Chapitre 1 - Le Nid

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      Tout allait pour le mieux à la surface, dans les territoires inklings. Un soleil éclatant luisait au-dessus de la capitale. Un festival venait de passer, et le peuple comme toujours avait été en liesse. Il paraissait que le thème de cette fois-ci était « petit déjeuner froid ? ou petit déjeuner chaud ? ». Quelle idée ! Enfin, c’était ce que venait de lire Firefly dans le journal de Chromapolis. « Mais pourquoi donc s’adonner à de pareilles futilités ? je commence à comprendre pourquoi les Inklings ont failli perdre la grande guerre… » se dit-elle en remettant ses tentacules, ses « cheveux » émeraudes en tresses.
    Elle passa ainsi un moment dans la réflexion, les yeux rivés sur ses mains qui travaillaient machinalement.. La température était douce et permettait à de nombreux inklings de se promener dans les rues et le marché avoisinant le square.
       Elle était de permission aujourd’hui, et elle avait décidé d’aller en ville. Non pas pour s’amuser, mais pour s’informer. Elle avait vite compris que le savoir c’était le pouvoir, et désirait mettre son jour de repos à profit pour en apprendre d’avantage sur ce qu’il se passait à la capitale. La mode, les affaires.. cela l’ennuyait tellement. Mais elle devait passer par tous les domaines si elle voulait au mieux maîtriser son environnement. Mine de rien, elle était bien contente de retourner dans un endroit où il y avait du brouhaha inutile, du bruit ambiant. De la vie qui ne se soucie de rien. Ca la changeait assez de son quotidien, et pour une fois, briser la monotonie n’était pas pour lui déplaire. Enfin, contente, c’était un bien grand mot. Elle éprouvait un léger changement et un petit gain de légèreté. Elle passa encore bien une heure à lire des articles parmi les plus récents. Certains l’intéressaient plus que d’autres. Surtout ceux concernant les nouvelles découvertes, et en particulier dans le domaine de la technologie. Firefly était de celles et ceux qui avaient des passions et des passe-temps et dans lesquels ils n'hésitaient pas à s’investir. Jambes croisées, l’inkling lisait Le Squid, un journal de vulgarisation scientifique. Cette semaine, l’article à l’honneur concernait des découvertes de nouveaux alliages métalliques, qui pouvaient potentiellement présenter des avantages en architecture. Dit comme ça c’était assez barbare. Mais derrière il fallait voir toutes les nouvelles possibilités –si tant est qu’il y en ait- qu’offrait cette découverte. Enfin, c’est ce que se disait Firefly. Jamais elle n’aurait mis en cause ou en doute sa vie actuelle, mais parfois elle se disait que si elle devait changer de vie, elle aimerait devenir scientifique. Mais ce n’était pas le cas, et elle aimait sa vie.
Estimant avoir passé suffisamment de temps à lire, elle se leva et décida de se promener dans le marché non loin, histoire de voir de manière grossière la situation financière de quelques marchands. Elle se rendit vite compte que rien n’avait changé de ce côté-là. Comme souvent d’ailleurs. Mais l’important n’est pas toujours de remarquer ce qui change, parfois il faut faire attention à ce qui reste comme tel. Ce qui était sûr c’est que voir ces inklings souriants pour la plupart lui réchauffait le cœur d’une certaine manière. Personne ici ne la connaissait, et cela n’était pas plus mal. Elle s’arrêta au passage d’un marchand d’algue pour lui prendre quelques pousses du coin. Crues c’était frugal, mais d’un goût bien relevé et pas mauvais en soi.

Enfin, elle partit contacter des personnes plutôt informées, comme Kipik. Elle ne faisait pas confiance à cet oursin, mais quelque chose lui disait que son savoir était précieux, et il pouvait apporter beaucoup à l’inkling en échange de quelques pièces. Mais l’argent n’était pas un problème, elle en avait.
Elle entra dans la taverne La pique et la broche. Elle était la préférée de l’oursin. Allez savoir… lorsque le patron la reconnu il fit un signe de tête en direction de l’arrière-boutique puis retourna à ses occupations. Firefly traversa la salle sans se préoccuper des odeurs mélangées de plats fumants et de clients fumeux, donnant envie de manger et saliver pour l’une, et plisser le nez de dégoût pour l’autre. Elle passa la porte de bois massif et trouva Kipik assis à une table rectangulaire. Lorsqu’il aperçut Firefly, il ne fit pas mine de broncher. La jeune femme s’assit en face de son interlocuteur, et voyant que celui-ci feignait l’ignorance, elle posa sur la table une petite bourse contenant l’équivalent de mille pièces. L’oursin esquissa alors un sourire et dénia lever la tête, puis fermer son ordinateur. Alors qu’il avançait la main vers le bourse, Firefly y posa la sienne avant lui.
-Parle avant, lança-t-elle en le regardant dans les yeux, un sourire en coin.
Kipik en fut amusé, ce à quoi il répondit :
-Eh bien, tu n’as pas changé depuis la dernière fois !
-Toi non plus.
S’ensuivit alors un silence de quelques secondes. Kipik regardait en coin la bourse, et fut le premier à parler, reprenant son air naturel de marchand.
-Bien ! je ne vais pas pouvoir t’apprendre beaucoup de choses intéressantes aujourd’hui. Simplement à propos du festival. Le camp « petit déjeuner chaud » a gagné, et les habitants réfléchissent sur un nouveau thème dont je ne saisis pas encore bien les subtilités.
-C’est tout ? le questionna l’inkling.
Comme seule réponse l’oursin commençait à rouvrir son ordinateur. Firefly reprit :
-Combien ?
-Soixante mille d’argent.
-Dois-je te rappeler que tu permets un trafic illégal de coquillages diamants, qui te vaudrait une lourde peine si découvert ? relança-t-elle bien adossée à sa chaise, le regard ailleurs.
-Trente mille.

Aucun des deux locuteurs ne bougea.

Elle savait que l’oursin ne faisait pas des choses très légales, mais elle savait aussi qu’il était bon marchand. Et il avait appris à être honnête avec Firefly, avec l’expérience. S’il maintenait l’information à trente mille pièces d’argent, c’est que l’information les valait. Elle posa alors une bourse plus fournie que la précédente. L’oursin voulut la prendre mais fut dissuadé par le regard de Firefly qui lui laissait comprendre qu’elle attendait l’information avant.
-On raconte qu’il y a du mouvement dans le monde souterrain, enchaina Kipik, plus grave.
-La source est-elle sûre ?
-Il s’agit là de rumeurs des bas fond. Et de quelques sources assez sûres, on peut dire.
-Quoi de plus ?
-Rien de certain. Il paraitrait qu’il y a du trafic quoi qu’il en soit.
Firefly savait que l’échange était terminé. Sans attendre davantage, elle se leva.
-Je te remercie. Je referai appel à tes services. Et rappelle-toi : pas un mot. Sinon…

Firefly quitta la taverne, laissant le marchand avec son argent. Les habitants l’exaspérèrent. Certains parlaient donc déjà à propos d’un nouveau festival ! le dernier venait à peine de se terminer. « n’ont-ils donc rien à faire à part festoyer ? » se demandait elle, le regard posé vaguement sur des passants du square. En revanche, l’autre nouvelle était plus inquiétante. Un trafic, peut-être d’armes. Du « mouvement » dans le monde souterrain, celui des Octariens… au premier abord quelqu’un aurait pensé à une nouvelle tentative de guerre « banale », jusqu’à présent arrêtées par les agents 1,2,3 et 4. Mais cela lui semblait trop simple cette fois, elle ne savait pas dire. Quoi qu’il en était, elle devait être de retour au Nid avant vêpres, c'est à dire vers 19h en cette saison. Le soleil indiquait que les dix-sept heures étaient passées, malgré la grande luminosité. Elle décida donc de se mettre en route. Le chemin pour parvenir au Nid était totalement secret. Connu de seuls quelques privilégiés. En fait, l’existence même du Nid était gardée secrète. Pour beaucoup il ne s’agissait que d’une légende urbaine dans laquelle le Nid serait un endroit mystérieux conférant des pouvoirs étranges et surnaturels à quiconque y parvient…vivant.

Firefly habitait au Nid. C’était son seul et unique foyer.

La Bataille du Monde SouterrainOù les histoires vivent. Découvrez maintenant