Chapitre 1

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-- L'histoire se déroule en 1998 , en République Démocratique du Congo à Kintambo --


Je m'appelle Pétula ... Pétula Ndaki.

J'ai quatorze ans, et je vis avec ma mère et ma grande soeur Maty.

Mon père est parti en France, "na poto" comme nous avons l'habitude de le dire ici, lorsque j'avais cinq ans. Les raisons qui l'ont poussé à partir sont nombreuses. Parmi elles , le besoin de trouver un travail bien rémunéré pour subvenir aux besoins de sa nouvelle famille.

Mes parents se sont mariés très jeunes. Maty, ma grande sœur, est née lorsque ma mère avait dix-neuf ans et mon père vingt-deux. Deux ans plus tard, lorsqu'ils apprirent l'arrivée d'un deuxième enfant, mon père décida de s'envoler pour la France, car disait-on «na poto, le pays où coule le lait et miel, et où l'argent tombe des arbres, il y a du travail en abondance !»  

Je n'ai jamais vu ce père. Ou du moins, je n'ai plus le souvenir de son visage. Tout ce que je sais de lui, c'est qu'il est né dans une famille de fonctionnaires. Père, lui, n'a jamais voulu de cette vie. Vivre "aux crochets de l'Etat", ce n'était pas pour lui. Ses rêves à lui étaient plutôt tournés vers l'entrepreneuriat et le monde du business. Père voulait monter sa propre boîte. Dans quoi ? Je ne l'ai jamais su. Mais, ne disposant pas d'assez de moyens pour lancer son affaire, Père décida d'aller voir ailleurs. Alors, il fit ses bagages, en laissant derrière lui sa femme et ses deux filles. Et il partit pour ce pays froid, en promettant à Mère qu'il ferait tout pour qu'ils lès rejoignent dans sa nouvelle terre promise, dans les plus brefs délais.

Père était parti na poto, depuis maintenant plus de huit ans. J'étais trop jeune pour me souvenir de lui. 

De lui, je ne connais qu'une seule chose : sa voix.

En effet, Père appelait de temps en temps à la maison pour donner de ses nouvelles, et parfois, aussi, pour savoir comment ses petites filles chéries se portaient.
La dernière fois qu'il avait appelé à la maison, c'était pour annoncer à Mère que son visa était bientôt prêt. Mère allait peut être le rejoindre na poto. Enfin, elle allait, elle aussi, découvrir les joies de cette machine qui aspire tout dans la maison. Voir de ses propres yeux la fameuse "pluie blanche" tomber du ciel, et toutes ces images lointaines et idylliques que nous rabâche la télé Nova, matin, midi, et soir dans nos chaînes de télévision.

Avant de vous parler de moi, il faut d'abord que je vous peigne le portrait de toutes les personnes qui m'entourent, de près comme de loin. Alors commençons par mes parents. 

Père et Mère se sont mariés très jeunes. Leur union s'est faite contre la volonté de leurs familles. En effet, la famille de mon père ne voulant pas d'une belle sœur/fille issue d'une famille pauvre, elle s'opposa à leur mariage. Vexée, la famille de ma mère refusa cette union qu'elle considérait comme humiliante. Mais, malgré ces désaccords, mes parents décidèrent de se marier. Ce qui engendra une rupture familiale radicale entre mon père et sa famille.

La famille de ma mère étant plus compréhensible et réceptive face à ce mariage polémique, était plus nombreuse le jour du mariage. Ce qui ouvra une plaie dans le cœur de Père, une plaie qui ne se refermera jamais. Après ce mariage chaotique, Père coupa les ponts avec sa famille, et partit construire sa nouvelle vie, avec Mère, dans un petit quartier reculé dans la commune de Kintambo.

Père avait dépensé toutes ses économies pour ce mariage, étant donné que sa famille avait refusé d'y participer. Parallèlement, l'arrivée de Maty avait affaibli l'équilibre financier de mes parents. Et lorsque ces derniers apprirent qu'un deuxième enfant était en cours, mon père ne vit pas d'autre solution que celle d'aller chercher fortune na poto.

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⏰ Last updated: Jan 22, 2018 ⏰

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