Petites nouvelles fantastiques.

Lucy

Je pris mon manteau et je sortis. Le vent qui caressait mes doigts étaient si froid, l'été avait déjà disparu loin derrière moi. Une pluie de feuille rouge-orangé tombaient sous l'assaut tortueux d'un vent sinistre. Je marchais dans la nuit silencieuse, dans les ténèbres profondes comparables à cette solitude, à cette tristesse dans laquelle me plongeait la perte de ma belle Lucy.

Je m'abandonnais chaque jour peu plus au désir, à l'espoir de la revoir. Cette passion ardente, violente était toujours là. Pour moi, tout cela, sa mort était irréelle, impossible, inacceptable. Elle me manquait terriblement. Je ne pouvais rien faire d'autre que me rendre auprès d'elle, jour après jour. Je me couchais à côté d'elle, et je lui parlais, je pleurais, et je repartais. Aujourd'hui, je partais lui rendre visite alors qu'il n'était que quatre heures du matin. Le sommeil me fuyait. Je me réveillai en haletant, effrayé. Je cherchais quelqu'un qui pourrait, qui saurait me réconforter, je cherchais Lucy, mais Lucy n'était pas là et je me souvenais tristement, Lucy était morte !

Les larmes coulaient accompagnant ma solitude. Puis je partis rejoindre Lucy. Je marchais dans la nuit noire, éclairé seulement par une lune ronde, immense, belle. Je l'admirais, elle était seule depuis si longtemps, et pourtant elle n'avait pas perdu de son éclat, et guidait les oiseaux de nuit, tristes âmes comme moi, sur le chemin sinistre de la vie. Un éclat insupportable qui me fit baisser les yeux. Et c'est à ce moment là que je la vis. Elle était loin de moi mais je la reconnut immédiatement. Debout sur la pointe de ses pieds nus, elle admirait elle aussi mon amie, enjouée de voir un si joli spectacle. Elle avançait rapidement, gracieusement avec ses grandes jambes découvertes. Ses longs cheveux noirs flottaient dans les airs. Je les voyais ses prunelles enflammées dans la pénombre, ses yeux pourpres avaient un éclat insoutenable, un regard qu'elle n'avait pas autrefois, un regard plein de force et de domination, un regard vif et perçant dans la nuit, un regard envoûtant. Son petit nez était retroussé, et ses lèvres vermeilles et pulpeuses.

Elle s'arrêta un instant sur une pose plein de grâce et de fierté, elle me regarda avec attention, un sourire moqueur aux lèvres, comme si elle se moquait de moi, de ma pathétique personne qui n'arrivais plus à avancer sans elle. Chancelant j'eus cette envie mystérieuse mais irrésistible de la rejoindre. Je ne comprenais pas, je ne décidais plus, une voix enchanteresse me disait d'avancer vers elle, vers cette divine sirène que je ne reconnaissais plus. J'avançais vers elle à pas rapides et contraints. Dès que je fus près d'elle, je vis cette peau ivoire, transparente qui laissait voir un réseaux de veines bleuâtre. J'avais la certitude que cette sublime créature n'était pas la Lucy que j'avais connu, pourtant son clone était en tout point identique. C'était le magnifique visage de ma Lucy, son corps frêle, sa délicieuse odeur, mais tout était en quelque sorte différent.

Elle leva son bras laiteux vers moi, et me toucha la joue de sa main d'albâtre glacée. Je ne pus m'empêcher de frémir. Elle enleva sa main, un sourire narquois aux lèvres. Je voulus reculer mais elle s'approcha encore plus près, trop près. Je la contemplais d'un air hagard plein d'un immense effroi. L'idée que ma Lucy morte se tenait devant moi fit enfin jour dans mon esprit. Une sorte de charme flottait autour d'elle, elle avait une aura qui forçait à se soumettre. A mesure qu'elle se rapprochait je devint mortellement pâle, l'atmosphère était menaçante, funèbre. Un tourbillon de sentiment se partageaient mon esprit, parmi eux la peur et un espoir insensé, que la douloureuse solitude et la mortelle souffrance se terminent, que je puisse enfin retrouvé ma Lucy, mon ancre, mon âme. Cette jeune femme monstrueusement splendide que j'aimait encore, m'attirais, me subjuguait et m'étourdissait. Dans cet état de doute, un seul de ses voluptueux regard me fit abandonnais le combat, ce qu'elle avait bien compris...