Prologue

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Il y en avait partout.

Des gens.

Ils bougeaient au rythme des sons à la mode, les filles se déhanchaient, les garçons les collaient, ils étaient jeunes et profitaient. Ceux qui ne dansaient pas compensaient avec la nourriture, et dehors un nuage de fumée s'élevait dans le ciel, mélange de cigarette, marihuana, cannabis et autres substances. Certains couples s'isolaient dans les endorits déserts de la fête, et dans les toilettes on pouvait retrouver des filles en larmes, délaissées par leur cavalier de bal. Un mélange de parfums mêlés à la chaleur semblait figer la scène.

Mais malgré la foule, malgréle bruit, malgré le buffet, malgré l'alcool, malgré la fête, moi, je ne voyais, ne sentais et n'entendais pas.

Paralysée au milieu des ados profitants de leur jeunesse, mes yeux remplis d'eau te fixaient. Tu étais comme les autres. Tu riais, dansais, flirtais, buvais. Je me souviens de ta chemise entrouverte à cause de la chaleur, de tes manches retroussées, de ton jean usé, gris, et de tes cheveux bruns en bataille. Et moi, comme une conne, j'étais bloquée dans ma robe noire, avec mes talons et mon rouge à lèvre. Je m'étais refusée de pleurer.

Et puis je l'ai vue, elle. Elle te serrait, te caressait, te souriait, te collait, se dandinait devant toi.

Et toi tu la regardais, du la touchait, tu l'admirais, tu lui parlais dans l'oreille.

Et toutes mes résolutions, en même temps que mon cœur, se brisèrent. Mon ventre, serré dans le tissu me brulait, mes mains tremblaient.

Et puis comme dans les films ton regard croisa le mien, tandis que la musique ralentissait. La boule dans ma gorge grossis, et je détournai le regard.

Alors, le besoin de fuir cette fête, de fuir tes yeux, de fuir ta peau, de fuir tes sourires qui n'étaient pas adressés à moi, de fuir le rire de ta nouvelle copine, de fuir la vision de vos deux corps collés et de ce bonheur qui m'étais interdit, me saisis. Il fallait subitement que je parte, pour ne pas suffoquer, pour ne pas m'évanouir, pour ne pas m'effondrer.

Et sans vraiment être consciente de mes actes je fendais la foule jusqu'à me retrouver devant le buffet. Les yeux fixés sur la table remplie de verres vides, sans vraiment les voir, je restais immobile.

"Tu veux quoi ?!"

J'entendais à peine le responsable des boissons. Sans le regarder, sans même vraiment entendre je lui répondis.

"Le truc le plus fort que t'as. J'men bats les couilles de ce que c'est du moment où c'est alcoolisé. Très, alcoolisé. Ça peut être un mélange ou bien même un truc dégueu, pas grave, juste que ce soit fort."

"Peine de cœur ? Ton cavalier t'a abandonnée ?"

Sans prendre la peine de lui répondre, je pris la boisson non identifiée qu'il me tendait.

Portant le verre à mes lèvres, je fermais les yeux, avalant le liquide épais jusqu'à la dernière goutte. Grimaçant je reposais le verre et sortais sur la terrasse.

Dehors l'air frais me fouettait le visage ainsi que mes bras nus. Des adolescents déphasés étaient assis juste devant l'entrée, et plus loin des couples s'embrassaient un peu partout.

L'alcool me montait à la tête et je commençais à ne plus bien savoir ce que je faisais. Je me souviens m'être mise debout sur le rebord du toit, ayant préalablement ôté mes talons. La morsure du froid sur mes pieds, le goût de l'alcool dans ma bouche, les arbres bougeant, le monde tournoyant et puis la sensation de tomber. Le choc de l'impact d'un corps contre le sol, et le noir complet.

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⏰ Dernière mise à jour : Sep 20, 2020 ⏰

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