J'ai décidé de partir en grande, j'ai décidé de m'enfuir tout d'suite
Pour ne plus jamais vous entendre, j'ai décidé de courir plus vite
Mon baluchon dans l'fond des poches, mes jeans trop pâles comme seul réplique
J'n'attendrai pas le son d'la cloche, j'ai décidé de l'inventer le grand déclic
Seule comme une belle au gouvernail, j'hurles à tue tête les rimes d'un Pellerin
À des années soleil d'un retour au bercail, à la recherche des Dix Mille Matins
J'irai peut-être voir les feux de Bengale, ou retourner dans les dessins de Barcelone
Glisser sur les autoroutes roses à l'orientale, appelé moi la reine de cœur de Carcassonne
Pourquoi je devrais m'en excuser, quand tout c'que j'vous doit c'est des bâillements
Vous souffrez peut-être de surdité, parce que j'l'ai toujours chanté que c'est ennuyant
Mon café froid goute l'océan, les cigarettes sentent drôlement le rire
Mon carrosse se veut itinérant, j'me ferme les yeux et le laisse conduire
J'ai décidé de partir en grande
J'ai décidé de prendre la fuite
J'n'en peux juste plus de vos demandes
J'suis à la recherche d'mon propre cirque
Un peu d'argent sur le plancher, une coupe de vin sous les couvertes
Le souper d'la veille à peine manger, un pistolet qui tire des lettres
Ma veste de cuir de bohémienne, mon rouge à lèvre sur le miroir
Cette chambre d'hôtel n'est plus la mienne, mais elle rime trop bien avec espoir
J'irai chanter sur les trottoirs, peut-être même boire avec Gainsbourg
Y a rien que j'vais m'empêcher de voir, c'est à la vie que j'fais l'amour
Mes frères et sœurs dans le coffre à gant, pour protéger mon briquet de fleurs
Laissez moi juste partir au vent, de la Gaspésie jusqu'aux montagnes de l'Équateur
Ma vieille guitare comme cerf-volant, les poésies d'un jeune loup vieux
J'vais vous faire chanter comme des enfants, j'vais même vous faire oublier Dieu
C'est déjà l'heure de reprendre la route, ma vieille voiture est impatiente
Si vous me cherchez sortez vos loupes, j'suis quelque part entre la lune et l'an 40
