Les trois lumières rouges s'allument successivement puis virent tous au vert. Le puissant son des moteurs tapant dans le rouge du compteur résonne dans mon casque audio. La fumée des pneus arrière qui glissent laissent apparaître des traces noirs sur le bitume.
Le départ est un point très technique. Toute la puissance du moteur est transmise aux roues, rendant le véhicule difficilement contrôlable, sans compter l'espace extrêmement mince entre chaque carrosserie, ne laissant pas une marge d'erreur.
L'atmosphère est saturée d'une tension palpable. On en oublie même de respirer.
Dans la première longue ligne droite, les pare-chocs commencent à s'espacer et l'arrivée du premier virage donne aux pilotes l'occasion de choisir une trajectoire à suivre. En pôle position, Mike Steward à bord de sa Ford Mustang V8, suivi de la RX7 de Reima Ekstorm qui lui colle au train. Les voitures alignés sont parés à longer l'intérieur de la courbe, et ralentissent une après l'autre.
Tous, pilotes comme spectateurs sont surpris de voir un participant se décaler de la file pour foncer vers les panneaux flechés, se faisant passer pour un kamikaze pressé de mourir. Bien décidé à réaliser un coup de maître, il commence à faire déraper ses roues, essayant de maintenir sa Lancia Stratos en diagonale, tandis que ses pneus arrière crient et soufflent de la fumée blanche. Il s'engouffre dans le petit bout de route entre ses concurrents et les pneus usagés qu'il frôle, ignorant totalement la pression qu'une telle manœuvre inflige. Heikkinen réajuste son inclinaison sans perdre de vitesse pour se hisser en tête de peloton, clairement poussé par une envie de vaincre.
Du point de vue de n'importe qui, il serait évident que se retrouver dans ce cas de figure est avantageux. Mais en réfléchissant un minimum, cette scène prend une toute autre tournure.
Premièrement, les sept autres concurrents sont tassés dans son rétro, ce qui impose une pression difficilement gérable. Il n'y a devant personne à suivre, c'est lui qui mène la danse. Il doit constamment garder un œil à l'avant et à l'arrière pour ne pas accorder la moindre ouverture aux poursuivants. À mon avis, il a déjà envisagé une confrontation avec Avdol ou Johnson et leur fairlady Z aux couleurs de la même écurie, deux redoutables rivaux qui peuvent s'avérer dangereux.
Deuxièmement, un drift parfaitement contrôlé à cette vitesse demande aux pneus beaucoup d'adhérence, ce qui veut dire qu'avec les pneus qu'il vient d'user, un tel coup de maître sera impossible à refaire. Il vient de jouer une carte maintenant inutilisable et vu qu'il ne peut pas refaire de dépassements, les places qu'il perdra seront perdus pour de bon. Autrement dit, il a pris un risque pour choisir une stratégie dont il n'est peut être pas à la hauteur.
La chaîne de voitures passe le premier virage à l'adhérence. On peut entrevoir le style de conduite de chacun en faisant attention à leurs déplacements. Par exemple, les pilotes comme Mohamed Avdol et Miguel Marco ont un jeu très propre. Ils restent en retrait et captent les brèves opportunité qui se présentent pour doubler leurs adversaires.
La troisième courbe comprend un joker lap, une rallonge qui doit être empruntée au moins une fois dans la course. Tous restent sur la courbe plus rapide tandis que Marco et Avdol passent par le joker lap et descendent en dernières positions, loin derrière Heikkinen et Ekstorm. Ils sont maintenant focalisés sur les ouvertures entre les pare-chocs arrière.
Après une phase d'accélération se présente un virage à 260° repassant sur lui même par un jump de 4 mètre de haut. Les 32 roues commencent à déraper, à chasser et essayent de contrer l'imposante force centrifuge qui les pousse vers la barrière de sécurité. Chacun doit ensuite vite reprendre en stabilité pour ne pas perdre l'équilibre lorsqu'il se détache du sol. Cette rampe relève les plus téméraires qui en général doublent ceux qui le sont moins dans cette partie de la course. Les suspensions s'écrasent, les parties de carrosserie en résine vibrent et ondulent en fouettant la terre qui vole en éclats, les ailes se heurtent maladroitement contre les portières, une bousculade qu'on a jamais vu depuis les conventions manga des vacances d'été. Les bolides sont lancés à pleine vitesse et en entrant dans un demi cercle des courses nascar, la seule partie du circuit qui permet de garder une trajectoire stable, les châssis s'inclinent vers la gauche. Chacun garde sa position jusqu'à la sortie de virage menant directement au début du deuxième tour.
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AC drivers
Science FictionEn 2030, une nouvelle discipline sportive vient au monde : le AC soccer Le début de l'histoire nous plonge dans les années 2020 dans le point de vue de Yuko, un petit garçon fan de voitures, qui sera plut tard poussé à participer aux balbutiements...