Autopsie d'un cœur

La Morgue

La lumière s'est éteinte et ses paupières se ferment.
L'Homme en blouse blanche incisait et écartait la chair sans le moindre heurt.
Quand soudain le plus important de tous apparut : le cœur.
Il l'observa, puis sentit couler une seule et unique larme.

Il ne s'y habituera donc jamais,
Cette femme, si jeune, avait déjà le cœur couvert de fissures,
Ce n'était là que la marque indélébile  de ses blessures.
Il va rendre le monde meilleur, il lui promet...

Sur le ventricule gauche, se trouvait la plus abyssale de toutes,
Celle qui reflétait le manque le plus ancien et le plus profond,
Sa couleur, noir d'encre, incitait à la réflexion.
Son esprit s'était tout sa vie construit autour de cette clé de voûte.

Par endroit le long de certaines fissures, on pouvait voir des traces de sutures,
Quelques-unes avaient cicatrisé de manière plus ou moins acceptable,
L'amour était une méthode de guérison imparable.
Mais quand il se brisait, cela rouvrait ses immenses blessures.

La jeune femme n'avait pas encore trouvé son âme sœur,
Celui ou celle qui aurait été son remède et l'aurait sauvé.
Ses amis avaient bien essayé  de combler le vide et de l'aider.
Mais malgré tout, elle s'en était allée sans que la douleur ne meure.

L'homme en blouse prit une aiguille et referma le cœur,
Deux jeunes gens entrèrent précipitamment dans la salle,
Une jolie blonde et un grand brun qui sembla avoir soudain très mal.
Leurs regards avaient perdu l'éclat de jeunesse : cette vive lueur.

Le garçon éclata en sanglot quand il vit le corps sans vie,
Les larmes dévalaient ses joues comme des torrents,
Dans sa poitrine, se creusait, de minutes en minutes, un trou béant.
Il venait de perdre celle qui l'avait toujours aimé, sa meilleure amie.

La jeune fille était assaillie par une incommensurable douleur,
Elles avaient toujours été liées par une indéfectible amitié,
La fille aux cheveux d'or le voyait si dévasté.
Il s'était enfin rendu compte de son incorrigible erreur.

26 et 27 octobre 2017