Et verbum caro factum est... ...Et le verbe devint chair...

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Lundi 1 octobre,

Nonciature apostolique,

Bruxelles,

Belgique



Au deuxième étage de l'ambassade, agenouillé dans sa chambre aux murs blancs immaculés, Francesco Firenze, ami intime du Nonce Antonio Vitali crachotait son dernier « Notre Père ». La douleur était insupportable. La moindre respiration le faisait atrocement souffrir. Mais il ne pouvait pas hurler.

L'homme en noir lui avait expliqué le rôle de la petite boîte qu'il tenait dans sa main gantée. Un sonomètre. C'était la première fois que le vieux curé en en voyait un.

Son tourmenteur lui avait assuré que si sa prière dépassait les vingt-cinq décibels, il ne la terminerait pas, et qu'en plus il éliminerait tous ceux qui tenteraient de lui venir en aide.  Firenze allait mourir mais il pouvait le faire sans provoquer la mort de victimes innocentes.

- Petit, Mon Père, mais diablement efficace. Sensible au moindre bruit.

Au début, le prêtre n'avait pas prêté attention à ce que l'ombre lui expliquait. Ce n'est que lorsqu'avec des gestes d'une douloureuse précision, son tortionnaire lui avait déboité les bras et brisé plusieurs qu'il avait compris.

L'aiguille de la machine avait à peine oscillé.

Le bruit des os qui se brisent, des cris étouffés, des pieds qui raclent le sol n'avait pas dépassé les vingt décibels.

Une fois la douleur supportable, l'homme en noir lui avait ôté son bâillon et lui avait posé ses questions.

Firenze ferma les yeux. Comment en était-il arrivé là ? Son assassin l'avait doucement réveillé, sous la menace de son arme, il l'avait ligoté et bâillonné. Ensuite, il lui avait montré le boîtier...

- Vous voyez, ça a été facile. Maintenant Mon père, il est temps de vous préparer pour votre dernière prière.

Machinalement, Firenze tenta de se signer mais n'y parvint pas.

- Notre Père qui es auxcieux, que ton nom soit sanctifié. Que, que,que ton règne vienne, que, que que tavolonté soit faite sur terre comme au ciel. Donne-nous aujourd'hui ...

Il s'arrêta.

Du sang lui remontait dans la gorge.

Le tueur appuya le canon de son arme sur sa nuque. Firenze vacilla. Ses bras ballants touchèrent le sol. La douleur irradia tout son corps. Il voulut hurler, mais avant que le moindre son ne sorte de sa bouche, l'homme lui plaça une main gantée sur les lèvres.

Aucun cri ne s'échappa de la chambre aux murs blancs.

- Ttttt, en silence monpère... Donne-nous aujourd'hui notre painde ce jour... Si vous le souhaitez, nous pouvons abréger.

Dans un ultime effort, en pleurant, Firenze poursuivit.

- Donne-nous aujourd'hui notre pain de ce jour. Pardonne-nousnos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés...

L'homme en noir soupira. Des hommes pleureurs, il avait vu ça tellement de fois. Il avait la lâcheté en horreur. Jamais il ne faisait preuve de la moindre pitié. Même face aux enfants. Il allait toujours au bout de ses contrats.

La Pénitencerie ApostoliqueWhere stories live. Discover now