Amant Secret (en cours)

Chapitre 1

        Clémence Delamare fixait la mer tous les matins. Assise sur la chaise bancale du haut de son balcon, elle se demanda alors ce qu'aurait été sa vie si elle n'avait eu à épouser William Delamare il y a de cela dix ans. William est un marin reconnu au Vieux-Port. La famille Delamare est célèbre pour naviguer les mers depuis des générations. C'est elle qui alimente le Port depuis plus de deux-cents ans. Épouser un Delamare serait considérer comme un honneur pour beaucoup de jeunes filles du Port. Mais pour Clémence, ce mariage était la définition même du cauchemar amoureux. 

        Clémence décida de descendre pour finir son travail de femme au foyer. Elle lava, repassa, rangea, débarrassa et cuisina chaque jour pour sa famille. Tous les matins, Clémence leva les enfants à sept heure pour les conduire à l'école à huit heure. Mais ce matin là, en rentrant du chemin de l'école, Clémence fut surprise d'apercevoir un camion devant la maison voisine. Elle se pencha et regarda de plus près.

- Bonjour ! Je peux vous aider ? dit un homme derrière elle.
- Oh, bonjour ! Euhh, je ne faisais que regarder ce qu'il se passait. Vous emménagez ?
- Oui. A vrai-dire je suis nouveau ici. Je viens du Sud et je ne connais personne au Vieux-Port.
-Oh un étranger ? Je pourrai peut-être vous faire visiter si vous voulez.
- Eh bien, c'est avec honneur que j'accepte votre invitation madame...
- Vous pouvez m'appeler Clémence.
- Clémence ? Vous avez un nom charmant.
- Merci.
- Disons demain treize heure ?
- Bien. Je passerai vous prendre.

        A ce moment-ci, Clémence ressentit une sensation étrange. La sensation d'avoir enfin une personne qui la ferait sortir de son quotidien. Elle rentra alors chez elle avec un sourire au coin des lèvres et se remit au travail. Elle commença par le linge, imbibé d'une odeur plus qu'écœurante et comprit alors que son mari, l'homme qui lui avait promis de ne jamais retomber dans l'alcool il y a déjà huit ans de cela, était redevenu l'ivrogne du Vieux-Port. C'est alors que les larmes de Clémence coulèrent le long de son visage sans défaut et vinrent s'éclater dans le linge puant de l'homme qu'elle eut aimé à une époque lointaine.

                                  ***

        Il est dix-neuf heure ce soir. Clémence a une nouvelle fois réussi à respecter son planning quotidien. Ne sachant pas où se trouvait son mari, elle décida de faire manger les enfants. D'un coup, un bruit de mit à surgire.

- Clémence ! T'as préparé la bouffe ma poupée ? Papa a faim.
- William ? Où étais-tu ? Cela fait plus de deux heures que nous t'attendons.
- Tais-toi ! Tu crois pouvoir me dicter l'heure à laquelle je dois rentrer ? Tu t'es pris pour qui petite pute ? Sers-moi mon assiette et monte dans la chambre. Je vais pas tarder.
- William, tu sais bien que je n'aime pas quand tu me parles comme ça devant les enfants.
        En un instant, William se retourna et gifla sa femme d'une violence extrême. Clémence était submergée de honte. Elle n'osait regarder ses enfants dans les yeux après s'être faite  insulter de cette manière par son mari. Elle exécuta alors les ordres de celui-ci en espérant ne pas gâter la situation. Clémence monta dans la chambre et s'effondra devant le miroir. Sa peau d'origine si blanche se mit à se colorer d'un rouge écarlate. Elle avait honte. Honte de se faire battre par son mari et honte de ne pas l'avoir quitter depuis longtemps. Soudain, en tournant la tête, elle vit une photo de ses deux enfants accrochée sur le mur, heureux, avec leur père, non alcoolique à l'époque. Clémence se remémora alors ses souvenirs d'antan et se rappela qu'elle devait respecter ses vœux de mariage par respect pour ses croyances religieuses ainsi que pour les valeurs auxquelles elle croyait, en particulier les valeurs familiales. Elle s'allongea alors sur le lit branlant soutenu par une simple corde et attendit son mari afin d'assumer son devoir conjugal malgré son refus intérieur.