«Quelque chose ne va pas dans cette salle ! Je ne peux pas vous parler avant que cela soit réglé...» Grand silence inquiet.... Je prie Monsieur le secrétaire général de venir à sa place, qui est à côté de moi !»
Un silence profond avait rempli la salle de conférances du Conseil oecuménique à Genève lorsque Madiba entra au bras de son épouse, Winnie. Elle me fit un petit signe au passage, en réponse à mon timide «Hello». Les gens montèrent sur leur siège pour acclamer le couple. Du jamais vu dans un lieu aussi austère.
Peu après être sorti de prison, après 27 ans de privation de liberté, Nelson Mandela faisait son tour du monde pour remercier tous les groupes anti-apartheid qui ont contribué, selon lui, à le faire libérer.
Les négociations pour cette libération ont été très longue. Il a fallu, selon moi, deux éléments collatéraux essentiels pour faire avancer les choses d’une manière définitive :
- la chute du mur de Berlin et
- l’appartenance confessionnelle du président.
L’ANC, de tendance communiste, était fortement soutenue par l’Union soviétique. Après son implosion, la pression se relâcha sur le gouvernement sud-africain et la crainte de l’installation d’un régime communiste se dissipa.
Le président d'alors contrairement à tous ses prédécesseurs membres de la Hervormde Kerk était
membre de la Gerevormdee Kerk. Les deux Eglises sont d’origine hollandaise et se partagent la population blanche à 90 %. L’immense différence est que la première était une sorte d‘Eglise nationale et la seconde une Eglise de confessants.
Le frère d’un président étant même le modérateur (président) de cette Eglise, qui justifiait bibliquement l’apartheid. Elle avait formé un broederbond, confrérie politique qui avait tous les pouvoirs en main.
Le président ?? était plus ouvert et plus proche de Nelson, avec son éducation méthodiste. Ils s’entendirent plus vite et se firent confiance rapidement.
Ils purent ainsi organiser les premières élections multiraciales, après l’adoption de la nouvelle Constitution bannissant l’apartheid.
Mandela devint le premier président noir d’Afrique du Sud et il nomma son prédécesseur blanc vice-président.
Le nouveau gouvernement ne réussit évidemment pas à résoudre tous les problèmes accumulés par des siècles d’apartheid.
Un sujet fondamental auquel le nouveau président n’osa pas s’attaquer est celui de la dette publique, créée par l’ancien gouvernement. Dans le budget des premières années, le montant de l’intérêt de la dette était supérieur à ceux de l’éducation et de la santé ! Le pays avait un immense besoin d’investissements étrangers, il voulait donc éviter à tout prix de mécontenter les créanciers potentiels.
En Suisse, comme dans d’autres pays, des groupes de travail ont été créés pour faire pression sur les entreprises et les autorités qui ont contribué au maintien de l’apartheid, dans le cadre des Mouvements anti-apartheid. Une plainte a été déposée aux Etats-Unis et des démarches sont faites régulièrement à Berne, pour faire agir les autorités fédérales, en particulier par des parlementaires qui interpellent régulièrement le gouvernement , jusqu’ici sans succés. Les dossiers sont bloqués et les citoyens n’y ont n’y a pas accès.
Le groupe alémanique Kampagne füt Entschuldung und Entschädigung in Südlichen Afrika (KEESA) (Campagne pour le pardon et le dédommagement) est actif et espère obtenir un résultat pour régler ce problème de la dette
Le nouveau
Extrait du discours d'investiture à la présidence de
l'Afrique du Sud en 1994
Notre peur la plus profonde n'est pas que nous ne sommes pas à la hauteur.
Notre peur fondamentale est que nous sommes puissants au-delà de toute limite.
C'est notre propre lumière et non pas notre obscurité qui nous effraye le plus.
Nous nous posons la question : "Qui suis-je moi, pour être brillant, radieux, talentueux et merveilleux?"
En fait qui êtes-vous pour ne pas l'être? Vous restreindre, vivre petit, ne rend pas service au monde.
L'illumination n'est pas de vous rétrécir pour vous éviter d'insécuriser les autres.
Elle ne se trouve pas non plus chez quelques élus. Elle est en chacun de nous.
Et au fur et à mesure que nous laissons brûler notre propre lumière, nous donnons inconsciemment aux autres la permission de faire de même.
Si nous nous libérons de notre propre peur, notre présence
libère automatiquement les autres.
Nelson Mandela