Prologue

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Elle se souvenait précisément de ce moment, être étendue dans la neige. Un individu se refroidissant peu à peu, interceptant le peu de lumière que le soleil avait à offrir, celui-ci filtrant entre les différentes branches d'arbre assombries par les nuages. Les grains de poussière naviguant dans l'air au dessus de sa corpulence inerte se muaient en constellations.
Allongée là, elle s'était abandonnée, en regardant le ciel blanc d'hiver virer au gris.
Ses bras restaient gelés, recroquevillés contre son torse. Elle ne se souvenait plus de ce que c'était d'avoir chaud.
Cela avait été l'hiver le plus froid et le plus interminable de sa vie, jour après jour luisait un soleil pâle inintéressant.
Elle fixait l'étoile jaune à la recherche d'une quelconque trace de lumière évitant les différentes masses sombres dans le ciel.
Elle pouvait revoir la trace de son corps dans le sable blanc en balayant la neige, dévoilant la terre brune en dessous de celle-ci.
Elle sentait l'odeur du sang, de son sang, une odeur chaude et vive dans ce monde glacé et mort.
Ses pupilles dilatées observaient la couleur unit au dessus d'elle lorsque ses paupières n'étaient pas encore closes. Rien ne bougeait, le paysage restait figé comme un diaporama incolore et sans vie.
Elle savait rester calme, si calme.
Sa haine tuait le silence.
Le vent s'infiltrait dans les manches de son pull aux abords rubis, par bouffée d'air, projettant par la même occasion un filet de cette poudre fraîche en l'air, éparpillée sur tous les obstacles de sa route.
Seul sa respiration saccadée rompait le silence du paysage, son ventre se contractait et se nouait sans cesse et la brillance dans le creux des différentes veines de ses paumes de main, trahissaient son anxiété en s'intensifiant. Ses ongles brillaient d'une intensité remarquable, comme ci, ceux-ci, étaient givrés par la fraîcheur de son environnement. La poudreuse avait voilé la totalité du paysage unifié et elle ne pouvaitdistinguer ni l'herbe, ni le goudron.
Ses dents claquaient entre elles et feignaient à chaque instant de lui mordre brusquement la lèvre ou la langue. Sa salive s'était asséchée et prenait un gout de ciure et de sel, lui infligeant quelques remontances abominables.
Son ventre continuait de se malmené et malgré ses doigts tétanisés, elle était parvenue à engouffrer son abdomen dans ses bras peu robustes.
Ses jambes lui lançaient par pulsions, d'intenses frissons en contraste avec son mal de tête intenable.
Elle répétait en boucle dans sa tête
quelques banalités, et enfin, le masacre.
Son coeur cognait à en faire mal, l'image d'un éventuel échec.
Un chat noir était passé près de son corps écrasé contre la fraîcheur du sol, lui apportant son malheur. Pourtant, elle s'était contenter d'offrir un radieux sourire à l'animal quasiment squelettique.
Si on pouvait juger une personne anorexique, elle aurait dis que ce chat l'était tout autant si ce n'était pas plus, ses côtes se laissaient entrevoir au travers de son manque de fourrure et son museau tombait presque sûr ses cros. Ses pâtes boueuses et les cicatrices encore fraîches sur le félin montraient des signes de domestication inexistantes.
Elle a soutenu son regard aussi longtemps qu'elle l'a pu, vus de près, les iris jaunes du félin étaient pailletés de toute la gamme des nuances qui allaient de l'or à l'acajou.
Elle voulait tendre la main pour aggriper sa fourrure, mais ses membres restaient tétanisés par le manque de chaleur.

Au cours de ces derniers mois, elle avait pu percevoir le même type de personnes, passant de la mère de famille épuisée de ses journées de travail, de l'étudiante stressée par ses examens, tapant du pied sur la paroi du sol, amplifiant le bruit assourdissant de son pied, l'homme d'affaire dépassant de peu la trentaine et ne pouvant pas perdre une minute, tapotant sur les touches du clavier de son ordinateur, tandis que celui-ci tient l'objet pour maintenir sa conversation téléphonique entre son épaule repliée et sa tête penchée, jusqu'à la grand mère succombant peu à peu au sommeil, un sourire au coin des lèvres, comme ci elle n'avait plus peur de la mort.
Tous possédaient une vie banale.
Identique aux jours antérieurs.
Demain devenait aujourd'hui, aujourd'hui devenait hier et hier étaient derrière eux.
Elle ne sortait pas non plus du lot.
Elle avait une petite vie aussi paisible soit-il, dans la plus vaste des banalités.
Jour après l'autre elle éffectuait la même routine à la recherche d'une quelconque intérruption, une bouteille finissant en éclats de verre, ou bien même une chute procurée par des talons trop hauts.

Ce jour là, elle avait décidé d'y mettre fin. De tout supprimer et de tout recommencer.

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⏰ Dernière mise à jour : Oct 28, 2019 ⏰

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