Les chemins ouverts - Tome 1 : Aurore [En cours de réécriture]

Prologue

– Dépêche-toi, on va rater le début !

Les deux garçons se précipitent dans le long couloir sombre du bâtiment des sciences, en ralentissant à chaque fois qu'ils passent devant une salle de classe ouverte ou à proximité du bureau de M. Grégoire le principal du collège. Mieux vaut ne pas s'attirer d'ennuis avec lui, car les heures de colle et le mot aux parents étaient ses punitions préférées. Bref, des heures de morale en rentrant à la maison.

Au-dehors, la grande cour de récréation du Collège Municipal est quasi déserte, mis à part un groupe de quatrièmes qui discutent sur un banc et une classe de sport qui joue au basket sous les coups de sifflet de leur professeur. L'établissement scolaire rassemble les patelins entourant la petite ville de Cunabli, ce qui élève le nombre de collégiens à seulement cent cinquante-deux.

– J'espère que ton père est là !

Théo l'espère aussi. Tout comme son camarade, il ne veut pas louper le début du film de robots qui se transforment en voitures dont tout le monde parle.

Théo arrive le premier dans la cour et regarde derrière lui pour s'assurer que son meilleur ami le suit de près. Une seconde plus tard, le garçon aux cheveux noir de jais apparaît à sa suite.

Les deux copains continuent de faire la course jusqu'à la grille de l'entrée, Théo menant d'une courte distance.

Ils y arrivent assez vite – Théo le premier, suivi à quelques pas de son ami. La gardienne leur ouvre, après vérification de leur emploi du temps.

– Mon pote, il faudra que tu t'entraînes plus si t'espères me rattraper un de ces jours, ricane Théo d'un petit air triomphant entre deux halètements.

– T'inquiète, ça arrivera plus tôt que tu ne le penses, lui répond son camarade avec un clin d'œil.

– Théo ! Teddy !

Les deux amis reconnaissent la voix du père du premier. Ils se dirigent alors vers sa voiture grise, en marchant cette fois-ci. Théo renifle son tee-shirt en avançant et est content qu'il ne sente pas trop fort la transpiration. Il voit son ami l'imiter et sourire.

Habillé d'un bas de survêtement comme lui, Teddy porte un tee-shirt d'un blanc immaculé et une casquette récupérée lors du passage d'une grande course de vélos dans la ville voisine. Sa coupe de cheveux en pics chargée de gel laisse apercevoir ses yeux fascinants. Théo trouve qu'ils le rendent à part, quoiqu'en disent les autres.

Teddy est quelqu'un de timide mais quand on le connaît mieux, on découvre qu'il est drôle et intelligent. Théo le considère comme son frère. Un lien indéfectible s'est créé entre eux dès lors qu'ils se sont retrouvés placés côte à côte à leur entrée en maternelle. Depuis ils sont devenus inséparables. En primaire, leur passion pour les jeux d'aventure les a rapprochés, si bien que dans la cour de récréation, ils se prenaient pour des chevaliers, se battant contre des dragons et autres monstres tirés de leur imagination. Tous deux aiment les films d'action et les séries d'aventure qui passaient à la télévision après l'école, puis depuis cette année, après le collège.

Arrivé à la voiture, Théo embrasse son père et va s'installer à l'avant du véhicule, tandis que Teddy se place à l'arrière, derrière le siège du conducteur, comme à son habitude afin qu'ils puissent bavarder pendant le trajet.

– Vous avez fini en avance, les garçons, s'informe le père tout en prenant la direction du grand boulevard.

– Oui, le cours de sport s'est terminé plus tôt que d'habitude donc le prof nous a laissé sortir, répond Teddy.

– Mais si Monsieur n'avait pas oublié son sac de sport dans les vestiaires, on serait déjà dans la voiture depuis dix bonnes minutes, rétorque Théo, un air malicieux sur le visage.

– Ne vous inquiétez pas les enfants, on sera au cinéma dans...

Les derniers mots du père de Théo se perdirent dans le bruit d'un klaxon, juste avant que les roues de la voiture ne quittent le bitume.