✩ ,,swing

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    Il faisait doux ce jour là, le printemps était là et les gens retrouvaient le sourire après la morose période hivernale. Les enfants se pressaient dans les parcs et les adultes se rejoignaient aux terrasses de cafés pour parler de tout et de rien. Le renouvellement de cette joie de vivre poussait tout le monde à être heureux et à faire de nouvelles choses, cette ambiance était tellement agréable que le bonheur des autres pouvait faire le notre.

   Pourtant, dans cette aire de jeu à présent remplie d'enfants, quelqu'un ne souriait pas. Il était assis sur l'une des deux balançoires qui se trouvaient au fond du parc, là où personne ne venait, c'était un peu son jardin secret. Ce jeune homme aux cheveux bruns sanglotait le plus discrètement possible, comme si il avait honte qu'on le voit ainsi. Il passait la quasi totalité de ses journées ici, à réfléchir.

   L'image de sa sœur souriante qui se balançait aux mouvements de ses fines jambes ne cessait de le hanter, il avait l'impression qu'elle était toujours là, qu'ils étaient ensemble et que rien ne pouvait les séparer, c'était ce qu'ils croyaient avant, le fait d'être inséparables. Ils étaient comme les deux doigts de la main, jamais l'un sans l'autre, toujours à s'entraider quelque soit la situation,  toujours à rire et à s'intéresser aux mêmes choses.

   Son esprit lui renvoyait en boucle la scène de l'accident : ils étaient tous deux assis aux places passagers de cette voiture grise que leur père conduisait et débattait sur les différent goûts de glace en riant, l'un favorisant la fraise et l'autre le chocolat. Il était tard, faisait nuit et un brouillard épais avait recouvert la ville. Ils rentraient chez eux après avoir rendu visite à leur grand mère qui habitait près de New York, quelque peu fatigué du voyage. C'est sûrement cette fatigue, ajoutée à la météo peu favorable qui avait fait que le conducteur du véhicule ne vit pas le camion accidenté en travers de la route qu'il percuta violemment. La voiture s'était retournée et percuta le sol alors que deux de ses vitres se brisèrent. Les adolescents avaient crié et pour l'un d'entre eux, elle n'aurait jamais imaginé que ça serait son dernier cri.

   Changkyun étant sorti de la voiture encore abasourdi par la violence de l'accident, du sang coulait de sa tempe et de sa lèvre et même si il arrivait à marcher, sa tête lui tournait affreusement, c'est pour ça qu'il s'écroula après quelques pas. Son père sortit à son tour de ce qu'il restait du véhicule, boitant et se dirigea vers son fils en s'informant de son état de santé.

   « Papa, où est Hyejin ? » avait il demandé avec une voix chancelante.

   Les deux hommes avaient commencé à paniquer et dès qu'ils avaient commencé leurs recherches, deux policiers arrivèrent,  suivis rapidement des pompiers, et les éloignèrent de la voiture. Son père avait crié que sa fille était à l'intérieur en les suppliant de la sauver, Changkyun avait le regard vide et sentait la peur lui monter au ventre.

   Après plus d'une vingtaine de minutes, les officiers sortirent enfin un corps du véhicule, un corps ensanglanté dont les yeux étaient clos et la poitrine étrangement immobile. Ils avaient tous deux compris à la simple vue de l'état de la jeune fille mais refusaient de se l'admettre, c'est pourquoi ils se précipitèrent dessus pour mieux pleurer. Et aujourd'hui encore, Changkyun refusait de croire la disparition de sa sœur.

    Ce qui le sortit de ses pensées fut le contact d'un tissu sur sa peau, son regard tomba sur un jeune homme de son âge qui séchait ses nombreuses larmes d'un mouchoir blancs. Il lui avait sourit, un sourire resplendissant qui donna même l'envie à Changkyun de sourire à son tour puis lui avait demandé dans un anglais très approximatif :

    « Vous allez bien ? »

    Avec l'accent qu'il avait, Changkyun devina facilement l'origine de ce jeune châtain, il était coréen, comme lui, le brun lui avait donc répondu en coréen par la suite ce qui avait l'air d'arranger grandement le nouvel arrivant.

photograph ! changkiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant