j'étais Timide à l'école

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J'ai eu l'idée d'écrire mon autobiographie pour mes amis afin qu'ils comprennent certains traits de ma personnalité, notamment les raisons de mon asociabilité à l'école et partout, en fait !

Durant mon enfance, j'étais très timide et je ne l'oublie pas. Dans l'espoir d'en finir avec, je désire fidèlement témoigner de ma profonde souffrance. C'est mon premier essai et je vais tenter d'être moins timide avec ma plume.

Les amis d'enfance se souviennent souvent des moments passés ensemble. Ils se remémorent les fêtes organisées dans la bonne humeur, de tel ou tel enseignant, sévère, gentil ou encore drôle (on n'oublie pas un professeur sympathique). Je suis de nature peu loquace, je me contente de sourire et j'écoute les discussions avec minutie.

À l'école le maître répétait de temps en temps, surtout lorsque les élèves se montraient dérangeants et bavards, que le seul timide et sage élève c'était moi. Parfois, il tenait à ce que les élèves répondent en même temps à la devinette : « qui est le plus timide et sérieux de la classe ? » Ils criaient que c'était moi. C'était un refrain auquel les élèves s'attendaient pour faire chorus avec amusement et enthousiasme. Peut-être mon enseignant, selon la circonstance dans laquelle il parlait de mon caractère timide, me témoignait qu'il était content de moi, que j'étais l'exemple pour mes camarades, que j'étais l'élève qui connaissait le règlement et qui savait également se tenir correctement pour ne pas commettre des bêtises et choses honteuses. Toutefois, si je veux donner un sens à mon anecdote, j'avoue que je ne m'extasiais point dans une salle remplie d'élèves qui avaient tous les yeux rivés sur moi dès que mon nom était prononcé. Quelqu'un de timide est tranquille dans un groupe tant que les autres ne parlent pas de lui, même s'ils disent du bien de lui. Il fuit la société des autres parce qu'il perd ses mots, il bégaye si on s'adresse à lui, il frissonne au moindre regard des autres. J'étais ainsi. Par bonheur ma mémoire a chassé de mon esprit une grande partie des scènes ridicules et honteuses dont ma timidité était la cause. Ce n'est qu'un fragment de mon passé que j'ai vécu difficilement et dont le souvenir m'assaille encore, parfois.

J'allais à l'école en compagnie de mes amis du quartier, de mes cousins et cousines de chez moi. Ils avaient tous envie de s'amuser, de batifoler, mais moi je restais toujours taciturne partout où je me trouvais.

Dans la classe, je m'asseyais seul au fond pour passer inaperçu. Je ne me sentais pas à l'aise pour autant car la peur d'être interrogé, d'être appelé, ne me quittait pas durant la journée.Rien ne me divertissait de cette préoccupation lancinante et lassante, même la pause de 15minutes pour la récréation m'exaspérait rudement au lieu de me distraire du souci qui m'envahissait dans la salle. J'avais l'air triste en voyant l'excitation et l'euphorie de mes camardes pendant ce petit moment de détente. Eux, parcouraient gaiement la cour de l'école, s'amusaient, se prenaient par la main et discutaient ensemble dans une bonne ambiance. Pendant ce temps, je les regardais de loin, j'errais de salle en salle, des toilettes à la direction pour que cette récréation finisse au plus vite. Elle n'était pour moi qu'un temps d'introspection, de saisissement de mon comportement désagréable par rapport aux autres, de prise de conscience de ma timidité maladive qui me privait de joie, d'amitié, de bonheur... Pour ces raisons, je préférais qu'on nous prive de récréation et qu'on nous libère à la fin des cours. Aussitôt la fin des cours, je m'en allais très vite pour rentrer à la maison. C'était, enfin, un moment détente pour moi. Le soir au lit, je songeais au jour suivant que je passerai à l'école, il en était de même au réveil, sans espoir, très préoccupé. À la hâte et surtout sans appétit, je finissais mon petit déjeuner, je me préparais pour aller à l'école en imaginant ma nouvelle journée. Lorsqu'on a un tel souci perpétuel on n'a pas le temps de regretter celle qui est survenue de peur que la nouvelle soit encore plus pénible. Une journée bien passée sans qu'il m'arrive rien de ce que je redoutais n'était pas pour moi, scrupuleux, une garantie que la suivante serait idem. Je craignais d'avance de me retrouver dans un triste embarras.

La Timidité,Where stories live. Discover now