1

129 16 55
                                    

Aujourd'hui était un jour des plus banals, il ressemblait à tous les précédents. Les mêmes personnes dans les mêmes endroits, la même météo, les mêmes vrombissements de voiture, les mêmes cris d'enfants, le même ciel bleu, les mêmes nuages gris, les mêmes maisons, les mêmes voisins, les mêmes rues, les mêmes professeurs, les mêmes élèves, la même ville, le même paysage. Tout était absolument identique. J'appelle cela "la routine infernale" et elle a tendance à m'énerver. Là n'est pas le sujet.

Je marchais habituellement dans les rues de ma ville et arrivais finalement au lycée. Alors que je franchissais le portail, j'aperçus mes deux amies, qui sont les seules que j'aie. Nous nous saluâmes et la sonnerie retentit, nous coupant dans notre début de conversation. Nous commencions par un cours de français et cela ne m'enchantait pas. Je vous avoue que je préfère les matières scientifiques. De plus, le professeur de français, Monsieur Fournier, n'a aucune autorité et ne nous enseigne rien. Il nous accueillit à l'entrée de la salle de classe et nous fit entrer. Après que tout le monde ait rejoint sa place, il nous ordonna de nous asseoir, ce que nous fîmes. Je vous assure que ce sera la dernière chose que nous exécuterons sous son ordre jusqu'à la fin de l'heure. 

Tu étais assise devant moi, au deuxième rang. Je sais que tu aurais préféré être tout au fond. Ton dos était posé contre le mur. Tu enfilais entre tes fins doigts tes courts cheveux roux, incroyablement lisses. Tu portais un pull blanc avec un col roulé, qui semblait être trop large pour ta fine taille. Tes jambes étaient croisées et vêtues d'un jean noir. Tu avais des chaussures de la même couleur. Des dizaines de tâches de rousseur parsemaient ton nez et te rendaient adorable, mais d'inquiétantes cernes noirs se trouvaient sous tes yeux marrons. Tu avais sorti un stylo et ton petit cahier, cahier que tu avais tout le temps avec toi depuis l'an dernier, puis les avait posés sur tes cuisses. Tu griffonnais quelques mots, en rayais certains pour en réécrire, sans que je ne puisse, évidemment, rien lire. 

Comme d'habitude, un énorme brouhaha s'éleva dans la classe. Monsieur Fournier lut sa leçon dont il était le seul à en comprendre le sens, sans se soucier du bruit produit par la classe. Théo sortait une autre de ses blagues, à laquelle Jade, Emilie ou encore David éclatèrent de rire. Marie et Alicia prenaient une fois de plus des dizaines de photos et de vidéos pour les poster sur les réseaux sociaux. Lisa, Marion, Maxime et Hugo, les inséparables, se racontaient leurs dernières journées et débattaient sur des sujets les plus étranges les uns que les autres. Il y avait aussi ma voisine, Amélie, qui se plaignait encore sur le fait qu'elle n'avait pas pu faire les magasins aussi longtemps qu'elle l'aurait souhaité.

Mais parmi tout cela, je ne les entendais pas.

Non, tout ce que j'entendais, c'était ton silence. 

ToiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant