de cette maison ! Tu mérites de mourir et d'être enfermé à ma place !

Il fait un pas vers moi. Prise de rage, j'en fais un et il recule tout de suite. Il referme la porte et tout redeviens noir. Je me précipite vers la porte et hurle :

- MAMAN !!!

- Jamais tu ne reverras ta mère ! Jamais te dis-je !

- Tu mérites de brûler en enfer ! Tu es la pire des personnes ! Un sans-cœur !

*

Je suis dans mon lit, les yeux remplis de larmes tandis que des perles coulent le long de mon visage. La tristesse remplit cette pièce. Une pièce si sombre. Je mérite d'être enfermé. Mon père à sûrement raison.

- Maman, dis-je dans un murmure.

Cette magnifique femme ne mérite pas un tel calvaire. Elle mérite un homme meilleur ! Elle mérite une fille autre que ce montre que je suis.

Je suis un monstre...