Sombre

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J'ouvre un œil mais ne vois rien. Je ne sais ni qui je suis ni là où je me trouve. la seule chose qu'il me reste de mes derniers instants avant mon malaise est ce cris de femme, apeuré. Une petite boule se forme dans le creux de mon ventre, je suis perdue. Sous moi, le sol est dur et froid, je pense reconnaitre des dalles de pierre, me laissant deviner que je me trouve dehors, surement dans une rue. L'air est frais et cette odeur iodée propre à la mer commence à me piquer les narines. Avec une prudence exagérée, j'ouvre mon second œil. Ma vue est très mauvaise ce qui est normal après les (surement) quelques jours que je viens de passer dans l'inconscience. Peu à peu, ma vision s'ajuste enfin. Je ne vois que le reste de mon corps, étendu nu au milieu de ce que je commence à distinguer comme une route aux pavés plus pâles que ma peau.  Trop pressée, je tente un mouvement. En vain. Je suis comme paralysée, condamnée à observer mes alentours durant quelques minutes encore. Contrainte à patienter, je laisse ma vision s'étendre et la rue se transforme en ruelle. De hautes habitations entourent mon corps meurtri. Quoique... jamais je n'avais vu d'immeubles ornés avec tant de finesse. A mieux y regarder, il me semble être face à une œuvre d'art dont l'architecte à pris le  temps de s'attarder sur chaque détail, chaque recoin, comme s'il était la partie la plus importante de l'édifice. jugeant m'être assez attardée sur ce point, je tourne mon regard sur ma droite et fait face, à quelques mètres au dessus de moi, à un enchevêtrement d'arabesques aux formes enivrantes se terminant par une grosse masse noir, jurant avec la légèreté aérienne précédée. L'œuvre est étonnante et c'est surement pour cette raison que je met quelques secondes à comprendre que je suis face à un simple lampadaire , toujours éteins malgré le peu de luminosité ambiante. Avec difficulté, je détourne mon regard de cet étonnant mélange de douceur et de mort pour élargir ma vision à l'horizon cette fois. La mer est là, tout près plus calme que jamais. J'aimerais m'y rendre, y tremper les pieds mais mon corps refuse toujours e répondre. Ça n'est pas le moment. Pas encore. Je remarque alors que juste là, entre moi et la mer, quelques badaud se baladent dans la pénombre du soir. Réunissant toute mon énergie, je les appelle:

- Au secours!

Personne ne répond. En fait, personne ne bouge. Le monde entier semble, comme moi, immobilisé. La panique s'empare de moi. Et mon corps qui refuse toujours de répondre. je sent mon cœur tambouriner à mile à l'heure au fond de ma poitrine. Soudain, comme par un tour de magie, le sol s'ouvre sous mon corps et je chute...

Je me redresse violemment pour faire face au regard amusé  de ma professeur de français. Les regards de mes camarades de classe sont fixés sur moi, et au tableau, la photo des quais de Venise finit tout juste de s'opacifier.


sombreWhere stories live. Discover now