Même les yeux fermés.

3

Pendant la soirée à l'hôtel, j'ai beaucoup parlé avec Oli. Plus que d'habitude. Mais j'ai toujours essayé d'esquiver deux sujets de conversation -qui sont étroitement liés: mon malaise et Eva.

En allant vers le bar, me commander un grand verre de soda, je vis Oli s'approcher de moi.

-Bon Flo, il va falloir qu'on discute sérieusement tu sais.

-Oui t'inquiète pas je vais me reprendre et déjà le concert de demain je serai à fond ! J'essaye de paraître enthousiaste.

-Non, je veux pas parler de ça. Et je pense que tu sais de quoi je veux parler.

Je fis non de la tête, et baissais les yeux. Mon frère lis en moi comme dans un livre ouvert, c'est fou. Il reprit:

-Eva.

J'étais à bout. J'avais besoin de lui en parler, besoin de tout lui dire. Mais la tête toujours baissée, aucun mot ne voulait sortir de ma bouche. Il y a eu une larme. Juste une, qui coula sur ma joue. Dès que mon frère la vit il me prit dans ses bars, comme un reflex. Et je réussis à peine à articuler quelques mots.

-J'en peux plus Oli... J'y arrive plus... Je sanglotais.

Il tira doucement mon bras sans dire un mot et m'emmena à l'étage dans une des chambres que l'on avait réservées, pour que l'on puisse discuter calmement sans être interrompus par l'un de nos amis. Et dans les escaliers je me mit à réfléchir à la manière dont j'allais lui raconter et surtout par où j'allais commencer. Ca dure depuis tellement longtemps...

Une fois arrivés, on s'installa sur un petit canapé en face du grand lit, et Oli m'incita à m'expliquer. Je commença alors mon récit.

-Enfaite ça fait quelques mois, que je me suis rendu compte qu'Eva à beaucoup changé. Au début elle me demandait de l'accompagner faire du shopping avec elle, mais une fois à la caisse elle faisait mine d'avoir oublié sa carte, ou alors peut importe elle trouvait toujours un moyen pour que ce soit moi qui paye. Ensuite, progressivement elle ne me demandait même plus de l'accompagner, elle demandait simplement ma carte. Et maintenant elle me la prend, sans même prendre la peine de me demander. Juste un "J'prend ta carte, bye". C'est pour ça qu'elle est venue tout à l'heure; pas pour savoir si j'allais bien...

Sur cette dernière phrase, je repris lentement mon souffle et Oli avait l'air vraiment choqué.

-Mais... Flo, pourquoi tu la laisses faire ? Sur le visage de mon frère, je pouvais lire plusieurs expressions mélangées. Il y avait beaucoup de colère, encore plus d'inquiétude, de la compassion... Et une pointe de tristesse.

-La vérité c'est que... Je... Je l'aime quand même. Je l'aime putain... Je baissais la tête, car je n'avais pas le courage d'affronter son regard. Puis une voix qui m'étais familière vint rompre le silence pesant qui s'était installé entre mon petit frère et moi.

-Dis lui que tu en as marre. Même si c'est dur même si tu vas souffrir. Il faut que tu lui dises. Ca va te faire mal, certes, mais tu auras encore plus mal si tu la laisses te détruire...

Je suis surpris d'entendre que Wawad nous ait suivis et ait écouté derrière la porte. Mais le fait qu'il ait entendu mes confidences ne me gêne pas, puisque il est comme un deuxième frère pour Oli et pour moi.