Traverville

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Traverville. C'est quoi ce nom ?
Et où je suis ?

J'étais face au panneau qui indiquait le nombre d'habitants ici: 30.
30 habitants ? Et le reste ? Il manque sûrement quelques zéros sur ce panneau usé par le temps.

Il y avait également une carte avec la situation géographique de Traverville.
C'était l'extrême ouest du département.

Pile sur la ligne de frontière avec l'autre pays.
Il n'avait meme pas de nom, ce pays.
L'espace dessiné au delà de la frontière était vierge.

J'avais l'impression d'être au bout du monde.

J'avais froid.
Le ciel était couvert, le crépuscule approchait.
Je distinguais la faible lumière du soleil qui se couchait au loin.

Cet endroit était entouré de montagnes, dont je ne distinguait pas bien les détails.
D'habitude on voit quelques arbres par ci par là, ou les fissures de la roche, mais c'est comme si ce n'était qu'un dessin.

Des fausses montagnes haha, oui, seulement de la couleur bleue-grise. De partout.
Rien n'avait l'air réel.

Ce lieu avait vraiment quelque chose de sombre, bizarre.
Je ne sais pas comment j'ai atterri là, ni pourquoi j'y suis.
Je sais juste que je veux partir.
Je n'aime pas être ici.

J'avance dans la rue principale, malgré qu'elle porte ce nom je n'ai croisé que deux ou trois personnes.
Elles me regardaient avec insistance, d'un air désespéré.

Je me rappelle que ces individus se déplaçaient lentement, tel des zombies.
Ils étaient pâles, fatigués, aucune onde positive ne semblait s'échapper d'eux.

J'essayais de leur parler mais ils ne semblaient pas comprendre un mot de ce que je leur disait.

L'atmosphère était pesante.

Plus je continuais et plus la rue me semblait... Triste, lugubre.

J'arrive au bout et je me rend compte qu'on est situés sur une sorte de falaise, il y avait un petit banc et une barrière de sécurité (dont l'état nous montrait que son utilité laissait à désirer) qui nous séparait du vide.

Je m'appuie contre cette instable barrière en métal, tout en regardant aux alentours. Personne.
Ni maison, ni route, aucune trace de vie humaine.
Je me sentais terriblement seule.

Il fallait que je rentre chez moi.
J'en avais le sentiment.
Mon but était de rentrer à la maison.

En me retournant mon coeur a fait un soubresaut.

En effet, sur le banc inoccupé il y a un instant se trouvait un homme qui me fixait étrangement lui aussi. D'un air comme dépité.

Il devait avoir la quarantaine tout au plus. Mais sa posture courbée, ses vêtements sales et déchirés ainsi sa barbe le vieillissaient énormément.

Ce qu'il me dit alors d'une voix grave m'a secouée

"- Je ne t'ai jamais vue ici. Je m'en souviendrais sinon. Peu de personnes vivent à Traverville à présent. Je ne sais pas par quel moyen tu as atterri ici mais tu ne pourras jamais en ressortir. Aucun moyen de transport n'est utile. Il n'y a pas de routes hors du village. Il y a une gare abandonnée vers l'est, mais je te déconseille d'y aller. Ton âme n'y survivra pas. Cet endroit est touché par une famine monstre, des maladies en tous genres et des accidents qui relèvent du paranormal. Je n'oserais même pas te raconter ce qui s'y passe. Tout le monde ici est réduit au silence, à cause du traumatisme psychologique qu'ils ont subi. Mais je te déconseille de t'approcher à nouveau de cette falaise. L'envie te prendra de t'y jeter sans regrets. Apprend à vivre ici, puisque c'est là que tu finiras tes jours."

Recueil de rêves Où les histoires vivent. Découvrez maintenant