4 - John Watson

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Ses lèvres avaient un goût encore meilleur que dans mes souvenirs. Bien sûr, mes sentiments avaient grandi, depuis. Parfois, je me demandais comment c'était physiquement possible, d'aimer autant. Je n'ai jamais eu de réponse à cette question.

Je le déshabillai, laissant traîner mes lèvres, ma langue, mes dents, en murmurant...

Holmes...

J'aurais voulu lui dire que je l'aimai. Que je l'aimais à en mourir, à finir carbonisé, consumé de désir devant la seule vue de son corps nu. Je me tus.

Je l'allongeai sur le lit, tremblant sous mes assauts, gémissant sous mes attaques, prit en traître entre mes mains caressantes et mon corps pressé contre le sien.

Je le caressais avec toute la tendresse de mon âme, et tout le désir de mon corps.

Dis mon prénom, Holmes... S'il te plaît...

Je finis de le dévêtir, brûlant tout entier de le posséder. Je réfléchis un court instant. Habituellement, c'était moi qui pénétrais mes amants. Mais j'avais un peu peur que l'expérience soit déroutante, pour Holmes, surtout vue sa passivité. Tant pis pour moi.

Je m'éclipsai un instant – très court – le temps de courir à ma chambre et revenir avec un petit pot d'onguent.

Il manifesta sa désapprobation quant à mon absence, mais ma main enduite d'huile parfumé le fit taire aussitôt, noyant ses récriminations sous des gémissements de plaisir. Au moins, je lui donnais ça. Je souris. C'était déjà énorme.

Je finis dresser son membre – déjà bien engagé – puis l'enduis consciencieusement. J'aurais dû me préparer un peu plus, avant, mais je n'avais pas envie de demander à Holmes d'attendre pour moi, et ce n'est pas lui qui allait le faire. Encore une fois, j'avais l'habitude...

Je le surplombai. Il retint son souffle, alors que je plantai mes yeux dans les siens.

À cet instant, à cet unique instant, oh oui, j'ose le dire, il m'aimait un peu.

Puis je m'empalai sur sa verge dure. Il poussa un petit cri et agrippa les draps, la tête rejetée en arrière.

J'avais un peu mal – manque de préparation oblige – mais la sensation finit par passer.

-Holmes ? Demandai-je.

-Oui... souffla-t-il.

Je voulais l'embrasser. À la place, je commençai à bouger, arrachant à chaque passage un cri de plaisir. Et je me mordais les lèvres jusqu'au sang, parce que je l'aimai, que je voulais le lui dire, et crier son nom... Mais je ne m'autorisai qu'à gémir des paroles indistinctes.

Le plaisir grimpa, vague gigantesque, incontrôlable, au rythme de mes vas-et-viens, de ses soupirs rauques, du bruit de la chair qui se heurte...

Puis l'orgasme le prit. Son corps se tendit avant de retomber, inerte, sur le matelas.

Je me séparai de lui et comblait avec mes mains le chemin qu'il me restait jusqu'à la libération.

-En effet, murmura-t-il, pensif, c'était plus fort que la dernière fois...

Je souris. Mais il ne me regardait pas. Ses mains étaient ramenées derrières sa tête. Il semblait profondément plongé dans ses pensées.

Alors je me levai et ramassai mes vêtements.

-Finalement, je comprends pourquoi les gens s'entêtent à faire l'amour, murmura-t-il, pensif, en s'étirant.

-Qu'est-ce que vous racontez ? Répondis-je d'un ton las, sur le pas de la porte. Nous n'avons pas fait l'amour.

Et je sortis.

Ce qu'aimer veut dire (Victorian Johnlock)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant