Les chemins ouverts - Tome 1 : Aurore [En cours de réécriture]

Chapitre 1 : Une visite ruinée

Teddy se réveilla dans un sursaut, le prénom de son meilleur ami au bord des lèvres. Son corps tout entier frissonnait pendant que son cerveau était encore coincé entre rêve et réalité. Il n'aimait pas cette sensation, celle que quelque chose vous tirait de votre sommeil contre votre gré. Même quand ce sommeil était troublé par des cauchemars.

– Tiens la Belle au bois dormant est réveillée ! entendit-il alors qu'on le bousculait gentiment, ce qui chassa pendant un temps le souvenir tragique de ses pensées.

Il releva la tête, décollant ainsi sa main moite de son visage, vers son voisin qui rigolait avec ses camarades assis derrière lui.

– Qu'est-ce que j'ai raté ? demande-t-il, bien réveillé cette fois.

– Pas grand-chose, lui répondit son voisin. Martin nous a fait un résumé détaillé de la route A360. Et Lisa nous a donné un cours d'Histoire gratuit pendant qu'Alex vomissait littéralement ces paroles ! La routine quoi.

Des rires résonnèrent autour d'eux et Teddy lança un regard compatissant vers son ami qui releva la tête d'un sac en papier qu'il tenait ouvert.

– La ferme Clément... cracha Alexandre avant de replonger la tête dans le sac.

– Entre lui qui est malade en bus et toi qui t'endors sitôt le moteur allumé, dit Clément à Teddy, mes blagues sur le monologue de Lisa sont en manque de popularité.

– Désolé d'avoir le sommeil facile. Au moins, je ne suis pas forcé de rigoler.

Nouvelle salve de rires. Clément se tut et fit le faux vexé en s'enfonçant dans son siège. La voix de M. Martin résonna dans le bus pour annoncer qu'ils approchaient du site, qui avait d'après lui une histoire aussi riche qu'ancienne.

– S'il nous raconte encore qu'un tel est venu ici cueillir des fleurs pour une de ses conquêtes, je crois que je vais péter un câble, réussit à dire Alexandre entre deux longues inspirations.

– Au moins, ça te fera réviser un peu, le taquina Lisa derrière lui.

Teddy pouffa de rire, imité par Clément qui reprit ensuite son rôle d'adolescent contrarié. Il laissa ensuite son regard errer sur le paysage d'automne que lui offrait ce pays qui n'était pas le sien.

Cinq jours plus tôt, Teddy accompagné de son père et de ses deux petites sœurs, s'étaient rendus à son lycée où les attendaient deux classes de première prêtes à prendre la route. Il y régnait une agitation inhabituelle pour un samedi matin de septembre. M. Martin et Mme Flores accueillaient les parents avec enthousiasme pendant que les lycéens rejoignaient leurs camarades à moitié endormis.

L'arrivée de Teddy avait été remarquée, comme toujours. Des élèves de la classe de Mme Flores lui avaient tous jeté un regard, certains du coin de l'œil et d'autres ouvertement. De même pour leurs parents qui parfois avaient chuchoté quelque chose à l'oreille de leur enfant.

Après un résumé rapide de M. Martin sur le voyage scolaire, l'heure du départ était arrivée. Clara et Clémence avaient couvert de bisous leur frère avant que ce dernier étreignît son père. « Ta mère serait si fière du jeune homme que tu deviens. » C'était la dernière phrase que Daniel avait dit à son fils avant de lui faire de grands signes pendant que le bus rempli d'adolescents surexcités disparaissait de son champ de vision, direction l'Angleterre.

Le bus s'arrêta enfin sur un parking bondé. Il fallut plus de dix minutes pour que le conducteur pût garer son véhicule et dix supplémentaires avant de pouvoir en sortir. Teddy en profita pour se tourner vers Clément.