2 - Premier contact

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Elly se réveilla seulement deux heures après son admission dans le centre hospitalier. Elle était totalement désorientée. Ou était-elle ? Que faisait-elle à cet endroit ? Comment y était-elle arrivée ? C'était la première fois qu'elle s'évanouissait et il fut pour elle très perturbant de ne pas réussir à s'orienter. Sa vue était trouble et elle n'arrivait pas à discerner précisément ce qui l'entourait de plus son corps était comme dans une espèce de brume l'empêchant d'exécuter le moindre geste. La seule chose dont elle fut sûre, c'est qu'elle était particulièrement fatiguée et lassée alors elle ne chercha pas à obtenir des réponses à ses interrogations. Elle se contenta de refermer les yeux et doucement se laissa tomber dans les bras Morphée. De son coté, son père, après s'être présenté à l'accueil sa fille dans les bras, complètement affolé, et qu'elle fut prise en charge, dut remplir les papiers administratifs. Dedans on lui demandait l'identité d'Elly et la raison de sa perte de connaissance. Il ne savait pas quoi mettre : Ma fille est dépressive ? Ma fille ne s'alimente plus parce qu'elle a perdu sa mère ? Ma fille fume plusieurs paquets de cigarette par jour et je suis parfaitement au courant mais je la laisse faire ? Non, surement pas. Il se contenta d'un alertant : Parce qu'elle veut mourir... D'un coup il fut pris d'une terrible prise de conscience qu'il en vacilla sous sa violence. Aujourd'hui, il aurait pu perdre sa fille. Il ne pouvait imaginer sa vie sans elle. Il voulait chasser toutes ces pensées toutes plus obsédantes les unes que les autres alors il se repencha sur le formulaire pour répondre aux dernières demandes. Puis une fois qu'il fut satisfait de ses réponses, il alla le rendre à l'infirmière de l'accueil. Elle le remercia et commença à le lire. Petit à petit elle fronçait les sourcils et paraissait perturbée. Elle le rappela alors qu'il était parti s'assoir dans la salle d'attente des urgences.

- Excusez-moi, vous avez bien écrit « Parce qu'elle veut mourir... » ? lui demanda-t-elle, l'air préoccupé.

- C'est exact, se contenta-t-il de répondre.

- Serait-il trop indiscret de savoir pourquoi ?

- Non, non. Il y a de cela six mois, j'ai perdu ma femme et par conséquent Elly a perdu sa mère. Et elle n'arrive pas à s'en remettre. Alors, elle se détruit. Elle a commencé à fumer, au début seulement un peu et en cachette, puis au bout d'un moment elle fuma beaucoup plus et devant moi. J'ai bien essayer de l'en empêcher mais rien à faire... Sans compter qu'elle ne mange que le strict minimum vital et qu'elle ne dort pratiquement plus. Et pour ne pas aider, il y a cinq mois j'ai fait une erreur qu'elle ne m'a pas pardonné. Suite à ça, elle ne m'avait plus adresser un mot jusqu'à aujourd'hui.

- Et pourquoi vous a-t-elle reparlé aujourd'hui et pas un autre jour ?

Le père parut perturbé.

- Hein ? Mais je ne sais pas moi, bredouilla-t-il.

- Très bien merci. Suite à ces confidences, j'aimerais vous proposez qu'on injecte un antidépresseur ainsi qu'un sédatif dans la poche du cathéter sur lequel elle est branché pour la stabiliser pendant au moins les douze prochaines heures.

- Un antidépresseur ? Un sédatif ? Mais... Ce n'est pas ce qu'elle aurait voulu.

L'infirmière parut contrariée. Cela suffit à convaincre le père de la jeune fille.

- Soit, si vous pensez que c'est ce qu'il y a de mieux à faire...

- Vous n'avez qu'a signé ce formulaire, lui dit-elle tout en lui tendant une feuille et un stylo.

- Je pourrais aller la voir juste après ?

- Oui si vous le souhaitez.

Alors dans un soupir il saisit le papier qu'elle lui tendait, le signa et lui rendit.

Puis l'infirmière se leva et lui demanda de la suivre. Ce qu'il fit docilement. Elle le présenta alors devant la chambre 143B. Elle le laissa devant la porte et s'en alla sans demander son reste. Il attendit bien trois minutes avant de se décider à l'ouvrir. Il craignait ce qu'il allait voir. Il faut dire qu'il ne savait pas à quoi s'attendre. Il fit un pas vers l'intérieur de la chambre. Le lit était en face de l'entrée de profil de telle sorte qu'il pouvait la voir de profil. Il y avait une chaise dans un angle. Il s'en saisit. Il s'installait à coté du lit à la hauteur de son cou. Elle était branché à un moniteur cardiaque ainsi qu'a un cathéter relié à une poche plein d'un liquide aussi transparent que de l'eau. Elle avait l'air paisible, il se dit que dans son sommeil au moins elle pouvait faire une pause sur sa vie rien que quelques heures. Il la regarda pendant des heures et finit par s'endormir. Il se réveilla 4 heures plus tard, le ciel déclinait, il était 18 heure passé. Elle avait les yeux ouverts, elle le regardait. Dès qu'elle s'aperçut que son père s'était réveillé, elle détourna vivement les yeux. Elle ne voulait pas qu'il soit la, elle voulait qu'il parte. Mais pour lui soumettre ce souhait elle aurait du lui adresser la parole et ça il en était strictement hors de question ! Elle se souvenait lui avoir parlé avant de s'enliser dans les ténèbres mais elle se déculpabilisa en se disant qu'elle était dans un état semi-conscient ou elle n'avait eu aucun pouvoir sur son corps et n'avait pas pu donc lui intimer les actions qu'elle souhaitait qu'il se passe vraiment. Elle était gênée. Parce que d'un coté elle avait ce désir ardent de ne plus le voir mais d'un autre coté, au fin fond de son esprit, même si elle ne voulait pas se l'avouer, elle était contente qu'il soit la, qu'il se soucis d'elle. Mais elle était bien trop fière pour lui faire cette confidence. Il lui prit la main. Elle la retira aussitôt. Il lui sourit. Elle se détourna. Il avait l'air heureux. Elle pas du tout. Bien qu'elle fut aussi distante que d'habitude, son soulagement était si grand qu'il s'en foutait. Elly était la. Avec lui. Et si elle se comporte comme avant, ça veut dire qu'elle va bien, non ? Bon, ok, le mot "bien" n'est pas exactement le bon mot. Puisque s'ils se retrouvaient là, c'est parce qu'elle allait mal, non ? Suite à son réveil, son père alla chercher une infirmière qui leur annonça que le psy de l'hôpital passerait la voir le lendemain matin. Il était 21 heures quand il décida de rentrer chez lui, juste pour la nuit. Il avait veillé sur elle jusqu'à ce qu'elle se rendorme, puis il était parti. Il était revenu le lendemain aux alentours de 8 heures. Quand il était arrivé, Elly était réveillée et parler avec l'infirmière qui les avait accueillit alors qu'elle était encore inconsciente. Que pouvait-elle bien lui dire ? Il ressentit une pointe de jalousie. Sa fille discutait avec une parfaite inconnue mais refuser totalement de lui adresser la parole à lui. Il se décida à rentrer. Il eut à peine le temps d'ouvrir qu'Elly avait déjà cessé de parler. L'infirmière sentant l'ambiance pesante, préféra s'en aller après avoir lui avoir dit bonjour. Il sourit. Sa fille était là, parfaitement réveillée. Elle parlait même ! 

 - Salut, Elly. 

Elle l'ignora parfaitement. 

 - Ecoute je sais que tu ne veux pas me parler... Ni me voir... commença-t-il.

 - Ne parle pas pour moi, répliqua-t-elle d'un ton neutre et d'une voix vide et las.

Les mots avaient franchi sa bouche sans qu'elle le veuille. Elle plaqua ses deux mains sur ses lèvres, l'air coupable mais surtout paniqué. Mais qu'est-ce que j'ai fait ? gémit-elle intérieurement. Son père lui était tellement choqué qu'elle lui ai adressé la parole qu'il en resta sans voix. Ils furent alors interrompus.

 - Bonjour. Je suis le... commença un homme en blouse blanche avec un badge. Je dérange ? demanda-t-il alors, en voyant l'air choqué du père et la culpabilité sur le visage de sa patiente.

Au bout d'une petite minute d'un silence pesant, le père sembla enfin réagir et se tourna vers l'inconnu.

 - Désolé, bafouilla-t-il, ému.

 - Je suis le docteur en psychologie, Edam Flaint. Je viens discuter avec Elly. Vous êtes son père, je présume ?

 - Bonjour, effectivement je suis son père. Je m'appelle Laurent Dezrih, se présenta-t-il tout en serrant la main que lui tendait le praticien.

 - Puis-je vous demandais de nous laissez, Elly et moi quelque temps seuls. Je souhaiterais m'entretenir avec elle, vous pouvez nous attendre dans le couloir, si vous le souhaitez. J'aurais à vous parler aussi.

 - Très bien, j'y vais.

Une fois son père parti, la porte refermé derrière lui, Elly fut moins crispée et sembla remettre les pieds sur terre. Elle n'avait pas envie de discuter avec le docteur Flaint, mais encore une fois, personne ne lui laisser le choix.  

DestructriceWhere stories live. Discover now