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Bonjour à tous. Vous trouverez ci-dessous un copié/coller d'un commentaire faisant suite à l'émission consacrée à la vague de suicides touchant toutes les générations. Ce commentaire est le plus pertinent de la centaine que j'ai pu lire, celui qui correspond le mieux aux événements qui se produisent chez moi depuis hier soir. Par ce message, j'espère apporter un éclaircissement à tous ceux qui doutent que la tendance suicidaire va augmenter, à moins de la comprendre et de s'en débarrasser.

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« Bonsoir. Mon prénom est Nicolas. Suite à l'émission sur les suicides, je voudrais apporter mon témoignage. Je ne ferais pas de commentaires sur cette émission mais je la juge quand même à côté de la plaque. On évoque beaucoup de causes pour comprendre ce qui se passe, mais aucune ne détient vraiment la vérité. Je suis conscient que tout ce qui touche au paranormal est risible dans les médias et qu'on ne le diffuse qu'à titre de divertissement. Pourtant, ce qui est arrivé à ma meilleure amie n'est pas vraiment explicable par des faits rationnels. Moi-même, j'ai toujours du mal à croire ce que j'ai vu et pourtant, ELLES ont bien tué ma meilleure amie.

Elle s'appelait Florence. On a grandi ensemble, étudié, fait les 400 coups. On partageait nos peines de cœur, nos petits bobos, nos joies. On ne s'est jamais séparé et en plus, on était presque voisin puisqu'elle habitait à une rue de la mienne. Il y a quelques jours, elle m'a demandé de la conseiller pour l'achat d'un nouveau téléphone portable. Le sien venait de lâcher, un vieil appareil datant de la Seconde Guerre mondiale. Nous nous sommes donc rendus dans une petite boutique du centre-ville et après plusieurs conseils, elle a opté pour un smartphone dont je tairais la marque, mais qui commence par S. Alors que nous allions passer à la caisse, une jeune cliente a hurlé en lâchant son appareil. Elle tremblait de tout son corps en pointant du doigt le téléphone qui avait explosé sur le carrelage. Puis elle est partie en courant. On a tous bien ri, on s'est tous dit qu'un vendeur lui avait installé un screamer pour lui faire peur.

Un crissement de freins puis un choc sourd. On a tourné la tête vers la vitrine, on a juste vu la fin de l'accident, quand la fille s'est écrasée sur le béton avant qu'une autre voiture ne lui roule dessus. Son corps désarticulé était horrible à voir. Il y a eu des cris, la panique puis un attroupement, les secours. Même si Florence était bouleversée, elle a quand même acheté son appareil puis je l'ai raccompagné chez elle. Inutile de préciser qu'on se sentait vraiment mal tous les deux. Cette pauvre jeune fille, son corps désarticulé, sa fin tragique, la tristesse de sa famille.

Ressassant ces images morbides en boucle, j'ai eu du mal à trouver le sommeil cette nuit-là. Je me demandais de quoi cette fille avait eu si peur pour traverser la rue comme une folle. D'après le journal du lendemain, c'était une fille équilibrée et son entourage ne comprenait pas les raisons de son geste. Oui, vous avez bien lu, les raisons de son geste, son suicide. Dans l'article, il n'était fait nulle part fait mention de l'incident dans la boutique, le journaliste le jugeant sans doute sans intérêt.

C'est dingue comme on peut se sentir mal quand on voit un truc pareil. Florence m'a appelé le soir de cet accident ; c'était un vendredi. Elle était dans le même état que moi, aussi angoissée. Au téléphone, je lui ai proposé plusieurs fois de se changer les idées, mais elle a refusé, préférant la sécurité de son appartement au monde extérieur. On a donc passé notre week-end enfermé, a ressassé ce dramatique accident.

Elle m'a rappelé le dimanche soir alors que je comatais devant ma télé. Sa voix m'a glacé le sang. Elle bégayait, elle semblait choquée, elle me répétait avoir vu une petite silhouette traverser très vite le couloir avant d'entrer et de claquer la porte de sa chambre. Elle a aussi entendu un rire une enfant. Je n'ai pas su quoi répondre, je lui ai juste demandé si la porte d'entrée était bien verrouillée. Elle l'était, comme l'était la porte de la salle de bains où elle s'était enfermée.

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