R.I.P

129 15 9
                                    

"How could you leave ? Cruelly saying goodbye with those smilling eyes. It kills me and my breath stops. Oh please, don't go."

"Living like pretending I didn't know you, I didn't know it would be insanely saddening like this. You are leaving me with just the cruel greeting of goodbye. I'll resent you and resent you. 

Please, 

Please don't leave...."

Hier,

On m'a demandé pourquoi mes yeux laissaient couler les larmes à flots. Pourquoi j'hurlais silencieusement entre mes bras, peinant à cacher ce trou immense dans les débris de mon cœur. 

Au début, j'ai voulu ignorer cette question, prétextant que tout allait bien, comme j'en ai si bien l'habitude pour ne dévoiler aucune faiblesse exploitable.

Mais cette foi, je ne me suis pas enfuie.

J'ai répondu qu'un ami venait de rejoindre les étoiles. Un ami à qui je n'avais jamais adressé la parole. Un ami que je n'avais jamais eu la chance de voir devant moi. Un ami qui ne soupçonnait pas une once de mon existence. Un ami que je ne connaissais que depuis quelques mois. Un ami dont j'attendais impatiemment le retour.

Cet ami que nous, Shawols, appelions communément le Dinosaure dans un rire affectueux.

Cet ami qui m'a chamboulé d'émotions à travers cet écran que je fixe chaque jour, a travers ces écouteurs bloquant constamment mes tympans, ces seuls instants où mon visage reprend quelques couleurs. Ces couleurs, elles me rappellent celles de « She is». Ou encore « Dream girl », « 1 of 1 », « Married to the Music » et j'en passe tant...

Oui, ce soir, j'ai passé en revue chacune de ces œuvres dans lesquelles tu respirais le talent, la passion et l'énergie. Tu souriais parfois bêtement, hurlant par excès de folie et de sarcasme, contaminant tes spectateurs de cette joie de vivre, celle que l'on pouvait facilement t'attribuer si l'on oubliait les cris distincts de ton âme suffocante dans « Let me Out », «Lonely », « Elevator »...

Si tu savais combien je voulais t'enlacer à leur première écoute, à l'instant où j'ai compris le sens de ces invitations pour une descente au Tartare. Combien j'aurais voulu t'écouter, trouver une issue à cette douleur... Offrir une aide que je peine également à trouver... 

C'est stupide alors que je ne suis qu'un point sur Terre sur des milliards et des milliards, pas vrai ?

Je ne me doutais pourtant pas que ton départ vers l'autre monde serait si précoce, bien avant même tes trente ans. Lorsque ton visage rayonnant est apparu à l'écran de nombreuses fois ce soir, mon esprit brutalisé ne cessait de se répéter qu'il ne s'était pas éteint. Que ce sourire sur cette guillotine aux proclamations incessantes des réseaux sociaux n'était qu'un triste cauchemar... Mais aussi fatal que le sort que tu n'as jamais mérité, ce cauchemar se nomme également « réalité ».

Si j'ai si mal, si je me sens si étrange, c'est peut-être parce que la veille encore, je pouvais innocemment parler de toi sur une note amusante... Parce que depuis des années, je me sens comme toi... Parce que je me rends compte encore a quel point l'humanité fait des ravages... Parce que ça m'a rappelé a quel point tout peut survenir du jour au lendemain... Parce que tu es la première personne que j'admirais tant à être partie... Comme ça, subitement, envolée... Un mélange de tout ça.

Encore une foi, un innocent feignant la joie a été étreint par la Faucheuse de son plein gré...

Encore une foi, ce nouveau-venu au Paradis a démontré que les apparences peuvent être trompeuses...

Lettre jusqu'au ParadisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant