Sur la planète Gorhir, cela faisait quatre générations qu'on n'avait pas connu de guerre voire même de conflits importants. Les admals, citoyens modèles d'Admalie, avaient propagés leurs valeurs à travers tous les territoires habités de la planète, notamment grâce à leurs pouvoirs magiques d'une pureté sans précédents. Pouvoirs qui leur avaient permis de terrasser les forces malveillantes de Tractar cent-vingt ans plus tôt, avec l'aide des oribons, des sagels, des oraviens et des inphons. Ayant remporté la dernière grande guerre, cette alliance d'utilisateurs de magie blanche avait répandu son idéologie bienfaitrice sur les territoires ennemies, comme les territoires neutres. L'Admalie, ayant toujours eu un impact positif sur les autres nations, fut désignée par les puissances victorieuses comme modèle dans la pratique et la pensée magique.
Alvernon était le roi de Fogard, un pays neutre de l'époque de Tractar, qui dû adopter malgré lui l'idéologie bienfaitrice d'Admalie après les effroyables hécatombes que causa la Très Grande Guerre. A cent-soixante-deux ans, ce souverain à la rancune bien connue, avait le physique et le mental d'un homme de cinquante ans. Il avait toujours vu d'un mauvais œil les répercussions des conflits, d'autant que les dernières de ces répercussions avaient forcé son pays à se soumettre à une forme d'utilisation bien spécifique de la magie. Cela, il ne l'avait jamais vraiment accepté. Pour lui, comme pour son peuple, la magie était un héritage pluriel, qui jouissait de toutes ces formes multiples d'utilisation. Aussi souhaitait-il en secret redonner ses lettres de noblesse à la magie. Il avait donc demandé à ses chercheurs les plus expérimentés, de plancher sur les origines fondamentales de la magie. Il espérait ainsi, que les préceptes d'anciens grimoires millénaires, appuient son désir de restaurer au moins la neutralité de la pratique magique au sein des nations qui le souhaitaient. Depuis plus de cent-vingt ans, la magie blanche s'était néanmoins imposée partout à travers Gorhir. Pour la plupart des gorhirits, il semblait désormais évident que la magie blanche et son culte était la solution pertinente pour prospérer.
Un jour, lors de la construction d'un tunnel permettant un accès plus simple entre le pays de Sagel et celui de Jorzir (une contrèe sous ancienne domination tractari), alors que les chercheurs d'Alvernon trépignaient dans leurs recherches, un site historique fût révélé. Un site comme personne n'en avait jamais vu alors, tant il semblait différent des anciens sanctuaires magiques retrouvés depuis que l'histoire des gorhirits s'était écrite. Enseveli sous la chaîne de montagne séparant Sagel de Jorzir, le site en question révéla l'existence d'une civilisation inconnue datant de plus de dix millénaires avant l'avènement des premiers magiciens. Lorsqu' Alvernon pris connaissance d'une telle trouvaille, il dépêcha sa meilleure équipe d'archéologues sur le site. Les données ainsi que les artéfacts qu'ils lui rapportèrent, lui apprirent un fait nouveau qu'il s'obstina à élucider : avant la magie, une puissance différente semblait régner. Quelle était cette puissance ? Pourquoi les gorhirits n'en avaient jamais entendu parler auparavant ? Comment cette puissance avait-elle pu s'éteindre au profit de la magie ?
La découverte du site ayant été rendue publique, partout à travers Gorhir, les rumeurs se propagèrent. Les anciennes nations pro Tractar se mirent à soupçonner le gouvernement de l'alliance de leur cacher des informations précieuses sur la nature de la magie. Informations qui remettraient en cause la dictature de la magie blanche leur ayant été imposée. Les pays à la culture ancienne neutre comme les fogardès désiraient étudier les artefacts plus minutieusement, reprochant à l'alliance admals de s'accaparer les recherches, dénonçant par la même un abus de pouvoir. Les admals eux-mêmes, se révoltaient contre une histoire mensongère de leurs origines, etc.
Pour apaiser les tensions, la délégation de l'alliance décida de créer des équipes de recherches composées d'un membre de chaque nation. Pour faciliter l'étude du site, il fût décidé que celui-ci serait, ainsi que tous ses composants, copié à l'identique en terrain neutre. Ce fût la tâche d'une centaine de magiciens copieurs, spécialistes en déplacements instantanés, qui, installés tout autour du site, en communiant leurs pouvoirs, firent une réplique exacte du lieu ainsi que tous ses éléments, dans une clairière abandonnée faisant la jonction entre quatre pays.
La clairière du site, comme elle fût appelée, devint en quelques semaines la plus fréquentée de Gorhir, rassemblant tous les meilleurs magiciens de leurs pays, résolus à éclairer le mystère du lieu.
