Timidité, combien de fois, dans combien de situations tu m'as rendu perplexe, irrité contre moi, solitaire, craintif, malheureux ? Combien de choses, d'occasions qui ne sont pas revenues, j'ai loupées ? Combien de faits peu aimables, de dires incontrôlés, de conduites bizarres j'ai fait sous ton emprise ?À cause de cette timidité et rien que par elle, combien de choses je n'ai pas apprises, de gens que je n'ai pas connus, de lieux que je n'ai pas vus, de faits dont je n'ai pas pris le recul, de savoir-faire que je n'ai pas acquis ?
Je crois que le fait de s'extraire, de s'isoler sans cesse est commun à toutes les personnes timides. En effet, je détestais la compagnie des autres dans toute situation. À quoi bon rejoindre et rester avec les autres si l'on ne sait pas causer, plaisanter, s'amuser ? Moi, je n'avais rien de ces qualités, je n'avais rien de spécial et tout ce que les autres disaient presque unanimement sur moi c'était que j'étais asocial. En fait, moi-même je me reprochais sans cesse ma conduite. Ce que je détestais c'est que certaines personnes osaient faire un constat ou portaient une sorte de jugement sur moi. Ils disaient « la personne qui se tait, qui ne dit mot, qui est taciturne est la plus malveillante, malintentionnée envers et contre tout le monde ». On se connaît à peine soi-même alors comment pourrions bien connaître autrui ? En tout cas, leur jugement est complètement faux à mon égard. Ce qu'ils ignorent c'est que la personne timide s'efforce sans trêve à se faire de bonnes relations et se lier aux autres, de sortir de son mutisme, de ne point avoir honte, peur et gêne. Elle se fait des reproches après chaque acte, chaque parole parce qu'elle agit chaque fois avec peur, honte, stress et quand la timidité s'empare d'elle rien ne se passe bien, rien n'a une bonne fin pour elle. Je dis que l'on accuse à tort un timide parce que ce dernier, dans sa solitude, passe tout son temps à penser à lui, à sa conduite et n'en veut à personne. Si sa timidité, sa solitude vous font dire et croire qu'il s'agit de malignité, d'antipathie, alors je vous assure qu'il mène une lutte discrète contre sa timidité et vous le traitez de quelqu'un qui manigance contre vous, qui haie les autres, qui nourrit dans son intérieur l'animosité.
Je me souviens très bien du jour où je me suis disputé avec un ami. Comme c'était devant la maison, les familles ont vite su qu'on se querellait ; sa cousine est vite venue vers nous et je m'attendais à ce qu'elle nous demande la cause de notre querelle ? La faute était à qui ? Mais elle n'a pas du tout agi ainsi et c'est ce qui m'a beaucoup indigné, chagriné et navré. Me taire était mon unique option. J'aurais pu, mais je n'ai pas su décanter les choses, montrer que la bagarre n'était pas ma faute, mais qui voulait m'écouter ? Et d'ailleurs avais-je le courage de persuader quiconque dans une telle situation ? Et évidemment lorsqu'on n'écoute pas on n'apprend pas. Cette femme m'a fait passer pour le fautif que je n'étais pas, sans écouter un seul de mes mots. Lorsque je voulais parler elle m'interrompait aussitôt. Ce qui m'a interloqué, c'est qu'elle répétait qu'elle me connaissait très bien, que j'étais quelqu'un de très mauvais, qui avait de l'aversion pour les autres. J'étais dans un désarroi inimaginable. Dans de telles circonstances le trouble, le stress, la peine et la déception d'un timide n'a pas sa pareille. Il sait au fond de lui qu'il n'est pour rien de ce dont on le culpabilise, mais il n'arrive pas à le faire admettre au gens. Dans une situation analogue qui, si ce n'est un timide, lâcherait l'affaire en étant persuadé qu'il n'a pas tort ?
Ce que je raconte ici à propos de ma timidité, je crois bien que certains vont le lire avec le sourire aux lèvres, confirmant bien mes dires, tout à fait d'accords avec moi. Et d'autres le liront à peine une minute sans comprendre grand-chose et qui approuveront peut- être quelques passages par un hochement de tête. Malheureusement, je ne suis pas du tout éloquent. À l'école, à la maison, dans le quartier, partout un timide ne trouve personne qui puisse le comprendre pour laisser passer sa gêne. À l'école les amis te prennent pour quelqu'un d'orgueilleux, d'égoïste car tu préfères bosser seul. À la maison on te voit comme inactif et insouciant. Dans le quartier en général, tu es quelqu'un d'hautain, de sournois, misanthrope, je ne sais quoi encore, simplement pour n'avoir pas dit souvent salut au passage, pour n'avoir pas fréquenter les jeunes du quartier... Durant mon enfance, j'étais anxieux du manque de soutien et de réconfort que ma situation aurait mérité. L'incompréhension des autres me vexait profondément. Cela m'importe trop d'exposer ce témoignage pour que partout la personne timide soit traitée avec soins et tendresse. Elle veut juste qu'on la comprenne, qu'on renforce sa confiance en elle pour être la meilleure personne aux yeux de tous.
En fait, je crois bien que ma timidité m'a rendu intelligent. Je pense que c'est parce que je ne me mêlais pas des histoires des autres et que je ne fréquentais que des bonne personnes sages dont la compagnie ne me faisait craindre aucun mal. Je prenais soin de mes affaires, prudent dans toute situation. Faire preuve de toutes ces qualités est en vérité difficile quand on est très jeune.
Même à la maison, ma propre famille disait que j'étais timide car lorsque quelqu'un de la famille, que je ne connaissais pas, venait s'installer chez nous j'avais du mal à faire connaissance avec lui.
Je passais plus de temps à la maison car dans la rue lorsque quelqu'un me saluait ou me demandait comment j'allais, je répondais, sans pouvoir le regarder dans les yeux, d'une voix à peine audible « ça va » et sans pouvoir dire au moins « et vous ». Les larmes inondaient immédiatement mes yeux. Et très souvent je ne saisissais pas ce qu'on me disait. Dès que j'apercevais au loin une personne que je connaissais et qui ne passerait pas sans me parler, je changeais de direction pour ne pas la croiser. J'évitais tant que je pouvais certaines personnes, situations, actions pour ne pas me trouver dans le désarroi et pointé du doigt comme si j'étais un enfant anormal.
C'est sûr que j'étais très mal dans ma peau et je ne supportais pas qu'on se lamente pour moi, devant moi, à ma place, en ma faveur.
Depuis que je suis étudiant, fort heureusement, je suis plus serein, beaucoup plus bavard et j'ai des amis !
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La Timidité,
Adventuredurant mon enfance j'étais timide.je me reprochais cela et je m'enfonçais souvent isolement. dire les maux par les mots est une exutoire simple et important. j'ai toujours considéré que se faire connaitre comme timide est une grand honte. mais f...