Nhom : Souvenir

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Si je m'en souviens ? Oui. Bien sur. C'est un peu difficile d'oublier ce jour. Plus que difficile, compliqué, impossible. C'est quand même dingue quand j'y pense. Il n'avait aucune raison de me laisser en vie, et pourtant... Quel chieur j'ai été. Je me demande si parfois il se disait qu'il aurait mieux fait de m'achever avec les autres. Sincèrement, je crois que quand on est jeune, on ne se rend pas compte de la chance qu'on a. Quand j'étais gamin c'était mon idole. Ça l'a toujours été. Aujourd'hui encore. Mais pourtant, quand j'ai commencé à me sentir bien avec lui, en sécurité, j'ai commencé à devenir odieux, insupportable, prétentieux, frimeur, un vrai petit con. Heureusement qu'il était là. Heureusement qu'il était là ;ce jour là.

Je me souviens parfaitement. J'avais tout juste sept ans. Je suis incapable de dire ce qu'il c'est passé avant qu'il ne me trouve. Mais je me souviens parfaitement de chaque sensation, chaque douleur, chaque craquement de mes os au moment où il s'est approché de moi et m'a prit dans ses bras. Je n'avais jamais connu ça. C'était la première fois. J'avais l'impression d'être dans un rêve. Mais je n'avais jamais rêvé de ça. Non, j'avais l'impression d'être mort. Au paradis. Dans l'au delà. Ces termes que j'avais tant de fois entendu de la bouche des adultes. J'arrivais enfin à mettre une sensation, une émotion, un moment sur ces mots. Quand ils parlaient, ils disaient que la mort était salvatrice, libératrice. Du plus profond de mon cœur, à ce moment là, j'espérais que ça soit la mort qui vienne me chercher. A sept ans, penser à la mort. C'est risible au fond. Mais bon, je ne vais pas revenir la dessus. C'est lui le sujet.

Je me souviens avoir ouvert les yeux au moment même où il me tenait contre lui, j'avais mal, vraiment mal, mais blotti contre lui, paradoxalement, je me sentais en sécurité. Je revois son visage avec ses traits durs et maculé de sang. Il m'avait fait mettre la tête dans son torse et m'avait ordonné de me boucher les oreilles. J'avais obéis, avec ce regard vide que j'avais à l'époque. Et épuisé par mes blessures, mais en même temps serin, je m'étais endormi avec la certitude de ne jamais me réveiller.

Alors imaginez ma surprise, mon état, quand je me suis réveillé une semaine plus tard, dans une salle blanche, dans un lit douillet avec des câbles branchés à chaque centimètres carrés de ma peau. J'avais un masque sur le visage qui me faisait loucher et me troublait la vue. J'essaie de regarder autour de moi, de bouger, de me redresser et c'est là que je l'ai entendu. Sa voix. La voix de celui qui m'avait sauvé et qui allait me donner un nouvelle vie.

J'ai mis presque un mois avant de parler, lui adresser le moindre mot. Je n'avais pas peur, j'avais envie de lui parler. Mais il me fascinait tellement, j'avais... Oui j'avais peur. Mais je n'avais pas peur de lui. J'avais peur de dire quelque chose de travers et qu'il me renvoi de la où je venais. Il ne l'a jamais fait. Même plus tard, quand je suis arrivé à l'âge rebelle comme on dit. Même quand j'ai commencé à lui répondre. Même quand j'ai commencé à lui désobéir. Il ne m'a jamais renié. Il a toujours prit soin de moi.M'a toujours épaulé. M'a toujours accordé sa confiance. Et c'est seulement aujourd'hui que je m'en aperçois. J'aurais voulu le voir plus tôt. Mais je crois bien que j'étais aveuglé. Complètement aveuglé par l'ardeur et l'envie de rébellion de la jeunesse.

Quand je me suis aperçu, non quand j'ai commencé à me comporter, ou plutôt à me comporter de nouveau comme le gosse admiratif et respectueux que j'étais, je ne le savais pas encore mais c'était déjà trop tard. Pourtant, malgré tout, tu m'as toujours aimé et inculqué de bonnes valeurs. Tu as su avoir la patience, l'envie, la persévérance pour faire de moi ce que je suis aujourd'hui. Je te respecte énormément. Toi et tes idéaux.

Je ne te remercierais jamais assez pour tout ce que tu m'as appris. J'aimerais te voir, une dernière fois, te serrer dans mes bras, et te dire ce que je n'ai jamais ni osé ni réussit à te dire. Je me sens stupide, je m'en veux, j'aurais tellement aimé te le dire de vive voix, voir ta tête de vieux schnock, ton expression choquée, perturbée qui est si rare. J'aimerais voir tout ça. Entendre ta voix, te savoir près de moi. Je voudrais que tu sois là. Encore, et pour toujours. Oui à ce moment là, je voudrais que tu sois là. Je voudrais que tu sois là pour pouvoir entendre ces mots que je n'ai jamais osé te dire : Je t'aime papa.

WritoberWhere stories live. Discover now