Les héros ne naissent pas, ils le deviennent.

Je me rappelle encore de cette phrase que grand père nous chuchotait sans arrêt quand on avait peur, quand on était incertain.

Grand père était un héros te souviens tu ?

Il avait toujours un sens du devoir que peu peuvent espérer connaître. Jamais il ne rechignait à la tâche, il nous encourageait et aidait tous ceux qu'il pouvait. Dans le voisinage, sa bravoure et sa bienveillance étaient de notoriété publique.

-Papy es tu un héros qui, comme Superman, dissimule son apparence ? 

Je m'en souviens comme si c'était hier,  son visage avait changé d'expression, un faible silence s'était insinué dans la pièce , puis ce dernier se brisa sans crier gare pour laisser place à un rire franc.

Papy riait franchement.

Pour ma part, je n'avais pas compris en quoi ma question avait elle pu lui causer une telle hilarité, néanmoins, je n'avais pas osé interrompre ce moment.

-Mon chéri, tu me perçois comme un héros ? Mais je peux t'assurer que je n'ai ni super pouvoirs, ni talents particuliers, je m'efforce seulement à faire de mon mieux pour propager mon idée du bien, car je veux défendre mes convictions.

Tu vois au fond c'est même assez égoïste n'est-ce pas ?

Papy utilisait souvent des mots compliqués, je ne comprenais pas toujours tout, en revanche, là encore je me gardais de le lui signaler, en tentant de décrypter et de formuler une réponse cohérente. En somme, à ma manière, moi aussi, je faisais constamment de mon mieux.

-Je ne pense pas que ça le soit, vouloir aider des gens que ce soit pour soi ou non reste quand même un acte gentil non ?

Son regard s'était modifié comme si, étonnement, cette réponse remplie de candeur était celle qu'il espérait le plus.

-Tu dois avoir raison.

Ce jour là, notre conversation mourut sur ces mots.

OoO

Suite à cela, les jours défilèrent à un rythme effréné.

Maman, nous avait surpris en train de regarder la télé, te le remémores-tu ? C'était un reportage sur la guerre d'Algérie.

A cette époque nous étions fascinés par ce que nous étions en train de voir. Tout semblait être teinté d'irréel, presque une touche d'onirisme. Ce monde était en contradiction totale avec tout ce qu'on avait connu jusqu'à lors.

On ne voyait pas le sang, la mort ou le désespoir, mais uniquement, le courage, la témérité, la volonté de vaincre, le désir de vivre.

Mais surtout cette image de protection, qu'il s'agisse d'un clan comme de l'autre.

Il y avait toujours des hommes qui s'élevaient, qui transcendaient leurs limites; ce sens du sacrifice était magnifique.

En ce qui nous concernait, il n'était uniquement question de noblesse d'âme.

Ainsi maman, avait eu cette réaction subite qui, pour nous, était tout bonnement incompréhensible.

-Éteignez moi cette horreur ! Les garçons, vous allez en faire des cauchemars, vous n'avez pas à voir ça. Je suis sûre que c'est papy qui vous influence mal encore !

Ce dernier point, lui, n'était en revanche pas neuf. Nous savions que maman était disputée avec grand-père depuis des années. Cependant, elle comme papa, n'avaient jamais voulu nous dire exactement le pourquoi sous prétexte que nous étions trop jeunes pour savoir.