Chapitre 13

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La porte se déverrouilla et les deux mêmes hommes abandonnèrent leur prisonnière à même le sol. Alors que Liam se précipitait vers elle, il reçut un coup à la mâchoire qui l'arrêta brusquement. Les terroristes ricanèrent en ressortant, sous le regard noir de Liam. Il déposa la jeune fille sur le lit avec douceur, ce qui ne l'empêcha pas de faire une grimace de douleur. Un beau bleu longeait sa mâchoire, elle saignait du nez et sa pommette était entaillée. Mais, étrangement, il avait l'impression qu'elle était dans le vague, comme très loin. Il ne mit pas longtemps à se rendre à l'évidence : Eve avait été droguée.

Il soupira. Il ne pouvait rien faire d'autre qu'attendre en priant pour qu'elle se remette vite des effets. Malgré son effroi devant les dégâts qu'elle avait subi, il était heureux qu'elle soit encore en vie.

Eve reprit ses esprits au bout de quelques heures. Elle avait mal partout, elle devait avoir quelques côtes cassées et des bleus la recouvrait de la tête au pied. La lumière lui semblait beaucoup trop insupportable alors qu'il ne régnait qu'une lumière tamisée par le volet à moitié fermé de la lucarne. Elle gémit mais à peine bougea-t-elle que son estomac émit toutes ses protestations, elle vomit une bile acide. Liam, qui s'était assoupi, se réveilla en sursaut. Il aida la jeune fille à ce qu'elle ne s'étouffe pas, la mettant sur le côté. Il s'excusa en la voyant grimacer de douleur. Des larmes coulèrent malgré elle, sur ses joues.

‒ Eve... ne pleure pas...

‒ J'ai mal...

Liam se mordit la lèvre.

‒ Je suis désolé d'être à ce point incapable de te protéger.

Il s'en voulait. Eve secoua difficilement la tête et murmura d'une voix brisée :

‒ Imbécile, je n'attends pas de toi que tu me protèges, alors arrêtes un peu ton cirque...

‒ Mais...

‒ Tais-toi, ça me fait mal de parler, alors écoute le silence.

Le garçon hocha la tête.

‒ Liam... Récupère le portable dans ma poche, ils n'ont pas vu que cette robe avait des poches et ils ne me l'ont pas pris... En même temps ils ignoraient l'existence de ce portable donc...

Elle toussa et du sang se déversa sur les draps. Elle n'allait pas mieux et se sentais toujours nauséeuse et embrumée.

‒ Tais-toi, Eve, tu n'as pas le droit de parler. Il n'y a pas de réseau ici donc ça sert à rien.

‒ Gardes-le... Ne leur donne pas.... Jamais, d'accord ?

‒ Oui, oui, mais tais-toi s'il-te-plaît.

Les larmes lui montaient aux yeux, il n'avait pas pris conscience de s'être autant attaché à la jeune fille. Elle retomba dans les vapes quelques instants plus tard, le laissant seul avec son désarroi. Il avait conscience qu'à ce rythme, elle ne tiendrait pas et mourrait sous peu. Et ça le tétanisait.

Elle dormi encore quelques heures et ne se réveilla qu'en milieux d'après-midi, selon les estimations de Liam. Elle semblait souffrir un petit peu moins et il s'en rassura. Pourtant au bout de quelques instants, un éclair de panique traversa son visage. Elle murmura :

‒ Liam... J'ai perdu le téléphone... Il a disparu...

Liam la regarda, un peu interloqué.

‒ Ils me l'ont pris... Liam...

‒ Mais non... Eve, tu me l'as confié tout à l'heure, calmes-toi.

Elle le fixa à son tour, penaude et il sortit le téléphone pour le lui prouver.

‒ Je... Je ne m'en souviens plus...

‒ Tu es encore en état de choc, c'est normal. Bon il faudrait sortir d'ici, non ?

Eve hocha la tête. Il avait sans doute raison. Mais elle n'avait vraiment aucun souvenir de lui avoir donné le téléphone. D'ailleurs, elle ne se rappelait pas vraiment de son interrogatoire, non plus. Ignorant la douleur qui lui cisaillait partout, elle s'assit puis se leva du lit dans une grimace.

‒ Liam...

Il se tourna vers elle et vint la soutenir, inquiet. Mais elle le repoussa doucement. Elle voulait tenir debout seule et sans aide, sinon, son idée ne tiendrait jamais la route.

‒ Je crois que j'ai une idée, en fait. Tu n'es pas épais et moi non plus, on devrait sortir par la lucarne.

Liam écarquilla les yeux.

‒ Mais on est à l'étage...

‒ Je sais mais... Je fais de l'escalade et je devrais pouvoir passer même si je suis un peu blessée...

‒ Un peu blessée ? Mais regarde la vérité en face tu tiens à peine debout. Tu ne pourras jamais désescalader la façade !

Elle lui jeta un regard teinté de défi.

‒ Tu as une meilleure solution peut-être ?

Liam dû s'avouer vaincu. Bien sûr qu'il n'avait pas d'autre solution.

‒ Alors je passe en premier.

‒ Non, toi tu dois d'abord mettre le lit en travers de la porte, comme ça, ils ne pourront pas entrer, je pense.

Il soupira et lui demanda d'attendre, le temps qu'il le fasse, cause perdue. Eve ouvrit la fenêtre et se glissa avec toute la prestance que lui permettaient ses blessures ‒aucune en somme‒ au travers de la lucarne. Cette expérience fut la pire de toute, sa vie, excepté peut-être la mort de ses parents, et son interrogatoire. Cette constatation lui glaça le sang. En fait sa vie était étrangement glauque. Chaque mouvement lui donnait l'impression que c'était le dernier et actuellement, elle se fichait bien des rares passants qui la regardaient, horrifiés. Portant elle était mue par un instinct qui lui ordonnait de survivre, si bien que malgré la douleur qui la transperçai à en pleurer, elle continuait de l'avant. Une fois arrivée en bas, elle se roula en boule contre le mur et attendit que Liam la rejoigne, la douleur la submergeant. Mais une voix l'interpella :

‒ Eve ?

InsaisissableWhere stories live. Discover now