ᴀʟᴄᴏʜᴏʟ ᴀɴᴅ ʙᴜʟʟꜱʜɪᴛꜱ

ғ ᴀ ᴋ ᴇ ʟ ᴏ ᴠ ᴇ

- histoire écrite alors que j'étais complètement sobre et réaliste -

Tu t'rappelles de c'jour-là où on s'est rencontrés ? Moi oui. Pourtant, j'venais d'm'enfiler trop d'alcool. Ou peut-être pas assez puisque j'm'en souviens. T'étais assise sur c'foutu canapé trop vieux pour regarder nos conneries. T'avais cette bouteille en mains. J'avais l'impression qu'ta vie en dépendait. Si elle tombait, tu tombais avec.

T'm'as regardé au bout d'un long moment. Moi j'te regardais d'puis quinze ans. Mais t'étais trop prise par tes souvenirs j'pense. Les souvenirs ça fait mal, j'le sais bien.

C'était d'la vodka dans ta bouteille. Ça j'm'en souviens. T'sais pourquoi ? J'te le dirais après. Quand t'm'as regardé, y'a eu un truc en moi qui s'est produit. J'm'en rappelle encore. Ça faisait mal. Tes yeux ont croisés les miens et j'me sentais vivant putain. J'voyais pas la couleur de tes iris, t'étais trop loin. Mais j'les imaginaient. Ils étaient beaux. Mais pas vivants. T'avais l'air morte à l'intérieur. T'es vivante ? J'me pose encore la question.

Tu m'regardais encore, j'sais plus combien d'temps ça a duré, j'avais perdu la notion du temps. Y'avais une vie autour d'nous, des ados trop jeunes et trop bourrés. Mais dans mes yeux y'avais qu'toi. J'te connaissais pas, t'étais qu'une ado à la recherche du mode d'emploi d'la vie. On était à la même recherche. C'est peut-être pour ça qu'on s'est regardés.

J'ai cru que t'allais jamais décrocher tes yeux d'moi. Tu m'déstabilisais. Tes yeux, ils m'crevaient l'coeur. Tu l'sais ça ? Qu'tes yeux étaient des armes. Ils m'tuaient à p'tis feux. Mais j'm'en foutais. J'voulais te rejoindre sur c'canapé mais t'sais, j'suis timide dans l'fond. T'es étonnée ? Ne l'sois pas.

T'avais cette façon d'amener la bouteille à ta bouche, c'était beau. Mais j'voyais que t'étais mal. J'sais pas c'que tu cherchais mais t'avais toujours les yeux sur moi. T'aurais pas pu t'arrêter ? Mon coeur devenait fou en moi. J'en jure qu'encore aujourd'hui j'ressens les battements de mon coeur qui accélèrent. Tu ressentais la même chose ? J'sais pas c'que c'était mais j'aimais pas.

T'avais enfin décidé à lever ton cul d'ce canapé pour m'rejoindre. J'voyais enfin tes yeux. Ils étaient encore plus sombres qu'au loin. Mais ils étaient fascinants. Tu buvais encore. Tu voulais crever c'soir là ? J'sais que tu m'en veux encore mais j'ai bien fait d'te prendre cette bouteille d'tes fichues mains. En parlant d'tes mains, t'avais fait quoi avec pour qu'elles soient aussi bousillées ? Remarque, j'en suis sûre qu'elles sont moins bousillées que toi. Oué, j'l'ai vu que t'étais bousillée, j'le suis aussi. Mais j'm'en fou qu'tu sois bousillée. D'ailleurs, j'm'en fou de toi.

J'm'en fou qu'tu m'aies embrassé.

J'm'en fou que tes lèvres avaient le goût d'la vodka.

C'est là où j'ai su c'que tu buvais.

Mais dis-moi, pourquoi tu m'as embrassé ? J'te connaissais pas, tu ne me connaissais pas. Mais tu m'as embrassé. J'te haïs pour ça. T'sais pourquoi ? Parce que tu t'es barrée comme une salope après. Tu m'as laissé seul sur c'canapé tout pourri, un goût d'vodka sur la langue et un poids sur la conscience.
Tu t'es barrée comme une voleuse. Et t'as même pas pris ta bouteille avec toi.

J'parie que t'es une lâche. C'pour ça qu'tu m'as laissé comme t'as laissé ta bouteille. J't'en veux encore. Même si c'était hier. J'parie que tu t'souviens de rien, t'étais trop bourrée. Moi j'm'en souviens. Mais t'es partie.

Après tout, j'sais même pas qui t'es. Mais j'connais tes lèvres.

Maintenant j'vagabone quelque part avec un goût d'amertume et d'vodka dans la bouche.

- MB

22.06.18 - 12:59 AM