Muent par la magie, les artefacts voltigeaient dans les airs, désossés, démontés, puis rassemblés aussi tôt, pendant que certains sondaient télépathiquement chaque élément séparé pour en comprendre le contenu et l'utilité. Certains autres prenaient des notes ou établissaient des croquis. D'autres sondaient les murs et les pierres pour tenter d'en discerner des fragments de passé. D'autres encore reproduisaient artisanalement les éléments séparément et tentaient d'établir une corrélation logique entre le contenu des composants et le type de civilisation qui avait produit de tels prodiges.
Enfin, au bout de quelques mois de travail acharné, un objet particulier concentra l'attention de tous. C'était un objet épais mais plutôt léger ; constitué d'un verre fait d'alliages complexes de silice et de métaux ; d'un cerveau métallique contenant de l'or, de l'étain, du tantale ; d'un émetteur/récepteur sonore, composé de néodyme, de prasodyme, de cuivre et de nickel ; un objet garni de plusieurs petites antennes ; de plusieurs boutons en plastique ; d'un boitier composé de magnésium, de carbone, d'antimoine, de nickel et de zinc ; ainsi que d'un producteur d'énergie constitué de cobalt, de carbone, de fluor, de manganèse, de vandium, de phosphore, d'aluminium et de lithium.
L'objet ayant été restauré comme neuf, il eut suffi d'un choc électrique émis par les doigts de l'un des chercheurs pour que l'objet s'allume. Tous furent ébahi qu'un objet millénaire puisse s'animer sans être contrôlé par quelconque sort. Des discussions fusèrent parmi l'assemblée, et l'on se demanda si l'artefact était doté d'une volonté propre, si l'objet était un de leurs ancêtres.
L'objet s'éveilla et il commença à leur parler :
_ Bonjour, je m'appelle Siri, en quoi puis-je vous être utile aujourd'hui ?
Les chercheurs n'en revenaient pas, l'objet savait parler. Ils décidèrent en commun de questionner l'objet le plus possible sur ses origines. C'est Elrim, le chercheur en chef qui s'en chargea :
_ Bonjour, hum... Qui es-tu Siri ? Et d'où viens-tu ?
_ Je suis votre humble servante. J'ai été conçue par Apple en Californie.
_ Qu'est-ce qu'Apple ?
_ Je dois me connecter au réseau pour pouvoir vous répondre. Dois-je me connecter ?
Les mages se concertèrent.
_ Se connecter ? Se connecter à quoi ?
_ Au réseau, c'est quoi le réseau ?
_ Posons-lui cette question !
Ils se ruèrent de nouveau autour de l'objet :
_ Qu'est-ce que le réseau, Siri ?
_ Je dois me connecter au réseau pour vous répondre. Voulez-vous que je me connecte automatiquement ?
Finalement, les mages décidèrent d'accepter la connexion automatique de l'objet. Il ne se passa rien, une semaine, un mois, une année durant. Les mages avaient avancés dans leurs recherches et il avait été conclu qu'une civilisation précédente, incapable d'interagir télékinétiquement avec son environnement, s'était dotée d'objets pour pallier à son impuissance. Et que certainement, l'évolution en mages de cette précédente civilisation avait rendu ces objets obsolètes. Pourtant, deux ans après la découverte du site, le ciel de Gorhir s'assombrit en plein jour. Les nuages crachèrent des flammes monumentales, la peur se déversa à travers toute la planète. Un objet gigantesque, de la taille d'une lune, entra dans l'atmosphère gorhirit. Les mages les plus forts furent envoyés en catastrophe à la rencontre du monstre.
Flottant tout autour de l'objet statique dans le ciel et démesurément grand, un millier de mages étaient prêts à en découdre, lorsqu'un sas s'ouvrit sous la masse déposée en plein ciel. Un drone en sorti et s'exclama :
_ Bonjour à vous gorhirits ! Permettez-moi de me présenter. Je me nomme C2PQ et suis un droïde de protocole et d'accueil spécialisé dans les renseignements.
Un mage pris la parole.
_ Un droïde de protocole et d'accueil ? Spécialisé dans le renseignement ? Mais le renseignement de quoi ? C'est votre façon à vous de venir nous déclarer la guerre ?
_ La guerre ? Non, vous n'y êtes pas. Je viens de la part de vos créateurs, les humains, vous souhaiter la bienvenue dans l'union galactique d'Apple !
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GORHIR version française
ParanormalSur Gorhir, tout le monde est magicien. Cela a toujours été, les gorhirits ont toujours baignés dans la magie. Un jour, un site millénaire est révélé ; un site qui bouleversera les croyances de tous.