Je passais deux longues semaines à dresser une carte des environs à l'échelle approximative, construire un abri assez confortable et trouver des vivres. J'avais repéré une rivière à quelques mètres de mon abri, et des buissons fruitiers au pied de certains arbres. J'hésitais à goûter ces fruits aux couleurs étranges, craignant l'empoisonnement, mais il me faudrait bien les goûter un jour car mes vivres s'épuisaient. J'avais pu me faire quelques outils rudimentaires dans des écorces d'arbres et j'avais trouvé des pierres à feu dans une ruine d'une maison pas trop enfouie à trois jours de marche de mon abri. La ruine étant dangereuse et pas très stable, je n'y étais pas restée très longtemps pour éviter de me retrouver écrasée, d'autant plus que Louhau avait refusé d'y entrer, jugeant probablement l'endroit trop risqué.
La troisième semaine touchait à sa fin lorsque, au détour d'une promenade, j'entendis des bruits. Le temps que je réagisse, une dizaines d'hommes m'entouraient, comme si j'étais tombée dans une embuscade. Je ne compris pas tout de suite, comment des êtres humains pouvaient-ils me vouloir du mal ? Pourtant ils se jetèrent sur moi et m'immobilisèrent. Je poussais un cri de douleur face à leur brutalité, mais ils se fichaient bien de ce que je ressentais.
- Aïe, mais que voulez-vous..?, demandai-je en tentant de gagner du temps pour réfléchir.
Ils m'ignorèrent totalement alors que je tentais de me débattre. Je pestais contre moi-même et contre Louhau qui se baladait de son côté, si je l'appelais maintenant, j'aurais peut-être une chance qu'il arrive avant que ces hommes me détroussent totalement. Ils étaient en train de me fouiller ou de me peloter mais dans les deux cas c'était inacceptable.
- Lâchez-moi bande de pervers !, m'exclamai-je en me débattant de plus belle.
L'un d'eux, qui était resté en arrière me plaqua un couteau sur la gorge en m'intimant d'arrêter de gigoter sinon il me trancherait mon "petit cou de cygne" pour reprendre ses mots. Heureusement, j'avais la plupart de mes affaires au camp et ils ne trouvèrent donc rien d'intéressant sur moi.
- Chef, on a rien !, s'exclama l'un d'eux à l'attention de celui qui m'avait menacée.
Celui-ci me regarda avec un sourire lubrique et déclara.
- C'est pas grave, vous pouvez vous amuser avec.
J'eus à peine le temps de réaliser ce qu'il insinuait que déjà les hommes cherchaient à me déshabiller. J'eus beau me débattre, j'étais seule contre dix. Des larmes roulèrent sur mon visage. Comment se pouvait-il que je tombe sur des monstres pareils ? Pourquoi fallait-il que ma première rencontre avec d'autres survivants se passe ainsi..? J'eus beau crier, pleurer, supplier, rien n'y fit, ils continuèrent de déchirer mes vêtements. Alors que je perdais tout espoir, un son familier se fit entendre. Le grognement de Louhau fut signe de délivrance. Mon chien se jeta à la gorge de l'un des mecs et le tua d'un claquement de mâchoire. Les hommes me fichèrent la paix, trop occupés à tenter de fuir ou d'abattre mon précieux Louhau. Mais celui-ci ne se laissa pas faire. Il attaqua sans cesse, preste, vif, puissant. Il tua deux autres hommes et blessa gravement quatre autres. Les trois derniers prirent la fuite, tandis que Louhau venait se blottir contre moi. Je laissais mes larmes couler, encore traumatisée par ce qui avait failli m'arriver. Mon chien était miraculeusement indemne et moi j'étais sauvée. Je tremblais un long moment, assise au milieu des cadavres et du sang, serrant Louhau contre moi.
Dès maintenant, je ne me laisserais plus surprendre. Je pris des habits sur des cadavres, remplaçant mes vêtements déchirés par des vêtements en meilleur état. Ainsi, j'étais habillée avec un jean large, des rangers, un large t-shirt d'homme et une veste chaude. Je récupérais ce que je pus sur les cadavres. Je trouvais un briquet, un couteau et une bouteille d'eau. Il y avait aussi un flingue déchargé mais je ne pus me résoudre à la prendre. Il avait failli tuer Louhau. De toute façon, il ne m'aurait pas été utile, je ne savais pas tirer et même en considérant que je trouverais des munitions, ce qui n'était clairement pas gagné, elles seraient trop rares pour que je puisse me permettre de m'entraîner. Je décidais donc de rentrer à mon abri, notant bien cet endroit sur ma carte pour éviter d'y retourner. Louhau resta près de moi, avec une attitude protectrice et je lui en fus très reconnaissante. Je ne dormis pas cette nuit-là.
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Deus Naturae - Tome 1 : Maxinne
Science FictionOn nous a toujours dit que la Nature reprendrait ses droits. Mais serions-nous prêts si ça arrivait du jour au lendemain ? Une plante mystérieuse a détruit la société humaine, tuant 95% de la population mondiale. Lorsque les survivants découvrent un...