Cendres

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7h02

Il y a bientôt une heure que je m'étais réveillée par une nouvelle journée chaude et sans nuage. Nous étions le 24 août et, autrement dit, le jour de mon anniversaire, enfin de notre anniversaire. Ma mère m'emmena faire le marché avec elle afin que je puisse choisir les aliments qui seraient cuisinés pour mon repas d'anniversaire. Elle me suggéra de prendre tout ce qu'il me plairait. Être fille de magistrat avait parfois quelques avantages, surtout quand il s'agissait d'argent ! Ma mère me répéta tout au long du trajet qu'il était important pour une « future » maîtresse de maison, de savoir choisir avec soin les denrées qui seraient servies à sa famille !

Le soleil venait à peine de se lever que déjà les pierres qui recouvraient les rues étaient brûlantes. L'atmosphère en devenait presque suffocante. Je sentis, flottant dans l'air, une odeur nauséabonde. Sûrement un de ces poissonniers qui vendaient du poisson pas frais. Puis l'odeur se dissipa au fur et à mesure que je m'enfonçais dans les ruelles bondées. J'avais l'impression d'être tombée dans une fourmilière. Mes narines furent assaillies par une douce odeur d'épices venues d'Orient mélangée à une senteur d'agrumes. Un marchand présentait de magnifiques étoffes à une dame enrobée. Deux hommes d'âge mûr négociaient le prix du curry. Ma mère me tira de ma rêverie en m'attrapant par le bras et m'entraîna, à travers les stands. Je me retrouvai alors devant l'étalage de fruits. Leur provenance était multiple, Grèce , Égypte, Asie. Tant de pays que je voulais parcourir et visiter. Je sentis alors une légère secousse, la terre se mit à trembler, déséquilibrant le stand et faisant tomber des fruits qui roulèrent à mes pieds. Je regardai ma mère d'un air interrogateur, mais il semblait qu'elle n'ait rien remarqué. Je soupirai, mon imagination me jouait encore des tours. Puis ma mère décida qu'il était temps de rentrer à la villa.

***

9h38

Je descendis à la cuisine pour donner les aliments à Lucius, le cuisinier. En me voyant arriver, il me sourit d'un air bienveillant. C'était un homme d'une quarantaine d'années, la peau mate ; ses cheveux autrefois noirs étaient devenus argentés au fil du temps. Je déposai les courses sur la table de la cuisine et me retournai vers lui :

«-Je vous souhaite un joyeux anniversaire mademoiselle. Comme vous avez grandi ! J'ai l'impression qu'hier encore vous et votre sur Sylvia, veniez prendre discrètement une part de gâteau alors que votre mère vous l'interdisait, rit-il doucement, et vous voilà, une belle jeune femme, prête à vous marier ! »

Je l'ai remercié, et je suis repartie. J'avais quelque peu oublié, qu'aujourd'hui je me fiançais avec Maxime. Lui aussi était fils de magistrat. Je remontai dans ma chambre pour me préparer, lorsque mon petit frère me bouscula :

«-Excuse-moi Julia, je ne t' avais pas vue, dit il avec sincérité. Je te souhaite un joyeux anniversaire, reprit-il d'un ton grave. »

Puis il passa son chemin. Lorsqu'il prenait cet air sérieux, on trouvait sur son visage, cette ressemblance frappante qu'il avait avec notre frère aîné Jules, qui était parti depuis cinq an à Athènes pour ses études. J'aurais aimé qu'il soit là aujourd'hui. Sa présence m'aurait fait plaisir. Je rentrai donc dans ma chambre, découvrant Althéa qui m'attendait pour m'aider à me préparer. Je la saluai d'un signe de tête et me mis derrière le paravent. Elle commença à m'habiller de la superbe robe blanche que mon père avait fait faire sur mesure pour moi. Ma mère entra et congédia Althéa :

«-Laissez Althéa, je m'occupe d'elle à présent »

***

10h20

Elle se plaça derrière moi et commença à serrer l'ouverture de ma robe. Elle sourit puis me demanda :

« -Vous êtes nerveuse peut être ?

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⏰ Dernière mise à jour : Jul 28, 2019 ⏰

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