Noïrçy

Normal et Anormal

 Noïrçy

Chapitre 1 :

« ... je ne regrettais rien. Je ne les regretterais pas, ces vérités. Cela m'avait au moins permis de fuir les mensonges, de le rencontrer et donner du sens à ma vie. Je l'aime et l'aimerais pour toujours. »

J'effleurais ces dernières phrases du bout de mes doigts. Après les avoir lu, je refermais le roman en pensant à ne plus avoir à le rouvrir car ce serait comme penser qu'elle aurait du regretter ces paroles plus tard. Fini.

Un sentiment chaleureux m'envahit m'emportant dans de vague pensées. C'était toujours comme ça, lire les derniers mots d'un livre, d'une personne irréaliste, et la refermer ,la taire pour toujours. J'observais le livre, posé sur la table de pique-nique puis relevais la tête et vis en face de moi, assise, Lena qui dessinait. Bonnet aux oreilles de chat malgré la chaleur. En effet, elle l'avait toujours porté, au point que je ne l'ai jamais vu sans son bonnet et je n'ai jamais pensé à lui demander pourquoi pour une raison quelconque .Mais ça lui allait super bien avec son caractère joviale peut être était-ce une habitude.

Je mis ma tête entre mes paumes, accoudée à la table, je baissais le regard sur son dessin et vis qu'elle dessinait un arbre aux énormes branches. J'observais ses doigts tenir le crayon, la faire danser sur le papier vierge. Cette contemplation était soulageant et apaisant. Le temps était chaleureux, le soleil nous baignait de sa lumière presque aveuglant. Quelquefois je me suis demandé si nous devenions invisibles sous le soleil qui nous nourrissait d'un bonheur matinal.

Elle releva la tête et nos regards se croisèrent. Mon amie me sourie chaleureusement et rien que cela me fit faire de même. Lena Shatowsky.

-Eh !ça te dirait d'aller manger quelque-chose ?me proposa-t-elle en se redressant avec un sourire.

-Oui, si tu veux, lui répondis-je en rangeant mes affaires.

Nous marchâmes cotes à cotes, une main sur la bandoulière de mon sac et l'autre bras sous celle de mon amie.

On était en Avril, il faisait chaud et beau. En ces temps-ci, Lena et moi adorions sortir pour lire ou dessiner. Nous n'étions pas du genre a faire du shopping ou aller quelque part, nous ne faisions que passer le temps. Aller dans ce parc où rare personnes y venaient, on l'avait pour nous. Les arbres masquaient le soleil mais nous nous posions toujours sur la table de pique-nique la seule où il y avait des rayons de soleil. Je ne sais pourquoi, à l'ombre j'étais très mal à l'aise, c'en était de même pour Lena mais lorsque le soleil frappait sur ses cheveux dorés, j'avais du mal à la regarder tellement ils luisaient. Sa compagnie me soulageait, peut-être parce que c'était une habitude. Je me rappelai des moments où elle me forçait à sortir avec elle, dehors, lorsque j'étais déprimée.

Je me mis à rire toute seule sans m'en rendre compte en couvrant ma bouche de ma main .Lena se tourna vers moi me regardant avec ses yeux vert si clair tout sourire me demanda tout en serrant mon bras contre elle :

-Tu partage avec moi ce qui te fait rire ?

-Non !lui répondis-je en souriant du coin de l'œil.

Elle me souriait narquoisement.

-Tu en es sûr ?dit-elle en plissant les yeux et agitant ses doigts sous mon regards.

Mais ce fut trop tard, je ne pus l'arrêter avant, qu'elle me chatouille déjà. Je me mis à rire à voix haute sans le vouloir en sentant le contacte de ses doigts.

-Non ! C'est bon arrête !la suppliai-je tout en riant puis je réussis à m'échapper de son emprise.

J'en avais les larmes aux yeux à force de rire. Je m'arrêtais un peu, plié en deux, mains sur les genoux pour reprendre mon souffle.

Je relevai la tête pour lui sourire mais mon regard se posa sur autre chose derrière mon amie : il y avait quelqu'un adossé à un arbre au loin à l'ombre. Je remarquais qu'il me fixait. Je voulu détourner le regard pour dire à Lena qu'on s'en aille mais ce fut comme s'ils étaient collé aux siens.

Je commençais à avoir peur, voulant prendre mes jambes à mon cou, m'enfuir d'ici.

<<Que se passe-il ? Pourquoi est-ce que je n'arrive pas à bouger ?!>>m'hurlai-je intérieurement.

-Rosa ? Qu'est ce qui t'arrive ?..., me demandai une voix lointaine.

<<Qui parle ?répondis-je en ne reconnaissant pas la voix>>

Je fixai encore l'homme qui en faisait de même puis je le vis murmurer quelque-chose.

Ce fut comme si mes yeux avaient eu un battement et une douleur fulgurante traversa mon crâne. Je sentis ma gorge sécher et je compris que j'hurlai. À présent je ne le fixai plus, en fait je ne savais ce que je regardais.

Que se passait-il ? Pourquoi cette douleur ?

Je ne comprenais rien de ce qui se passait. J'avais le cerveau qui allait exploser .J'avais... comment dire...une sensation d'avoir déjà vécu ça mais quand ? Et ce ne pouvait être possible, comment aurait-il été possible ? Non, je ne m'en rappelais en rien de ça !

Je sentais mes joues humides. Pleurais-je ?

-Rosa !!!, criai quelqu'un.

Je vis des images défiler devant mes yeux. Le premier fut celle d'un homme blond aux yeux marron et deux choses longues dépassaient de ses cheveux sur les cotés, là où devaient se trouver ses oreilles.

Attend, ce sont des oreilles d'elfe ?

Qu'est ce que je commençais à m'inventer là ?

Un deuxième d'une petite fille blonde mais je ne pouvais voir ses yeux car ses cheveux le masquaient mais je pouvais savoir qu'elle pleurait, en souriant. Elle avait aussi des oreilles de fée. Je restais à fixer cette image avec une sensation de l'avoir chérie, aimé, adoré ...

Je sentis cette fois une larme de tristesse et que je n'hurlai plus. Je me surpris à fixer Lena avec une émotion qui m'était si familière, si tendre, si...manqué.

- Rosa !!Je t'en supplie ...répond moi, entendis-je quelqu'un me supplier en murmurant.

On m'avait déjà dit que j'avais perdu la mémoire étant petite, à l'âge de 10 ans mais, jamais la cause, ce qui avait pus me détacher de mes souvenirs or je savais que ces souvenirs me manquaient, je savais que derrière ce brouillard, se cachaient les vérités, les réponses à mes questions resté en suspense.

<<Tu ne m'oublieras jamais, hein ? Promet-moi de ne jamais m'oublier !>>

<<Je te promets de ne jamais te quitter, quoiqu'il arrive je serais toujours à tes côtés...Rosa>>

Mon cœur se serrait. Cette voix me hantait, ou bien, non il m'apaisait. Cette voix enfantine et féminine...qui m'est si chère.

-ROSA !

Je sursautais. Lena se tenait en face de moi avec une mine terrifiée, je remarquais que ses lèvres tremblaient. Qu'est ce qui m'avait pris d'hurler comme ça ?

   Je me retournais vers l'endroit où l'inconnu devait se tenir : personne.

Je jetais un coup d'œil autour de moi : personne. L'homme avait disparut. Soulagée, je fis face à...

-...Lilia.