La vie continue

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Comment est-ce qu'on en est arrivé là ? Comment deux personnes s'aimant aussi fort qu'on s'est aimé ont pu en arriver là ? Tu m'as rendu tellement forte et tellement heureuse... Tu m'as donné de la confiance, de la détermination, de la force, de la joie, de la peine, de l'espoir, de la fierté, de l'amour... Je pense te l'avoir bien rendu alors pourquoi on a détruit tout ça ? Je ne suis plus heureuse...

Je m'avance d'un pas las dans le couloir, puis je rentre dans notre chambre, enfin... Ma chambre... J'avance tel un corps sans âme vers la commode et je regarde les cadres en bois posés dessus. La seule preuve de notre bonheur passé. Mes doigts s'activent tous seuls, caressant ces souvenirs autrefois joyeux. Bien que ma tête soit ailleurs, je sens très bien que d'énièmes larmes s'écrasent sur le sol. Si tu savais combien de fois j'ai pleuré pour toi, tu me trouverais bien pathétique. Tantôt de peine, tantôt de joie. Et bien que tu m'aies offert plusieurs plus beaux jours de ma vie, mon plus beau souvenir reste et restera à jamais celui où tu as enfin répondu à mes sentiments. Je t'aime et je t'aimerai sans aucun doute pour toujours mais je ne supporte plus cette solitude pesante. Tu sais, avant d'être avec toi, j'avais bien évidemment une famille mais je me sentais seule tout le temps. Ma seule attache pour continuer à vivre et à m'accrocher c'était de m'imaginer heureuse avec toi et notre famille qu'on aurait construite ensemble. Mais maintenant que j'ai finalement ce que j'ai toujours voulu, je me sens encore plus seule et plus vide que lorsque j'étais petite fille. Je voudrais me demander comment c'est possible et imaginer plusieurs scénarios qui me feraient moins mal, mais je connais la réponse. J'ai idéalisé ma vie avec toi pendant tellement d'années et maintenant qu'il y a quelque chose qui ne se déroule pas comme je l'aurais souhaité, ma vie s'écroule, ma volonté s'émiette et mon cœur flanche.

Mes yeux se posent sur une photo de toi, deux enfants heureux accrochés à ton cou. Mon cœur me serre et mes jambes ne me soutiennent plus. Je m'écroule sur le sol et je sens ma tête taper violement contre le sol mais je ne réagis pas. Je sais que ce n'est pas la première fois. Voir mes enfants heureux me bouleverse toujours. Ils ne le sont plus depuis longtemps et bien que je les aime d'un amour inconditionnel, je ne peux que comprendre leur manque et être malheureuse avec eux. Je ne peux pas leur offrir ce que tu m'as pris tu comprends ? Je ne peux pas leur donné le bonheur que je ne possède plus et je m'en veux tellement pour ça si tu savais... Je sens une odeur âcre qui arrive à mes narines. Mon corps est totalement immobilisé et seules mes larmes arrivent encore à couler. Pourtant, je reconnais cette odeur et je sais qu'elle provient de moi. Un goût amer me parvient à la bouche. Je devine que cette fois, ma tête a dû heurter quelque chose pour que du sang s'échappe. J'ai mal. Une douleur affreusement violente me tiraille au plus profond de mon être. Mais cette douleur n'est pas nouvelle, non. Elle est présente depuis des années et elle grandit un peu plus chaque jour. Je sais que ce n'est pas à la tête que j'ai mal, je ne ressens même aucune douleur à cet endroit. C'est mon cœur qui me fait souffrir. Et il saigne tellement qu'il déverse sa peine dans chaque cellules de mon corps. Je sais que je dois me lever pour nettoyer le plancher et aller dans le lit mais mon corps ne répond plus. Je sens mes yeux se fermer et mon esprit se substituer à moi lentement. Je suis désolée, Boruto, Himawari, je n'arrive plus à faire semblant. J'ai atteint ma limite. Je sombre alors dans un profond abysse, en baignant dans mon propre sang sur le plancher de ma chambre.

Tout est sombre, je ne distingue rien. Mes paupières sont si lourdes que je ne peux même pas les bouger d'un cil et je ne peux pas bouger. Je ne ressens rien mais pourtant, j'arrive à distinguer des voix. Qu'est-ce qu'elles disent ? A qui elles appartiennent ? J'entends des pleurs. Peu importe de qui ils proviennent, ils font échos à ceux de mon cœur. Je ne veux plus de cette douleur, je veux lui échapper. Je veux partir ! Laissez-moi partir ! Laissez-moi quitter cette vie ! Je ne veux plus souffrir ! Mon cœur s'affole et je sens que ma douleur devient atroce. J'entends maintenant des cris déchirants et je veux me boucher les oreilles pour ne plus les entendre mais je n'y arrive pas. Je veux partir d'ici ! Je me sens sombrer encore plus profondément et tout devient noir.

La vie continueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant