IX

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Durant 11 ans, le sorcier solitaire effectua encore et encore sa fonction de professeur des potions. Il attendait. L'enfant célèbre l'intriguait. Harry Potter n'était ni plus ni moins que l'Alliance entre la personne qu'il avait le plus détesté et la personne qu'il avait le plus aimé. Ces 11 années furent pour lui tellement inutiles qu'elles lui parurent longues et funestes. De la poussière.
Alors, quand Harry arriva pour la première fois à Poudlard, les yeux gorgés d'étoiles, Severus ne put s'empêcher de remarquer la même démarche non chalante que James. Cela le bloqua. Ce fut la première impression qu'il eut envers le jeune garçon et cela l'arrêta net. Il ne pouvait pas bien distinguer ses yeux au début, c'est pour cela qu'il regardait l'enfant fixement, il voulait revoir ses yeux, cela devint une obsession qui ne voulait ne quitter. Mais l'enfant semblait avoir remarqué les indiscrétions de Severus et de discuter à son propos. Il vallait mieux être prudent. Très prudent.
Il ne savait pas pourquoi mais quelque chose en lui le poussait à le haïr. Il ne pouvait s'empêcher de l'humilier, de le soupçonner chaque seconde, chaque minutes, chaque heure, toujours avec ce même air grave et supérieur. Lui même poussait Harry à le détester, par son comportement. 

Il les avait remarqués, ses yeux. Si puissant c'était. Ça le troublait de trouver en lui une partie de Lily. Ça le troublait d'être toujours aussi fou de ceux-ci. Il se sentait petit face à l'immensité du vert de ses yeux. Il se sentait terne face à cette couleur vive dans laquelle il se plongeait. Il contenait tout. Cela devenait une habitude. Que personne ne sache. Que personne ne sache qu'il avait aimé et qu'il aimait. Il faisait de lui un personnage craint et sombre, une personne solitaire et nostalgique. Personne ne pensait qu'il aurait pu ressentir ou avoir des sentiments. Il était impossible d'imaginer ce qu'il se passait dans sa tête. Un labyrinthe, un Très Grand labyrinthe perdu au milieu de milliers d'autres labyrinthes. C'est alors que pendant 7 ans, aux yeux de Harry, il était mauvais, traître et lâche alors que pourtant, il le protégeait chaque seconde, chaque jour. 

Harry eut l'occasion d'apprendre que son professeur, lors de sa septième année avait le même patronus que sa mère, étonnant lorsqu'on connait l'origine des patronus. C'est lui qui a tenté de sauver Harry au match de Quidditch alors que Quirrel lui lançait un sort. C'est lui qui a attiré Harry jusqu'à l'épée de Gryffondor dans la forêt de Dean, c'est lui qui a tué Dumbledore pour sauver Harry lui-même. C'est lui qui a donné sa vie pour ceux des autres. Et toujours jusqu'à ses derniers instants, jusqu'à la dernière minute, il a été brave et courageux. Toujours pour elle, pour Lily, pour la femme qu'il aime. Il n'y a toujours eu qu'elle. Il n'y a jamais eu rien d'autre qu'elle. Et jusqu'à son dernier souffle. 

Lors des grands combats entre les sorciers, ses yeux plongés dans ceux d'Harry, c'est elle qu'il voyait, juste après que Nagini l'ait attaqué et mordu à mort. Alors qu'il se vidait de son sang, il a donné ses souvenirs à Harry qui lui soutenait la nuque. Mais la mort, capricieuse, l'emporta avec elle, sur son vieux squelette. Et puis plus rien. Il s'était éteint après tant de souffrances. Cela lui redonna un peu de souffle dans sa tombe et il pouvait maintenant profiter de la mort qui était la seconde vie et qui ne pouvait être plus funeste que la première.

Le Prince de Sang-mêléOù les histoires vivent. Découvrez maintenant