Surclassé

02.

-Nono ! Nono ! M'appelle ma petite sœur tout en descendant l'escalier à tout allure. Dit Nono, on va promener ? 

Avec maman on a longuement tenter de lui faire prononcer "Arnaud" mais il n'y a que "Nono" qui sort de sa petite bouche. Du coup, c'est devenu mon petit surnom.

J'enfile un pull épais, met ma veste trop grande pour elle sur le dos de Cassie et nous quittons la maison. Il y a un parc à moins d'un kilomètre de chez nous, elle adore aller y faire du toboggan. Marcher dans ces rues n'est pas sûr pour une enfant comme elle, pour personne d'ailleurs. Des bars, des fumeurs, drogués, gangs, ... On retrouve toute sortes de brigands dans les rues de Genoa.

Après avoir traversé plusieurs rues insécurisées ou de vieux soulards tentaient d'appelé l'enfant qui me donnait la main, le parc est apparu devant nous. Je n'ai pas eu une seconde que Cassie était déjà en train de courir pour monter vers les toboggans. Elle aime tellement ça.

J'observe quelque peu le lieu, cherchant les sorties possibles ainsi qu'un banc sur lequel m'asseoir. Une fois installé, avec une vie sur tout le parc, j'observe ma petite sœur escalader le module de jeu. IL est constitué de trois étages, chacun ayant son propre toboggan toujours un peu plus haut. Elle a toujours eu peu du plus haut, certainement à cause de sa hauteur justement.

Je n'ai pas eu une enfance très glorieuse. Bien au contraire. Mais j'aimerai que elle, elle puisse avoir la meilleur vie possible, qu'elle ai une chance de vivre heureuse et en sécurité. Une vie parfaite.

-Nono ! Regarde ! Me crie Cassie alors que je la cherche du regard. Elle me fait signe du plus haut du module de jeu et je dois dire, quand elle se lance dans le plus long toboggan des trois, j'éprouve une certaine fierté pour cette petite qui grandit de plus en plus chaque jour. Me surprendra-t-elle toujours comme ça ?

Alors qu'elle a disparue dans le long tube métallique, un homme apparait devant moi accompagné de deux autres plus en retraits.

-Ah, le v'là enfin le p'tit Eaver.... Ton daron y me doit encore 300 balles t'sais ? Il est où? Me menace-t-il.  

Cet homme, Dirk, aussi connu sous le nom de BigD pour cause de son empire de la drogue dans la ville, est le principal dealer de mon beau-père. Et ce dernier lui doit bien évidemment encore de l'argent et malheureusement nous n'en avons plus.

-J'sais pas où il est. Fous-moi la paix.

Il m'agrippe par le col, me redressant, tout en me menaçant de me frapper si je ne lui dit pas où se trouve Oliver. Sauf que je ne sais pas, il doit être dans un coin a boire ou fumer un truc.

-Ok, si tu veux jouer comme ça mon p'tit... Derek, James...  Derek, va m'chercher la p'tite. James tu me maintiens le gosse en place.

Le fameux Derek finit par revenir avec Cassie dans les bras.

-Nono... C'est qui les monsieurs...?

-Personne ma puce. Des amis de ton papa. T'en fais pas, ça va aller.

Dirk éclate alors de rire.

-Tu penses que ça va bien s'passer ? Sérieusement ?

James, me maintenant en bloquant mes jambes et mes bras, je ne peux me défendre contre le coup que l'autre connard de dealer prépare. Je reçois un puissant coup de poing au niveau de l'estomac.  

-Dis moi où il est gamin... Dis moi, sinon je m'en prend à la gosse.

Un nouveau coup dans l'estomac. Je lui crache au visage.

Il attrape Cassie par le bras et la tire devant lui avant de donner un coup de pied qui la couche par terre.

-Connard ! Je hurle. Tout le parc m'a certainement entendu mais personne n'interviendra face à BigD. T'es qu'une pauvre pourriture, une sous merde ! Comment tu peux frapper une enfant ?!

