Le poids de la culpabilité

465 34 6
                                    

05 août 1981

Elle venait de transplaner dans le salon,  un grand sourire au lèvres, visiblement ravie de faire sa visite surprise, alors qu'il venait d'expédier par hibou un cadeau pour le premier anniversaire de son filleul. Elle s'était approché de lui pour l'embrasser, après quoi elle s'était lancé dans un grand discourt pour lui raconter... Lui raconter quoi ? Il ne s'en souvenait plus. Lui, il n'était pas vraiment de bonne humeur ce jour-là. Ses histoires de trahison et d'espionnage au sein de l'Ordre du Phénix occupaient toutes ses pensées. Ils avaient déjeuné tout les deux ensemble ce jour-là, et c'était elle, surtout, qui tenait la conversation. Il s'en voulait de penser cela, mais il aurait voulu être seul, pour réfléchir. C'est alors qu'elle lui lança la réflexion de trop, concernant la dernière chanson de la chanteuse Célestina Moldubec, qui passait tout le temps à la radio. Il rétorqua par une remarque sarcastique au sujet de ses préoccupations futiles. Un silence s'installa, et elle répliqua à son tour d'un ton glacial que la guerre occupait l'essentiel de ses pensées, à elle aussi. Qu'elle aussi vivait dans la crainte d'entendre les nouvelles du matin, que tout comme lui elle essayait de faire son maximum pour être utile, mais que, peut-être, pour un repas, elle aimerait oublier le climat actuel quelques minutes, si cela ne dérangeait pas trop le jeune homme. Une réponse ironique et méchante de plus de la part de ce dernier, et une dispute éclata. Ils passèrent au moins une bonne heure à crier. Jusqu'à ces mots, cinglants et impardonnables, prononcés par le garçon :

- Eh bien, parfait, tu n'as qu'à t'en aller. Je t'ai pas demandé de venir, ni aujourd'hui, ni jamais. Je ne t'ai jamais aimé, de toute façon.

Et là, les grands yeux bleus de la jeune fille qui s'écarquillèrent, choquée par ces mots, avant de se remplir de larmes. Et là, le désarroi du garçon, qui regrettait déjà ses paroles qui avaient à peine franchies ses lèvres. Avant qu'il ne put se rétracter, s'excuser pour d'avoir dit quelque chose d'aussi stupide et d'aussi faux, elle transplana.

Le sorcier savait parfaitement où elle était allé. Chez ses parents, l'endroit où elle se sentait le plus en sécurité. Mais il ne l'avait pas suivit. Ce pauvre imbécile n'avait rien fait. 


Sirius se réveilla difficilement, le souvenir de cette horrible soirée le hantait jusque dans ses rêves. Les lueurs propres aux premières heures du matin traversaient ses rideaux fins, illuminant la pièce d'une faible lumière. Il était allongé sur le canapé de son petit salon-cuisine, et il mit quelques secondes à remarquer Remus, assis sur le fauteuil à côté, en train de grignoter d'un air absent une tablette de chocolat. Sirius se releva difficilement, et ses faibles mouvements ravirent un brutal mal de crâne. Le jeune homme poussa un grognement sonore, et son ami lâcha ses sucreries pour se tourner vers lui. 

- Ça va, Patmol ? demanda t-il d'un ton moqueur. 

- Impeccable, grogna l'intéressé. Qu'es que tu fais ici ?

- Je suis venu te voir, ça faisait longtemps.

- Oui, au moins une semaine ! plaisanta Sirius. Je te manquait tant que ça ?

- Il faut croire, répondit Remus sur le même ton. 

- Sacré Lunard... 

Sirius se leva, la douleur de son crâne plus intense que jamais. Il porta une main à sa tête par réflexe. 

- Nuit agitée, à ce que je vois, commenta son ami. 

- On peut dire ça...

- Tu en veux ? Proposa Remus en montrant son chocolat.

- Non, merci. 

Encore un peu ivre de la veille, Sirius chercha des yeux sa bouteille de whisky Pur Feu sur la table. Puis son regard dévia vers l'évier du côté cuisine de la pièce, autour duquel étaient disposées les quatre bouteilles qui constituaient sa réserve, toutes vidées. Il étouffa une exclamation scandalisée, avant de se tourner vers Remus, qui le fixait avec un air de défi. 

OS Maraudeurs (univers Harry Potter)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant