Le soleil du petit matin scintillait dans l'eau glacée du caniveau. Nous sommes tout de même au mois de mai, bougonna Hervé Joncourt en soufflant sur ses mains pour le réchauffer. Pourtant, rien ne pouvait retirer ce sourire, figé sur ses lèvres, il était trop heureux. C'était la fin ! Plutôt ce matin, il avait reçu une lettre de son fils disant qu'il rentrerait à la maison dans la soirée, et que surtout, il avait hâte de les retrouver. En la lisant, Hervé n'avait pas pu s'empêcher de verser quelques larmes. Son fils ! Son fils allait bien et il reverrait bientôt !
Une bourrasque de vent froid reprendre ses esprits. Il s'achemina donc avec son chariot sur la grand place et malgré son âge avancé, se mit à crier de toutes ses forces, brandissant ses journaux dans le ciel :" Mesdames et Messieurs ! Sortez de vos tanières, la guerre est finie ! L'armée revient !"
Sa femme encore en chemise de nuit le regarda par la fenêtre. Lui ce vieil homme vendant ses journaux l'air infiniment heureux. Son cœur s'emballa. Elle l'avait enfin retrouvé.