Je me bascule sur mon flanc droit, puis je rebascule sur le flanc gauche. Et je roule ainsi plusieurs secondes sur le lit, la tête dans l'oreiller.
C'en est assez ! Je m'allonge sur le dos, regardant avec mon air le plus outré le plafond, et je plaque mes mains sur mes oreilles. En vain... je les entends toujours...
Bordel ! Je vais vraiment finir par monter. D'accord, je le confesse, je dis ça chaque nuit qu'IL lui rend visite, mais, à chaque fois, je me défile, non pas déficit de courage, je suis bien capable de grimper quelques marches pour aller cracher mon mécontentement à ceux qui m'importunent, mais parce que si je m'en vais réclamer le silence, je ne pourrai plus entendre leurs débordements licencieux. Oui, je sais, ça peut sembler paradoxale, mais vous comprendrez mieux par la suite.
Il faut que cela change, cependant. Mes heures de sommeil ont fondu, et avec elles, mes notes du premier semestre.
Demain, avant d'aller en cours, je ferai un crochet par la pharmacie pour acheter des boules Quies. L'avantage des bouchons d'oreilles, c'est qu'on peut fermer ses écoutilles à volonté. Et si l'envie me prend d'écouter quelques bribes de leur activité nocturne, j'aurai juste à les retirer. A ma guise !Cette fois, c'est le lit qui se plaint d'une voix grinçante.
Tiens... plus de bruit .
J'entends à présent qu'ils se lèvent et, mon regard rivé sur le plafond, je suis des yeux le bruit de leurs pas. A quoi jouent-ils encore ?
D'après ce que je sais de l'agencement de l'appartement du dessus, qui doit être, à quelques différences près, similaire au mien, j'en déduis qu'ils se dirigent vers la cuisine... Tiens ! ça faisait un bail. Sur quoi va t-IL la prendre, maintenant ? J'opterai pour le plan de travail ou... pourquoi pas le lave-vaisselle ? Oui, mais alors qu'on le mette en route ! Quoi ?... non ... je n'y crois pas ! Ils viennent de le mettre en marche, et pour sûr, il n'y a aucune vaisselle à l'intérieur ! Et d'abord, dites-moi quel genre de personne a besoin d'une telle machine quand il vit seul ? On a juste à laver au fur et à mesure la même assiette, les mêmes couverts, le même verre - Et encore ! moi, perso, je bois au goulot - Elle doit trouver cette machine beaucoup plus utile en ce moment, j'en suis sûre. Je l'entends gémir de toutes ses cordes vocales tandis que le lave-vaisselle tambourine sans repos. Je consulte mon réveil : deux heures du matin. Trop c'est trop... La fatigue me gagne mais mes yeux se rouvrent à peine refermés. Du bruit et toujours du bruit. IL est né pour être le tourment de mes nuits. Puis soudain, les deux amants s'arrêtent. Il me semble qu'ils retournent dans la chambre.- C'est fini, cette fois ? dis-je au plafond d'un air menaçant.
Faux espoir... Ça y est, c'est reparti ! Cette fois elle ne crie plus, elle hurle. Et puis quoi encore ? "Citius, Altius, Fortius". Mais qu'est-ce qu'il mange ce gars-là pour être aussi performant ? Elle crie comme si elle souffrait, or c'est moi qui souffre et elle qui est en extase.
Je suis à bout, ils me rendent folle... folle d envie.
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IL
DragosteIL est né pour être le tourment de mes nuits. "IL", voici comment je nomme l'inconnu qui, de temps à autre, vient rendre visite à ma voisine du dessus et trouble mon sommeil. Je ne connais ni son identité, ni son visage, je n'ai jamais entendu que l...