Le poids de la détente pèse sur son cœur. Il pèse sur son âme, sur sa conscience – pour le peu qu'il en reste – et elle n'arrive pas à se détacher de cette aura destructrice. Elle n'avait jamais tenu une arme auparavant et elle n'est même pas certaine de le faire correctement. Jemma remet rapidement une de ses innombrables mèches rousses derrière son oreille. Son front est en sueur, elle peut le sentir. Et puis, la gamine a chaud, terriblement chaud dans cette tenue qui lui colle, littéralement, à la peau. Par-dessus le marché, son souffle n'arrive pas à se canaliser, son rythme cardiaque bat des records de vitesse et tout, autour d'elle, semble se mélanger. Pour dire vrai, tout porte à croire qu'elle est en pleine crise de panique. Et ça n'est certainement pas Jemma qui viendrait dire le contraire. Sa main droite vient resserrer un peu plus encore l'arme qui se trouve entre ses doigts, par peur de la voir se fracasser sur le sol.
– Prends sur toi Jemma. On ne peut plus reculer maintenant.
Une voix masculine résonne entre les murs d'un blanc immaculé. La gamine avale sa salive tant bien que mal avant de porter ses iris azurs sur la carrure de Maxence Rider. Athlétique, charismatique, avec ce je-ne-sais-quoi d'un bad boy qui aurait pour mission de faire chavirer les cœurs de ses dames. Jemma hoche de la tête à ses propos. Elle ne préfère pas y répondre, pas tout de suite du moins. Peut-être s'ils en sortent vivants. Alors oui, peut-être que là elle finira par lancer cette fameuse conversation qu'ils sont supposés avoir depuis tout ce temps. Mais l'heure n'est pas aux conversations entre deux adolescents en pleine crise d'hormones. Ils sont bien loin de leurs préoccupations du passé, bien loin de ce qui pouvait leur semble une montagne, il y a encore quelques semaines, quelques jours. Pourtant, Jemma se risque à se perdre dans son regard noisette. Ce regard qui l'a tant rassuré et qui – aujourd'hui encore – ne manque pas de lui apporter le réconfort dont elle manque cruellement. Un raclement de gorge vient briser ce flottement. La poupée de porcelaine cligne des yeux et essaye de se reconcentrer alors qu'elle peut sentir le regard moralisateur de la blonde, sur elle.
– Vous aurez tout le temps de flirter plus tard les amoureux, il faut que l'on agisse, les gardes ne vont plus tarder à arriver.
– On se passerait bien de ton commentaire Moïra, mais tu as raison sur un point. On manque de temps, il faut s'en tenir au plan que l'on a prévu.
Et elle les regarde, Jemma. Elle les regarde en prenant, d'un coup, toutes les responsabilités sur ses épaules, déjà fragilisées par le passé. Elle a l'impression que la suite dépend d'elle et de ses décisions. Pourtant a-t-elle réellement le choix ? Ont-ils tous déjà, un jour, eu un choix à faire ? Un rire presque ironique se glisse sur ses lippes desséchées tant ses questions relèvent d'un paradoxe, lorsque l'on connaît la vie à Rena. Mais elle n'est pas là pour faire le procès moralisateur d'un pays qui n'a cessé de la décevoir. Ce temps est révolu et malgré tout, elle espère encore qu'il reviendra sur la table, une fois tout ceci terminé. La gamine reste remplie d'espoir, après tout ce qu'elle a traversé. Elle continue d'avoir cette flamme naïve qui brûle en elle, alors même qu'elle est tombée de si haut que la chute l'a paralysé pendant très longtemps. La poupée au teint de porcelaine se mord la lèvre, un tic dont elle n'a pas su se défaire. Elle déglutie péniblement alors que son regard céleste bascule entre Maxence et Moïra. Deux personnes chères à ses yeux, deux adolescents comme elle qui l'ont suivi dans ses folles théories, deux gamins – finalement – qui risquent leur vie pour les autres, pour elle. Jemma n'a pas perdu de son égo parfois surdimensionné. Question d'habitude pour l'enfant qui fut un joyau choyé pendant des années.
– Comme l'a dit Max, on s'en tient au plan. Pas de coups foireux, pas de tentatives d'héroïsme ou je ne sais pas quoi. On cherche des preuves qu'on pourra ramener avec nous à Rena. Et on ne tente pas de libérer des personnes si on en croise, on reviendra, chuchote-t-elle, dans un mélange d'assurance et d'interrogation.
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Purity
Science Fiction2055, Purity. Le monde tel que nous le connaissons a disparu dans les abysses d'une énième guerre mondiale. La population humaine fut ravagée et il ne restait qu'une poignée de survivants, prêts à construire un meilleur endroit. Un leader fut élu et...