IL ricane et relève ma sœur.

-Dis moi, Arnaud... Dit-il avant de me remettre un nouveau coup dans le ventre qui me fait cracher du sang.

Sous l'effet de la colère et de l'adrénaline, je parviens à libérer un de mes bras et mettre un bon coup dans le nez du prénommé James qui me lâche sous la surprise. Je prend Cassie assez brutalement sur mon dos avant de me mettre à courir vers chez moi.

Je cours du plus vite que je le peux mais devoir porter quelqu'un me ralentis. Heureusement, j'ai pris une bonne longueur d'avances sur eux et j'ai le temps de trouver une ruelle sombre et déserte ou je peux cacher Cassie, endormie, dans une poubelle vide.

-Bouge pas ma puce, ça va bien se passer... Faut que tu restes cachée-là... Je reviens dès que je peux. Je lui chuchote, n'étant pas sûr qu'elle m'entend dans son sommeille.

Je retourne ensuite dans la rue. Si je ne les affrontes pas maintenant ils viendront chez moi et je devrais également protéger ma mère. J'ai a peine le temps de tourner la tête que Dirk et ses deux acolytes se retrouvent devant moi. La rue est étroite avec peu de monde. James tente de m'atteindre d'un crochet du droit mais je l'esquive facilement.

-Espèce d'inconscient... T'es d'jà mal en point alors dis nous où il est avant d'finir crever là!

Il a raison. Si je finis trop mal, je ne pourrais pas ramener Cassie à la maison. Et j'inquièterai maman aussi.

-Ok. C'est bon. Il doit être chez Bill's ou bien au bistro du marché. Laisse-moi partir maintenant. J'me rend. Ok ?  

Je vois à son regard qu'il va tenter quelque chose et pour parer le coup, je frappe en premier. Un droite en plein visage.

-Tu oses me frapper? Moi le seigneur BigD ?! Il s'énerve.

Les trois finissent par me ruer de coup et je finis à terre.

Ils s'en vont tandis que je reste sur le sol, le visage en sang et le corps douloureux.

Je n'avais aucune chance de le battre. Une simple équation... Trois contre un, soit j'arrivais a me cacher soit je les affrontais et perdais. J'ai beau savoir me battre et en avoir l'habitude dans cette foutue ville, mes chances étaient extrêmement faibles.

-Petit, ça va? Me demande un homme que je n'avais encore jamais croisé au part avant.

Je hoche la tête et me relève du mieux que je peux, titubant un peu en me dirigeant vers la poubelle où Cassie se cache.

Mes jambes manquent de flancher à plusieurs reprises mais je tiens bon et ouvre la poubelle. Elle dort toujours. Je la charge sur mon dos et marche au ralentis vers le taudis où je vis.

L'homme inconnu me suis, quelques mètres plus loin. Il n'a pas l'air bien dangereux mais je ne suis quand même pas rassuré qu'il soit si proche de ma petite sœur alors que je suis dans l'incapacité de la défendre. Si jamais il s'avère plus dangereux qu'il n'en a l'air je m'en voudrais de ne pas avoir pris les précautions adéquates. Après une éternité de marche en souffrance, je finis par arrivé devant la porte d'entrée à laquelle je frappe six coups. C'est notre code avec maman pour être sûr qu'il n'y a aucun danger de l'autre côté de la porte. Après quelques secondes, je me retrouve face à ma mère. Sur son visage, je ne lis plus que de l'inquiétude tandis que sur le miens elle peut lire la douleur et la honte de rentrer encore dans un tel état.

-Nono... Qu'Est-ce qu'il s'est passé ? Demande-t-elle avec un léger tremblement dans la voix.

Je commence à lui raconter toute l'histoire tout en installant Cassie dans le fauteuil avec son aide, la porte toujours ouverte, quand soudain surgit de dehors une voix...

-D'ailleurs madame, votre fils s'est bien battu et j'aurais une proposition à vous faire...