7 : 4 2

1.4K 109 9
                                    


Placides, ses pupilles se fanent contre la surface grasse de la fenêtre. Accoudé contre le rebord, une odeur de pain grillé embaume la cuisine. Le jeune homme cherche quelque chose dans le gris du ciel.

Il s'y perd et s'y retrouve.

Ses paupières tombent lentement, rideaux de velours sur la scène de son quotidien. Et fragiles, ses pensées s'agitent en ce matin d'hiver.

Il s'imagine.

Deux bras tièdes enlaceraient sa taille, puis le poids chaleureux d'un corps s'accorderait contre le sien. Il humerait cette odeur familière, ce parfum délicat et masculin auquel il ne sait résister. Le coin de ses lèvres se relèverait tendrement, dessinant un sourire lumineux, heureux. Puisque jamais auparavant il ne se serait senti aussi comblé.

« Tu t'es levé tôt, murmurerait-on contre sa nuque.

- Je sais...

- Tu as bien dormi ? Continuerait-on en lui caressant les cheveux.

- Merveilleusement bien, et toi ? »

Un rire lui aurait répondu, suivi d'un baiser contre son épaule nue. La réponse aurait été évidente.

Chaque caresse s'égarerait, se ferait plus langoureuse que la précédente. Ses yeux se seraient fermés pour apprécier cette vague matinal de tendresse, ses pulpes encore chaudes contre son épiderme.

« Je dors toujours bien quand je t'ai dans mes bras. »

Les mots lui échappent douloureusement. Les yeux à demi-clos, il observe les tuiles gelées du bâtiment voisin. Le froid lui mord le nez, les joues, le bout des doigts et le haut des épaules. Il s'épuise à cette fenêtre, à se souvenir, à se rêver de nouveaux instants de douceurs.

Pourtant la réalité est belle est bien là : solitude.

Et il se sent con, très con.

Au fond de lui, il sait qu'il l'a un peu cherché. Aujourd'hui il pourrait passer sa journée avec une personne qui lui est chère, mais non, il serait seul. Même s'il veut se débarrasser de cette horrible sensation qui lui dévore la poitrine, il souhaite aussi assumer sa bêtise. Il l'a mérité cette solitude, cet isolement, cette ignorance.

Mais ça le tue de savoir que c'est pour une connerie.

Maladroit, il ne voulait pas de cet éloignement, de ce vide dans sa vie.

« Tu avais raison... Je suis vraiment con. » Souffle-t-il pour lui-même.

Les yeux baissés, il ferme la fenêtre et s'installe à la maigre table contre le mur de sa cuisine.

Tout est petit chez lui, encore plus depuis qu'il se retrouve sans compagnie.

Un silence de plomb règne en maitre, bataillant faiblement contre le bruit des tartines de beurre qu'il mange lentement. Son débardeur trop grand penche d'une épaule à l'autre. Et son regard reste suspendu dans le vague.

SUNDAY | taekookOù les histoires vivent. Découvrez maintenant