Chapitre 8

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Thomas

Je me sens rougir. Je brûle. J'ai des papillons dans le ventre, ce n'est pas bon signe.
Damien me regarde, l'air sérieux. Je me mord la lèvre et souris. Il est vraiment gentil. Je crois que je vais pleurer. Il n'a pas dit grand chose mais... Mais j'avais besoin de réconfort. J'avais besoin que l'on me rassure, que l'on me dise que cette foutue cicatrice ne représente rien. Qu'elle ne me mettra pas à l'écart. J'avais commencé à m'y faire. Hugo m'a déjà rassuré beaucoup de fois, mes parents aussi... Mais que ça vienne de quelqu'un d'autre me touche beaucoup.
Je suis du genre à m'inquiéter de trop et à paniquer pour pas grand chose. J'ai broyé du noir très longtemps à cause des séquelles de mon harcèlement. À chaque fois que je veux oublier, cette cicatrice me remémore ces affreux moments de ma vie de jeune ado.

Je sens mes larmes monter. Je n'ai pas pleuré depuis longtemps.
Une larme coule sur ma joue et je vois Damien écarquiller les yeux. Il passe sa main sur ma joue afin de l'essuyer, puis saisit son téléphone.

Message de BadBoyGuimauve :
Merde j'ai dit une connerie ??
Pleure paaaas !

"Nan t'as rien dit de mal... Au contraire... Merci Damien..."

***
Damien

Il me sourit mais pleure toujours. Il remet son t-shirt puis me regarde. D'un coup, il se jette dans mes bras et se blotti contre moi. Je ne sais pas vraiment comment réagir. Je me contente de lui frotter doucement le dos.

"Damien... Merci... Merci d'être là... Je sais, on ne se connait pas beaucoup, mais... T'es vraiment un bon ami. Je m'attache peut-être trop vite, mais je ne veux pas te perdre. Je pense que toi et moi, nous pouvons accomplir de grandes choses ensemble..."

Il se recule un peu afin de me faire face et de plonger son regard dans le mien. Ses joues sont rosies et des larmes coulent toujours. Il a encore son éternel sourire.

"Tu sais, je pense que parfois on réfléchit trop. On se pose beaucoup trop de questions pour pas grand chose... Dans les films, quand deux personnes s'aiment ou souhaitent devenir amis, parfois ils s'interrogent sur le pourquoi du comment et se prennent la tête. Je trouve que parfois dans la vie, c'est bien aussi de laisser les choses se faire sans trop y réfléchir. Et tu vois, j'ai envie que toi et moi on laisse les choses avancer normalement. Pas de prise de tête pour rien. On peut être amis sans penser aux conséquences. Après tout est-ce qu'à chaque fois que tu fais quelque chose, tu penses à ce qu'il va arriver par la suite ? Je ne pense pas. Je sais que tu as peur de souffrir Damien, je comprends. Mais putain Damien, faut pas qu'on se pose trop de questions, faut pas s'angoisser pour de la merde, faut pas qu'on pense comme les autres. On a pas besoin de s'inventer des problèmes, il n'y en a pas. Du moins pas entre nous. Alors s'il te plait Damien, soyons vraiment amis. Fais moi confiance..."

Il baisse les yeux et joue timidement avec ses mains.

"Quand tu as dit que toi aussi tu commençais à t'attacher à moi et que ça te saoulait, et bien, ça m'a un peu tracassé... Parce que de mon côté, c'est pareil. Je m'attache beaucoup trop à toi. Je ne sais pas pourquoi. Pourquoi toi, ou pourquoi si vite, et je n'ai pas envie de savoir. Je laisse faire le destin. Et puis, tu l'as dit toi même : Si dans notre destin, il doit se passer quelque chose, et bien cela se passera quoiqu'il arrive. Alors notre amitié fait peut être partie de notre destin..."

Il a sans doute raison. Peut-être que je me pose trop de questions. Peut-être que ma méfiance n'est pas nécessaire. Je devrais sûrement laisser les choses se faire.
Je ne comprend pas comment j'ai pu changer aussi vite. Tout cela reste un mystère. Il a fallu que ce mec arrive pour briser ma carapace. Ça paraît tellement cliché, mais putain c'est réel. Et que celui qui ne s'est jamais attaché rapidement à une personne me jette la première pierre.

Thomas est parti pour faire un monologue de trois heures pour me convaincre de lui faire confiance. Je n'ai pas envie de l'arrêter, mais il s'angoisse. C'est assez paradoxal, mais c'est le cas. Je veux lui montrer qu'il peut s'apaiser, mais je ne veux pas lui dire par message.
J'aimerai pouvoir lui dire. J'aimerai pouvoir lui parler, seulement, j'en suis incapable. Peut-être que je peux lui chuchoter. Il a bien fait l'effort de se confier à moi, je peux aussi faire quelque chose pour lui.

"... Thomas... Je suis là... Je vais essayer de faire des efforts pour que l'on devienne vraiment amis. Je serais pas le meilleur pote, c'est sûr, mais je veux bien essayer... T'as raison, on se pose sûrement trop de questions..."

Thomas semble choqué. Il me regarde les yeux écarquillés. Chuchoter me demande beaucoup d'efforts, il ne m'a entendu qu'une fois le faire à part aujourd'hui.

"... Damien, tu peux pas savoir à quel point je suis heureux maintenant. J'espère que cela durera longtemps..."

Il se blottit à nouveau contre moi avec un sourire resplendissant. Je me surprend à apprécier cette étreinte. Je n'ai plus réellement d'affection depuis bien longtemps...

"Damien ... Tu sais pourquoi j'adore l'astronomie, et particulièrement Pluton ?"

Je secoue la tête. Il me regarde tout sourire comme un enfant.

"L'astronomie, ça me permet de m'évader. Et puis Pluton... C'est une planète que pas mal de gens oublient. Tout le monde s'en fout un peu d'elle, tu vois. C'est même plus une planète, d'après les autres. Ça peut paraître futile, mais tu vois, ça me fait de la peine. Du coup, je veux pas la laisser de côté ! Je suis un enfant, pas vrai ?"

Il rit. On dirait un enfant. Un enfant attendrissant.

⏳⌛

Il est dix heure. Nous nous sommes endormis. Nous avons longuement parlé cette nuit. On a veillé jusque trois heures du matin environ. Thomas n'arrêtait pas de sourire.

Il m'a apprit ce qu'il savait sur les étoiles, enfin l'astronomie en général. Nous sommes allés sur le balcon et on s'est allongés, on a regardé le ciel pendant des heures. Thomas avait installé des matelas sur son petit balcon, avec des couvertures et des coussins. Voilà pourquoi je me réveille en sentant la brise fraîche sur mon visage. Heureusement que nous sommes en septembre, et qu'il ne fait pas trop froid. Enfin, moi, je n'ai pas froid, mais Thomas, si. Il est collé à moi et a deux couvertures sur lui.
Je n'ose pas bouger, de peur de le réveiller.
Il semble si paisible quand il dort.

Demande À Pluton [Terraink]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant