II.

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Anirban pénétra dans un parc ultra modernisé où plusieurs œuvres dont des sculptures massives, des tableaux, la plupart réalisés par de jeunes étudiants, étaient éparpillées à travers celui-ci. Les bourgeons étaient encore totalement refermés sur eux-même. Les étoiles brillaient en cette nuit dégagée. La lune resplendissait. Le lac était recouvert d'un voile argenté.


Alors qu'il savourait son dîner, après avoir effectuer sa promenade habituelle, dans cette obscurité froide, un visage pale apparut. Il était comparable à la lune en cette nuit de Mai. De grands yeux d'un bleu profond, un petit nez retroussé et des lèvres vermeilles éclairaient et formaient son visage immaculé. Sa figure était encadrée de courts cheveux blonds vénitiens. Anirban pensait rêver. Cette femme était tel un songe. Son corps lui était apparu tellement rapidement qu'il semblait irréel. Elle était petite ; son corps svelte se plia en quatre pour s'asseoir près de lui. Le silence régnait. Il ne mangeait plus. Ils se fixaient comme s'ils étaient des objets étranges l'un pour l'autre. Il plongea dans cette étendue infini qu'offrait le regard de la jeune femme et se retrouvait envoûté au point de ne plus savoir qui il était, il se retrouvait comme la représentation vivante de ce personnages de fiction niais. La figure pâle se déplaça pour poser sa tête contre l'épaule du jeune homme totalement troublé. Elle interrompit ce silence léger pour lui demander :


« - Que fais-tu ici ? Anirban ne pouvait qu'être que plus perturbé. Pourtant il lui répondit avec une grave puérilité :


« Toi, que fais-tu là ?


- J'ai pour habitude de me promener là le soir pour puiser de l'inspiration, mais tu ne réponds pas à ma question.


- Rien de bien passionnant si tu veux réellement savoir, je profitais simplement de cette douce soirée.»


Ils contemplèrent tous deux la pleine lune :


« - Tu sais, d'après moi, la lune est l'astre le plus intéressant de notre Univers


- C'est évident, pour l'être humain centré sur lui-même en permanence, lâcha-il d'un air désabusé.


- Tu serais pas un peu arrogant ? Plaisanta-t-elle, ils se mirent à discuter tels de bons vieux amis en riant, débattant, racontant leur origine, leur enfance...


Anirban savait tout de la jeune femme hormis son nom. Aucune gêne ne s'était insinuée dans leur conversation animée sur le spiritisme ; les professeurs d'arts plastiques toujours plus maussades et lassés des petits gamins qui eux sont, toujours plus insensibles et presque idiots, d'après la jeune femme ; de la place des femmes dans la société indienne, la jeune européenne qu'elle était y été très intéressée. Elle croyait aux esprits, aux différents chakras et même à la réincarnation se qui surprit le jeune hindou très croyant qu'était Anirban.


Quelle est la raison de notre existence ? Sommes-nous seulement le résultat de l'évolution ? Quel sera notre vie, si il y a, après la mort ? Telles étaient les questions que la jeune artiste se posait. Ils passèrent la nuit à se raconter et débattre sur ces sujets politiques, sensiblement artistiques, littéraires et même existentiels. Anirban tombait peu à peu amoureux de cet esprit volatile et curieux et du visage pure de cette jeune femme au nom inconnu.


Peu à peu, le ciel se voila et la pluie déferlait déjà avec une puissance incomparable. Le cliché aurait voulu qu'il lui passe sa veste et qu'elle lui tende la main tout en courant à travers l'orage. Puis qu'ils s'embrassent sous la pluie tels des amants séparés durant des mois. Les cheveux et les vêtements trempés, le maquillage défait ils se seraient déclarés leur flamme commune. Mais rien de tout cela n'arriva, ils se quittèrent d'une façon rapide et brusque au point qu' Anirban ne senti qu'un gouffre profond s'immiscer en lui. Après avoir subi les bouleversements du ciel, se doucha tout en repensant à cette rencontre incongrue.


LUNEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant