Je voulais vous remercier d'accepter de partager avec moi, et surtout avec nous, vos histoires aussi bouleversantes que personnel. Parce que partager et raconter des moments de vos vies aussi douloureux et parfois traumatisant, c'est aussi revivre chacun de ces moments que vous aviez enterrés. Alors merci a vous parce que j'espère que dévoiler au grand jour vos blessures aiderons d'autre personnes en leur montrant qu'ils ne sont pas seuls et qu'une solution existe toujours.
Le viol est un sujet des plus délicat, c'est pourquoi j'ai hésité plusieurs semaines avant de finalement décider, avec l'encouragement de celle que l'on appellera Laura, de traiter de ce sujet avec vous. Quand j'ai demandé à Laura pourquoi elle désirait en parler, voilà ce qu'elle m'a répondu :
Quelqu'un m'a fait beaucoup de mal, il m'a presque tué à l'intérieur, mais ceux que j'aimais, ceux qui étaient censé me protéger, eux m'ont fait encore plus de mal...
C'était les vacances d'été, quelques semaines la séparait encore de sa rentrée au lycée. Laura avait 15 ans et a cet âge, on se sent devenir une peut adulte. Dans leur bande d'amis, ils étaient 3 filles et 2 garçon, et si deux de ces amis étaient en couple, le deuxième garçon, âgé de 17 ans (à qui je ne donnerai pas plus d'importance en lui donnant un pseudo) était nouveau dans la bande, et dès son arrivé, il a fait de l'œil a Laura.
Laura a pris le soin de partager avec moi ces sentiments de l'époque a propos de ce garçon. C'était la première fois qu'un garçon s'intéressait ouvertement a Laura et comment ne pas se sentir flattée ? Mais cela s'arrêtait là, Laura était une jeune fille timide et ne portait aucun intérêt aux garçons, celui-là y compris.
Les semaines s'écoulèrent alors que chaque jour ou presque la bande se réunissait, parfois chez l'un, parfois chez l'autre et très souvent au bord d'un étang qui était devenu leurs QG, et si Laura était d'abord restée muette face aux avances du garçon, elle avait rapidement et clairement formuler des refus, au début seul à seul et par la suite en comprenant qu'il n'en tenait pas compte, Laura avait réitérer son refus, mais cette fois devant toute la bande. À mesure que le temps passait, l'intérêt de ce garçon pour Laura s'était transformé en désir et personne ne pouvait l'ignorer. Ces regards étaient insistants voir menaçant, et bien que Laura ait déjà formulé publiquement plusieurs refus, il ne s'arrêtait pas. Elle ne l'appréciait plus du tout et il commençait même à l'effrayer. Laura s'était confiée sur ces craintes à ces amies à plusieurs reprises, mais ces dernières s'agaçaient de plus en plus des peurs dites "ridicules" de Laura. Elles lui répondaient qu'il ne faisait que rigoler, que ce n'était rien de très sérieux.
Laura m'expliquait que rétrospectivement, elle avait senti comme une alarme s'allumer dans sa tête peut de temps après l'arrivée du nouveau garçon dans la bande, mais que sur le moment elle n'en avait pas conscience, elle était comme bien des jeune filles candide, naïve et que cette alarme n'était alors que trop faible.
Un jour durant cet été, ce garçon avait adressé ces excuses à Laura devant toute la bande. C'était aussi rapide qu'inespéré, me disait Laura. Il lui avait juste dit qu'il regrettait son comportement et qu'elle n'avait plus de craintes à avoir, il avait "compris le message".Après cela, Laura se sentait enfin soulagée, les vacances pouvaient reprendre leur cour. Il ne faisait plus de remarques déplacés, plus de regards insistant, elle avait l'impression qu'il l'avait enfin oublié. Quelques jours plus tard, il avait demandé à lui parler seul à seul, Laura n'était pas rassuré par la perspective de se retrouver seule avec lui mais c'était d'après lui pour s'excuser "comme il se devait". Elle s'était alors rendu seule à l'étang, comme il lui avait demandé, en espérant qu'après cela, elle en aurait fini avec lui.
Il était un peut plus de 16 heures quand elle arriva à l'étang, il était déjà là, il l'attendait. Il avait commencer à s'excuser a nouveau de son comportement en lui répétant exactement les mêmes phrases que la fois précédente, mais son discourt avait pris un chemin différant cette fois. Il lui disait que c'était de sa faute a elle, qu'elle le séduisait et que bien qu'elle s'en défendait, elle savait très bien qu'elle l'avait "allumé".
Laura me disait que c'était à cet instant que l'alarme s'était mise a hurler, et dans sa tête elle tournait en boucle, elle lui ordonnait de partir, de courir aussi vite que possible. Mais avant qu'elle puisse se retourner, il l'attrapa par les deux bras se dédouanant déjà de l'horreur qui se produirait, "je ne fais que terminer ce que tu as commencé".
Bien que Laura m'ait parlé ouvertement de l'atrocité qu'elle a subit, j'ai décidé de ne rien dire que vous ne puissiez imaginer.
Laura me confiait : quand il eut fini, il se releva et effaça sur lui toute trace de ce qu'il m'avait fait. Moi, je suis restée là, recroquevillée sur moi, j'avais l'impression que le monde s'était effondré sur moi, je n'avais pas la force de me dégager de ces décombres. J'avais honte, je voulais mourir.Elle pensait qu'après ça, rien ne pourrait jamais être pire, mais plus tard, elle avait regretté cette pensée. Son père et sa mère l'avaient vu rentrer chez elle dans un état chaotique et Laura me confiait que c'était son père avant sa mère qui avait compris ce qui lui était arrivé, elle l'avait lu sur son visage.
Je ne révélerai pas l'âge de Laura, mais sachez qu'a l'époque de ce drame, les kits de viol n'existaient pas, on ne faisait pas de prélèvement ADN, a cette époque c'était sa parole a elle contre celle d'un autre.
Elle habitait dans une petite ville et après avoir subi le pire, l'horreur continuait. Les personnes les plus discrètes la dévisageaient, d'autre en parlaient librement comme si c'était la dernière nouvelle, tout le monde avait un avis et personne ne se faisait prier pour le donner. Elle était devenue "la menteuse", "la traînée" ou au mieux "une gamine qui ne savait pas ce qu'elle faisait".
Manque de preuves, l'affaire a été classé sans suite. Il était libre, mais par-dessus tout, il était aux yeux de tous innocent alors que Laura était devenue coupable, elle. Mais coupable de quoi ? Lui demandais-je. Coupable d'avoir été violée.J'ai décidé de laisser à Laura ces quelques dernière lignes pour s'exprimer librement. Voici son message :
Nous vivons dans un monde parfois complètement fou, et malgré les avancées humaines, la société reste englué dans ces travers. À mon époque, si une jeune fille était victime d'un viol, elle en était malgré tout responsable, parce que les "bonnes filles", ne rencontrent pas les garçons toute seule. Parce que les "bonnes filles" doivent rester chez elles. Aujourd'hui, si une jeune femme se fait agresser, on entendra toujours un homme ou pire, une femme bien-pensante dire que sa jupe était trop courte, qu'il était trop tard pour rentrer en train...
Pourquoi avoir ce besoin de faire de la victime le coupable ? Pourquoi ma propre mère protégeait elle mon violeur en disant que ce n'était qu'une erreur de jeunesse ?
Ce n'est pas cette jeune femme qui met une jupe trop courte qui a un problème, ce n'est pas cette femme qui rentre seule tard en train qui a un problème, ce n'est pas cette fille qui met un décolleté trop plongeant qui a un problème. Non, c'est non, et si vous ne le respectez pas, c'est vous qui avez un problème !
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On en parle?!
Ngẫu nhiênEn attendant d'écrire mon autobiographie, laissez moi vous raconter touts ces choses dont j'aurais dû parler. À chaque fois, j'ai gardé pour moi les choses secrètes alors que j'avais tord. Parlons de toutes ces fois où on aurait dû réagir, parlons d...