Chapitre 1 - La routine

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Chapitre 1 – La routine

Le réveil n'a pas encore sonné que mes yeux sont grands ouverts. Je fixe désespérément ce plafond, en espérant que mon téléphone sonne, que l'on m'appelle pour me rendre sur une scène de crime.

C'est glauque. Je l'entends. La mort fait peur a beaucoup de gens. Pas à moi. Elle fait partie de la vie. De mon monde. Mon univers. A l'heure, où les terroristes ont passé le cap des salles de concert, des feux d'artifice, qu'ils se baladent avec des couteaux dans la rue. Le monde est en train d'apprivoiser cette mort, cette peur. Surtout, elle fait ressortir la volonté de vivre, de se battre. Celle qui me fait vivre depuis tellement d'années.

Je garde les yeux grands ouverts, car mon épaule me scie, me rappelle que je suis allée beaucoup trop loin la veille. Le nerf, qui est relié directement à ma cage thoracique, m'inflige des petits coups de couteau douloureux. Je ne peux pas rester trop longtemps sur le dos, ni à gauche. Mais celle-ci, malgré la violence, ne me fait plus autant souffrir. Comme le monde qui s'habitue à la violence, je parviens à m'habituer à la douleur.

Je contemple alors mon plafond. J'aurai préféré être au poste de police. Aucun bruit ne semble parvenir de la rue. Il est vrai que depuis ce fameux 14 juillet 2016, la vie nocturne Niçoise est plus calme.

A part quelques fêtards que rien ne semble arrêter, le monde préfère, malgré sa volonté d'apprivoiser la peur, marcher au ralentie.

Je repense à mes premiers jours dans cette ville baignée de soleil et de lumière. Elle me rappelle tant mon enfance, mon passé doré en Italie. Ma ville : Gênes. Finalement, ce n'est pas si loin quand on y pense, mais j'ai l'impression qu'une éternité est passé.

Des souvenirs de foccacia, d'huile d'olive, et d'eau saline viennent me chatouiller les narines. Je n'ai pas mangé hier soir. J'ai préféré me mettre du chaud sur l'épaule, en me répétant que tout se passerait bien : qu'aucun de mes collègues ne se rendrait compte de la supercherie. Ma colocataire Sonia, est la seule au courant de mon problème de santé. Il ne lui a pas fallu beaucoup de temps pour le deviner de toute façon. Elle entame sa sixième année de médecine. Elle demeure brillante, et surtout, elle me connaît par cœur. Quand, elle est finalement rentrée dans la nuit. Elle m'a retrouvé, dans la même position, notre chat, Maëvis, sur les genoux, fixant le plafond. Encore une fois, elle n'a cessé de me demander : « Comment peux-tu t'infliger cela ? ». La même rengaine encore et toujours. Mais le pire est cette dernière phrase, qu'elle lâche, quand elle sent que mon état de santé en prend un coup : « Ton père aurait pu te prendre à son cabinet quand tu aurais eu le barreau ».

Personne ne semble me soutenir, ma mère médecin, et mon père avocat, ne comprennent pas mon obstination pour mon métier, celui qui me fait tant vibrer. Surtout ma mère qui cherche encore une technique pour me soulager. Il n'y en a aucune, sauf à risquer la Paralysie. Alors, quand mon problème s'est déclenché, en troisième année de droit, j'ai choisi le pénal. Bosser plus fort, plus longtemps. Pour passer et obtenir mon concours d'Officier de Police judiciaire à la criminelle. Grâce à mes études, je suis passée devant beaucoup de mes collègues présent depuis tant d'années. Voilà pourquoi je dois faire ma place. Aujourd'hui, j'ai surtout deux handicaps :

- Mon sexe.

- Mon épaule.

Quoique, être une femme dans la police, peut sûrement être le plus difficilement surmontable. La parité. Un grand mot, qu'on nous enseigne, qu'on apprend. Mais le machisme, sexisme, est partout. Dans le regard de certains de mes collègues, sur le visage des hommes que j'arrête.

Une vielle histoire commence à ressurgir dans ma mémoire. Un mari violent. Une femme victime. Quand, un bruit vient se faire entendre à coté de ma table de chevet. L'heure de délivrance serait-elle arrivée ?

Je jette un coup d'œil à mon réveil, celui-ci indique quatre heures. En théorie, il m'aurait resté deux heures de « sommeil ». Sans faire attention aux douleurs, comme pour faire vaciller ma contrariété, je m'empare de mon téléphone portable, pour répondre. La voix de mon collègue me parvient immédiatement. Cette dernière est presque mielleuse. Je sens, je sais, depuis des années, que James ressent quelque chose pour moi.

Les femmes savent toujours.

Mais, je passe sous silence. Envisager une relation est un pas trop infranchissable pour moi. Mon équilibre ne tient pas à grand-chose. Je dois encore me battre avec moi-même, avant de laisser rentrer un homme dans ma vie. Alors à 27 ans, à la différence de bon nombre de mes amies, je m'affiche célibataire.

James doit répéter deux fois les choses pour me faire sortir de ma torpeur. Pourtant, quand j'entends le mot « Homicide », mon instinct se met en éveil. Mes sens sont en alerte. Enfin les affaires reprennent... 

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Coucou les chats,

Voici la suite ! Qu'en pensez-vous ?

Bisouuus <3

AlexandraWhere stories live. Discover now