THE ACES

Parfois, quand le groupe était enfin seul dans son dortoir après une journée de travail éreintante, Minhyuk se laissait tomber dans le canapé et observait les vas et viens de ses six camarades d'un œil absent. Il se faisait alors la réflexion que leur appartement était comme une bulle, une enveloppe de protection où chacun faisait enfin tomber le masque pour finalement redevenir qui il était vraiment hors champ, à l'abri des regards curieux. Au début, cela n'était pas flagrant, car aucun changement radical ne s'opérait sur eux, mais plus Minhyuk apprenait à connaître les six autres, et plus il se rendait compte des restrictions et interdits que chacun se posait. Lui-même avait découvert qu'il se filtrait en public, parfois consciemment, mais parfois inconsciemment aussi.
Le canapé s'affaissa à ses côtés et il leva légèrement le menton pour croiser le regard de Hoseok, qui lui adressa un affectueux sourire auquel le plus jeune répondit gaiement malgré la fatigue. La seconde suivante, quelques mèches humides de Hoseok, qui sortait tout juste de la salle de bain, se collèrent contre la joue de Minhyuk tandis que leurs lèvres se rencontraient chastement. Les papillons s'envolèrent dans son estomac, libérant une tiède chaleur qui se diffusa dans le moindre de ses vaisseaux sanguins.

— Tout va bien ?

Minhyuk acquiesça dans un sourire et s'allongea sur le dos en reposant l'arrière de sa tête sur la cuisse de son aîné, ignorant le regard gêné de Hyungwon sur leurs personnes.

— Qu'est-ce que tu fais ? demanda-t-il en regardant les beaux yeux noirs de Hoseok se promener sur l'écran de son téléphone.

Le blond haussa les épaules, mais Minhyuk savait très bien de quoi il s'agissait. Avant qu'il ne pût ouvrir la bouche cependant, un main apparut dans son champ de vision et s'empara du téléphone.

— On avait dit qu'on se moquait de ce qui était écrit sur internet à propos de toi, fit la voix ferme de Kihyun.

Minhyuk observa son visage parfait aux traits inquiets tandis qu'il réprimandait Hoseok. Cela le fit sourire. Bien que Kihyun avait toujours été le plus difficile à cerner, Minhyuk était certain qu'il avait beaucoup d'affection pour Hoseok, même s'il avait tendance à un peu le cacher. Minhyuk mettait cela sur le compte de la peur d'être blessé s'il s'attachait trop. Hoseok en revanche n'avait pas cette peur, et avait tendance à se montrer beaucoup plus affectueux avec Kihyun comme avec Minhyuk, bien que, de par son caractère, il était toujours un peu plus viril que les deux autres.

— Tu devrais aller prendre ta douche puis te coucher, chéri, t'as l'air crevé.

Minhyuk savoura la tendresse de la main de Kihyun contre sa joue, puis il acquiesça et se releva, à contrecœur cependant. Il fut alors enveloppé dans une douce étreinte, et Kihyun déposa un baiser dans sa tignasse cuivrée, avant de le laisser partir.
Le brun avait toujours troublé Minhyuk. Ce dernier était fasciné par le caractère de l'autre, qui semblait osciller entre une aura tantôt maternelle et protectrice, tantôt douce et masculine. Kihyun était comme la rencontre entre deux personnes aux antipodes l'une de l'autre, une fusion étrange et pourtant évidente quand on connaissait bien le jeune homme. Minhyuk ne pouvait pas imaginer Kihyun sans cette contradiction naturelle, et c'était probablement cela qui l'attirait tant chez lui. À l'inverse, il ne s'expliquait pas vraiment son amour pour Hoseok. Sa fierté peut-être, ou son désir de revendiquer qui il était, malgré leur agence et la société dans laquelle ils vivaient.
En quittant la pièce pour se diriger vers la salle de bain, le cuivré nota que Kihyun s'était assis à côté du plus âgé et avait posé sa tête sur son épaule, les yeux fermés. Leurs lèvres remuaient, et le brun caressait tendrement le bras de Hoseok, comme pour le calmer. Minhyuk supposa que Kihyun et son aura apaisante tentait de canaliser le feu qui bouillonnait en Hoseok. Au début, il avait eu peur que ces deux-là ne s'entendissent pas suffisamment pour que leur relation fonctionnât. Certes, ils étaient de bons amis – tous les membres du groupe étaient proches les uns des autres –, mais il y avait un monde qui séparait les amis des amants, que les deux avaient finalement traversé avec succès.