chapitre 10

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Je reste encore quelques minutes dans cette position puis je me relève doucement.

- Merci, je vais aller me coucher.

- Ouai, moi aussi. répond-il

Nous nous levons et montons les escaliers avant de regagner chacun nos chambres respectives.
Je ferme la porte puis me glisse sous la couette et éteins la lumière avant de m'endormir enfin.

***

Je trouve Lilian derrière la porte entrouverte, il me fait signe de le suivre.
Je lui indique que j'arrive, étonnée.
J'enfile une paire de baskets et un sweat en vitesse puis le suis jusqu'à l'entrée.
Je lui demande où on va mais il ne répond pas et continue à avancer.
L'herbe du jardin est humide, l'air est frais et le parbrise de la voiture est givré. Nous nous dirigeons vers le côté de la maison et nous avançons de plus en plus d'une moto. Je lui lance un regard inquisiteur, qu'il évite avec soin. Mon cœur bat plus vite à mesure que la distance entre moi et la moto rétressit. Depuis l'accident de moto de mes parents, celui durant lequel ils ont perdu la vie, je ne peux plus m'approcher à moins de 100 mètres d'un de ces angins, ça pourrait déclencher une crise d'angoisse, même en photo j'ai du mal.
Lilian s'asseoie sur le siège et me tend la main, une main que je n'ai absolument pas envie de saisir, ce qu'il fait donc à ma place.
Il m'attire derrière lui et m'oblige donc à m'asseoir.
Il allume le moteur, ce qui fait rater un battement à mon cœur.
Nous avançons doucement jusqu'à la rue puis dès que nous sommes sortie, Lilian accélère, je suis trop tétanisée pour protester.
Je sers la taille de Lilian le plus fort possible et sers mes paupières.
J'entends le moteur vrombir dans mes oreilles, je le supplie de ralentir mais il m'ignore.
Nous dévions dans une petite ruelle sombre.
Je pensais qu'il allait ralentir mais, au contraire, il accélère, il fait de plus en plus de zigzags.
J'ai l'impression que cette ruelle n'a pas de fin, on dirait un labyrinthe dans le quel je suis enfermée pour l'éternité.
J'ai l'impression d'être tellement paniquée que mon cœur peut cesser de battre à tout moment.
J'ai l'impression que ma vie ne tient qu'à un fil, un fil tenu par Lilian.
J'ai l'impression qu'elle peut basculer à tout moment.
Je le supplie une ultime fois de ralentir, je lui dis que j'ai peur, qu'il me fait peur, mais il m'ignore, comme si je n'existait pas.
Soudain, nous roulons sur une plaque de givre, la moto dérape et...
BOUM
Noir complet.
Je crois que je suis morte quand...

***

Je me redresse violemment en poussant un cri, je suis dans mon lit, et il fait encore nuit.
Alors, c'était un cauchemar ? C'est impossible, ça semblait si réel. Je suis haletante, j'ai le front trempé et les larmes aux yeux.
Lilian, sans doute réveillé par mon hurlement, passe la tête dans l'entrebaillement de la porte, provoquant un rai de lumière, éclairant mon visage en m'éblouissant.
Dès qu'il s'aperçoit de mon état, il entre et s'asseoie sur mon lit.

- Tu vas bien ? Je t'ai entendu crier.

- Oui, j'ai juste fait un cauchemar. répondis-je, encore sous le choc.

- Tu veux me le raconter ? ça peut peut-être te soulager ? propose-t- il.

- Merci, mais, je préfère ne plus y penser...

- Je comprends. répond-il en souriant.

- Je vais aller me rafraîchir. indiquais-je

- Tu veux que je t'accompagne ?

- Merci mais je pense être capable d'aller jusqu'à la salle de bain toute seule. rigolais-je avant d'aller jusqu'à la salle de bain à cloche pieds.

J'ouvre le robinet et laisse couler l'eau un moment avant d'en prendre au creux de mes paumes et de la verser sur mon visage.
Je réitère l'opération quelques fois puis éteins l'eau et m'essuie avec une serviette.
Je m'observe dans le miroir, et attend que ma respiration s'apaise puis rentre dans ma chambre.
Je trouve Lilian, allongé sur mon lit, endormi. Pour ne pas le réveiller, je le recouvre simplement d'une couverture puis me réglisse sous la couette.

Histoire Interrompue, Ne Cliquez Pas🚫Où les histoires vivent. Découvrez maintenant